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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 18:09
La géographie du polar
Ni tout noir, ni tout blanc.

Décidément les polars nous auront permis cette année d'explorer l'Afrique du Sud.
Après Deon Meyer et Henning Mankell, voici Louis-Ferdinand Despreez et La mémoire courte.
Louis-Ferdinand Despreez est un personnage un peu atypique dont on ne sait trop quoi penser (cf. l'article du Figaro). Un auteur ambigü dont il convient sans doute de se méfier. Quoiqu'il en soit, ce monsieur a fait partie des rangs de l'ANC, il écrit en français (la langue de ses ancêtres huguenots) et il met en scène un policier noir, Zondi, dans l'Afrique du Sud d'après Mandela.
Le répertoire des polars Sa langue vive et féroce est toujours à la limite de la diatribe : visiblement Despreez a des comptes à régler, tant avec les noirs qu'avec les blancs. À moins que ce ne soit une façon finalement raccoleuse et très politiquement correcte de critiquer tantôt les uns, tantôt les autres.
[...] Dans les jolis quartiers d'Atteridgeville où vivait depuis le milieu des années quatre-vingt-dix la jeune bourgeoisie noire, les maisons étaient encore silencieuses. Les riches dorment toujours plus tard que les déshérités. Qu'ils soient chômeurs, infirmes ou retraités, les damnés de la terre doivent commencer tôt à réfléchir à la façon dont ils vont bouffer à midi. L'oisiveté besogneuse et frénétique chez les pauvres est un job à plein temps ...
Ou encore :
[...] Tout avait commencé huit semaines auparavant, à la fin de l'été, alors que les trottoirs de Pretoria jonchés de fleurs de jacarandas pourries et piétinées répandaient une odeur de pissotière dans les rues des quartiers chics et que les quartiers pauvres ne sentaient pas plus la pisse que d'habitude.
Au-delà de cette écriture rageuse, parfois violente, à la limite de la vulgarité qui pourrait irriter (Despreez est un admirateur de Céline), l'intérêt du polar de Despreez c'est de nous faire découvrir ce pays étonnant à peine sorti du chaos et de l'horreur.
[...] C'était hier pourtant ... Entre-temps, il était devenu flic. Madiba était devenu président et la Nation Arc-en-Ciel entrait cahin-caha dans le troisième millénaire avec une bonne volonté inimaginable lorsqu'on regardait non seulement le passé, mais surtout le passif.
Un pays ou certains ont encore beaucoup de mal à oublier ce passé ou plus simplement à vivre avec ce passif.
[...] Il se disait que d'ici vingt ans tous ces abrutis qui voulaient faire sécession et créer un Volkstaat pour abriter une ribambelle de petits blancs incultes nourris de cantiques et de biltong seraient morts ou en chaise roulante et que l'on pourrait enfin commencer à travailler sérieusement. On pourrait tout simplement commencer à faire ce qui est possible, après avoir réussi l'impossible ...
Un pays au lourd passé mais qui a donc l'avenir devant lui.
Côté polar, on découvrira un sombre trafic dans les milieux de la boxe, à faire froid dans le dos, dans ce pays où la vie (du moins celle de certains) n'a pas le même prix qu'ailleurs.
À lire : les Boers sur Wiki.


Pour celles et ceux qui aiment la boxe.
Points édite ces 250 pages qui datent de 2006.
Un curieux site pour les curieux :
la géographie du polar.
Le Figaro parle de (ses fantasmes sur) Despreez.
Et bien sûr,
Jean-Marc l'a déjà lu.
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commentaires

J
Je ne sais pas s'il faut se méfier de Despreez. Pour ma part, n'aimant pas trop l'eau tiède (voir Stieg Larsson), je suis un fan de cet auteur, de sa prose enflammée, de ses prises de position affirmées. Je ne pense pas qu'il ait des comptes à régler, je crois plutôt qu'il aime réellement son pays, et qu'il ne supporte pas de voir ceux qui le coulent, qu'ils soient blancs, noirs, locaux ou touristes, profiteurs ou donneurs de leçon.Il le dit d'une façon pour le moins claire, ce que pour ma part j'apprécie beaucoup.Un second volume est sorti chze Phébus.
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