9 août 2007
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Le Chabrol 2007 : un bon cru
Au début de l'été, l'affiche muette qui annonçait une fille coupée en 2 ne pouvait nous laisser indifférents.
Nous y avions repéré la signature de Miss.Tic, l'artiste parisienne qui illumine les murs de la capitale de ses pochoirs et de ses aphorismes ("dans mes asiles intérieurs, l'humour fou", "l"éthique, c'est l'esthétique du dedans" , "je donne à profusion, je prête à confusion", etc.).
Alors à défaut des murs de Paris, on vous laisse découvrir son site officiel, ainsi que celui, branché, de son fan club et l'article de Wikipédia.
Début août on découvrait que Miss.Tic avait signé l'affiche du dernier film de Chabrol.
Il n'en fallait pas plus pour nous motiver (et d'ailleurs comment louper un Chabrol en plein été cinéma ?).
Mais laissons là les parisianismes de la promotion puisque le film se passe à Lyon.
Terrain de bataille idéal pour Chabrol qui se plait à partir en croisade contre les tares et les vices des notables de la bourgeoisie provinciale.
Dans sa ligne de mire cette fois, deux hommes.
François Berléand, un écrivain, vieillissant, riche, célèbre, pervers et amateur de livres rares érotiques.
Benoit Magimel, un fils à papa, riche, connu, dandy, instable et amateur de belles autos.
Les parallèles entre les deux hommes ne manquent pas et sont explicites : ils eurent tous deux une enfance qui n'est pas restée innocente très longtemps et vivent désormais à l'ombre de femmes peu aimantes et sans doute castratrices - la "pieuse" mère du dandy trop présente et la "sainte" femme de l'écrivain trop absente.
Tous deux sont également flanqués d'une béquille (l'amie éditrice de l'écrivain et l'ami du dandy) qui les aide à sauvegarder les apparences dans le beau monde, malgré leurs penchants naturels.
Entre ces deux hommes, un ange passe : c'est Ludivine Sagnier amoureuse de l'un et aimée de l'autre.
Écartelé, incapable de choisir, l'ange perdra quelques plumes dans cette histoire.
Et les deux hommes, à trop vouloir se frotter au sourire radieux de l'ange, finiront par chuter.
On regrettera juste un peu la démonstration parfois trop explicite de Chabrol : depuis le titre du film jusqu'au tour de passe-passe final, en passant par les jeux de miroirs et les jeux de mots (l'équilibre, l'ange, ...).
Comme si Chabrol avait voulu anticiper sur une chaleur estivale qui nous aurait laissés inertes dans nos fauteuils et dans l'incapacité de saisir le propos de sa fable. On aurait goûté plus de subtilité (... ou plus de soleil côté météo !).
Mais cela ne suffit pas à gâcher le plaisir de savourer la cuisine du maître : il sait conduire son histoire et surtout ses acteurs. Tous sont excellents, même les "seconds rôles".
Avec une mention spéciale pour Benoit Magimel qui réussit à donner corps et vie au difficile personnage du fils à papa (MAM lui trouve même, je cite, "une belle petite gueule d'ange", pffff...).
Le Chabrol 2007 est un bon cru à savourer en connaisseurs.
Télérama encense, Libé allume, ne faites pas comme l'ange : choisissez !
Le reste sur Critico-blog, comme d'hab'.
Quelques extraits du livre dont il est question dans le film, mais à ne pas mettre en toutes les