8 juin 2008
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La longue marche forcée.
Jusqu'au 20 juin, la CGT vous invite au voyage à la Maison des Métallos, rue Jean-Pierre Timbaud dans le XI°.
À l'occasion d'une expo photos de Samuel Bollendorf : Chine, à marche forcée, ou l'envers du décor (l'enfer du décor) du miracle économique chinois et de l'entrée de la Chine dans la mondialisation.
Au fil des premières photos (et surtout de leurs légendes), on croirait assister à une rétrospective de l'essor capitaliste : colonisation à outrance, endoctrinement scolaire, exploitation des mines et des mineurs, mépris des règles de sécurité ou même de simple salubrité, ... tout y passe.
Sauf qu'il ne s'agit pas d'une leçon de notre histoire coloniale passée mais d'un reportage sur des chinois d'aujourd'hui. Avec toute l'ambiguïté d'un discours occidental qui refuse aujourd'hui à la Chine tout ce qui aura fait les beaux jours de notre propre expansion capitaliste il y a à peine plus de 50 ans. Ambiguïté décuplée quand il apparait que ce sont des entreprises très occidentales (Hasbro, Mattel, ... pour ne citer que celles qui sont reprises sur ces photos) qui entretiennent cette exploitation et en profitent.
Une exploitation à laquelle le raffinement chinois sait ajouter une corruption effrénée : un art millénaire aussi vieux que celui des feux d'artifice ou de la culture du thé et que l'administration maîtrise parfaitement (et l'administration d'un pays de plus d'un milliard d'habitants, c'est quelque chose ... que ce soit à l'époque des empereurs et de Confucius ou à celle des communistes et de Mao).
Âmes sensibles s'abstenir : ce ne sont pas tant les portraits en eux-mêmes qui font mal (ils sont plutôt empreints d'humanité) que les commentaires qui les accompagnent.
Ils sont courts, précis et sans appel : le choc des mots et le poids des photos.
Un complément douloureux du bouquin de Stéphane Fière dont on avait parlé ici il y a quelque temps : La promesse de Shanghaï et qui décrivait avec humour le quotidien des mingong (paysans-ouvriers), ces immigrants intérieurs chinois.
Mais l'humour n'est pas l'arme dont se sert ici Samuel Bollendorf : son appareil photo et sa plume « se contentent » d'appuyer simplement là où ça fait mal. Encore. Et encore.
À la sortie de l'expo, chacun ressent l'irrésistible besoin de s'asseoir un peu avant de retrouver la lumière et le soleil du dehors ... dur, dur.
C'est aussi l'occasion de découvrir ce très beau lieu qu'est la maison des métallos, une ancienne friche industrielle réhabilitée, au coeur d'un quartier où planent encore des parfums ouvriers : le Café de l'Industrie, le Passage de la Fonderie, la Cour des Fabriques, les Cités (Cité Ribot, Cité Dumar, ...).
Pour celles et ceux qui aiment l'humanité industrieuse.