25 janvier 2009
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En noir et blanc
Voilà un moment qu'on tournait avec méfiance autour de cet oiseau, un livre incontournable de la blogoboule qui soulève l'enthousiasme un peu partout.
Jusqu'ici le style tranche de vie racontée avec humour par une enfant nous en avait écartés mais le livre traînait sur les étagères de P & M entre Noël et le Jour de l'An ...
Belle occasion de découvrir cet excellent bouquin et rattraper ainsi notre retard !
Oublions vite le côté tranche de vie racontée avec humour par une enfant puisque, s'il y a bien une enfant au centre du roman, l'histoire nous est contée sans niaiserie et avec un regard d'adulte (ce qui fut d'ailleurs reproché par certains à Ann Harper Lee avant qu'elle ne reçoive le Pulitzer).
Ce fameux bouquin, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur a été écrit dans les années 60 en pleine campagne des Noirs pour leurs droits civiques et l'action se situe dans les années 30, en pleine Dépression (encore !), dans un état du Sud (l'Alabama) à un moment où la ségrégation avait encore de beaux jours devant elle.
L'auteure nous conte l'histoire d'enfants qui grandissent élevés au fil des saisons par leur père : Scout, la cadette, garçon manqué et son frère aîné, Jem.
À qui Atticus le père offre un jour une carabine :
[...] - Je préfererais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserves, dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux. Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché que de tuer un oiseau moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.
En 1935, dans cette petite ville du fond de l'Alabama, on trouve effectivement ces fameux mockingbirds chantants mais aussi des Noirs, employés aux champs ou aux cuisines, qui chantent du gospel de tout leur coeur.
Jusqu'à ce que l'un d'eux, Tom Robinson, se retrouve accusé d'avoir violé une blanche, Mayella Ewell, ...
Les Ewell sont une bande de pouilleux et de crêve-la-faim (on est en 1930) mais ils sont blancs ...
[...] - Pendant la déposition de Tom Robinson je pris conscience que Mayella Ewell devait être la personne la plus seule au monde. Elle l'était plus encore que Boo Radley qui n'était pas sorti une fois de chez lui en vingt-cinq ans. Lorsque Atticus lui avait demandé si elle avait des amis, elle avait paru ne pas savoir ce qu'il voulait dire, puis croire qu'il se moquait d'elle. Elle était aussi triste, me dis-je, que ce Jem appelait un enfabnt métis : les Blancs ne voulaient rien avoir affaire avec elle parce qu'elle vivait dans une porcherie, les Noirs parce qu'elle était Blanche.
Tom sera défendu par le père des enfants et la deuxième partie du bouquin nous vaut quelques belles pages de ce procès.
Une plongée dans l'amérique raciste la plus profonde, annonciatrice des changements à venir (Martin Luther King sera assassiné 9 ans après la parution du bouquin, 35 ans après les faits relatés).
Une belle leçon également pour nos ados.
Pour celles et ceux qui aiment le Sud et les garçons manqués.
Le livre de poche édite ces 434 pages qui datent de 1960, traduites de l'américain par Madame Stoïanov et Isabelle Hausser.
Tout le monde en parle et donc : Gachucha, Katell, Tamara, Papillon, ...