Le film de Laurent Cantet a fait, depuis sa palme cannoise, la une de toutes les affiches, de tous les médias, de tous les débats.
On était donc un peu réticent à faire notre rentrée au collège après tout le monde.
Crainte injustifiée tant ce film (ou ce documentaire ?) est maîtrisé.
Car le premier atout de Entre les murs, c'est bien d'être un pur moment de cinoche.
On a déjà tout dit sur ce faux film joué par de vrais profs et de vrais élèves : mais vraiment, ça vaut le détour tant les ingrédients sont subtilement dosés.
On se retrouve plongé dans cette classe (ou dans la salle des profs, à côté) : c'est l'école comme si vous y étiez (encore).
C'est vrai, c'est juste et pas du tout ennuyeux : plutôt prenant comme un polar, tant on s'intéresse à cette joute entre le prof et ses élèves les plus difficiles. Comment va-t-il « aller les chercher », les tirer de leur repli, de leur refus.
On a dit équilibre et l'adulte prof comme les ados élèves, tout le monde « joue » à égalité : être humain de chaque coté du filet.
Le dosage est subtil du début à la fin : pas de parti pris, pas de jugement, même pas de « thèse », les faits bruts.
Et cela résonne d'autant plus fort et on ressort de la salle (de classe !) sonné.
Car il s'agit là d'un véritable réquisitoire contre l'échec scolaire. Comprenez : de l'échec de notre école à instruire nos enfants, à leur donner la formation professionnelle nécessaire dans notre société d'aujourd'hui.
Si vous en doutiez encore, voilà une implacable démonstration que notre système scolaire est une véritable machine à broyer ou à éjecter ceux qui ne rentrent pas dans le moule et ne répondent pas aux standards.
On regrettera juste (on fait la fine bouche) que le propos soit essentiellement centré sur l'intégration scolaire des blacks, beurs, jaunes. Ils sont peut-être les plus nombreux à en souffrir, mais malheureusement la machine à sélectionner ne fait pas de détail : les petits franco-français de souche qui ne rentrent pas dans les grilles d'évaluation sont, eux aussi, victimes de l'échec de la machine scolaire, ce n'est pas une question d'origine sociale ou ethnique.
Bien sûr, recommandé à vos ados.
Pour celles et ceux qui aiment (quand même) l'école.
Bien sûr, tout le monde a aimé ! Critikat, Pascale, Lo, Papillon, la BàS, et j'en oublie.