31 mars 2008
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Quand le train sifflera ...
À l'époque où, peu après la Guerre de Sécession, les diligences de l'agence Pinkerton convoyaient les fonds destinés à la construction du chemin de fer par les chinois (les coolies venant remplacer les noirs après l'abolition de l'esclavage).
À l'époque où la vie d'un homme valait dans les 200 dollars.
Oui, toute l'imagerie des westerns qui ont illuminé notre enfance est bien rassemblée ici.
On y retrouve même un jeune adolescent, les yeux émerveillés devant ses hommes qui tirent plus vite que leur ombre ... cet ado c'est nous au temps où ces westerns envahissaient les grilles de l 'ORTF.
Mais les images sont devenues âpres et réalistes, filmées comme en 2008 : gros plans sur les cow-boys, leurs vaches, leurs chevaux, leurs pétoires et les roues des diligences.
Et ce film enthousiasme aussi les yeux neufs, en témoigne notre teenageuse maison qui n'a jamais connu que TF1.
Russel Crowe campe (et fort bien) le méchant qui convoite le contenu des diligences, Christian Bale incarne un éclopé, rescapé de la Guerre de Sécession, qui pour sauver son ranch et sa famille de la sécheresse et des spéculateurs (la voie ferré arrive !) accepte, pour 200 dollars, d'escorter le méchant jusqu'au train de 3h10 qui l'emmènera jusqu'à la cour fédérale de Yuma pour y être jugé et pendu.
Mais les complices du méchant rodent et n'ont pas dit leur dernier mot, prêts à acheter tous les habitants du coin pour retrouver leur chef.
Comme tout bon western, celui-ci se termine dans les rues d'une bourgade de l'Ouest, les méchants embusqués sur les toits. Le gentil et son prisonnier devront traverser le village pour gagner la gare où arrivera en sifflant le train de 3h10 pour Yuma. Trop fort !
Au-delà de cette excellente reprise d'anthologie, le film a le mérite de brosser le portraits de plusieurs personnages ambigüs :
- Henri Fonda méconnaissable en détective Pinkerton vieillissant qui a sans doute tué au moins autant que le méchant
- Ben Foster, l'acolyte du méchant, chargé des basses oeuvres qu'il magnifie par sa cruauté perverse et qui semble entretenir une trouble relation avec son chef
- Christian Bale, faible, éclopé, incapable aux yeux de sa femme et de ses fils de sauver le ranch familial
- et bien sûr Russel Crowe, séducteur sans foi ni loi, capable du meilleur comme du pire.
Tout au long du film se tissent les liens qui uniront l'intègre Christian Bale et le noble bandit Russel Crowe, et toute cette complexité permet une fin éblouissante, riche d'interprétrations.
Pour celles et ceux qui aiment les cow-boys ou les trains.