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On A Tout Archivé

26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 22:24
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Home, sweet mobile-home

Amateurs de contes de Noël, rebroussez vite chemin et ne franchissez pas la rivière ... voici Frozen River de Courtney Hunt.

Quelques jours avant Noël le mari de Ray se tire avec les économies du ménage, laissant sa femme seule dans un mobile-home pourri (le magot était destiné à son remplacement) avec deux enfants à charge et un mi-temps de caissière à à l'épicerie du coin.

Le hasard et le scénario vont se faire rencontrer Ray et Lila, une indienne qui vit dans la réserve mohawk.

Toutes deux sont dans la galère, n'arrivent pas à assumer leur rôle de mère et ont besoin de fric.

Le fleuve-frontière entre États-Unis et Canada traverse la réserve indienne où la police de l'état n'entre pas puisque les indiens y administrent eux-mêmes l'ordre et la justice. La rivière est gelée en hiver (il fait -20° une fois sorti du mobile-home) et tous les ingrédients sont donc réunis pour que les deux femmes se livrent au trafic et jouent les passeuses.

Il s'agit en effet de faire entrer aux US, les chinois ou les pakis qui attendent impatiemment d'être embarqués par les négriers en mal de main d'oeuvre docile et pas chère.

Plus glauque, tu gèles sur place ! Dès les premières minutes du film, la poisse et la misère nous collent aux bottes. On s'enfonce lentement mais sûrement avec les deux femmes dans la galère la plus noire.

Partout ailleurs sur Terre la neige est filmée toute blanche et immaculée : ici on patauge dans la neige fondue et la gadoue.

Et le climat est de plus en plus oppressant : misère affective, économique, sociale, tout y est.

Le climat météo avec ce froid qui s'insinue partout. Le climat du film également où le stress va grandissant alors qu'aucune violence n'est apparente, ni fond musical énervant, ni agitation agaçante de caméra. C'est plutôt lent mais d'autant plus efficace. La misère est une sourde violence.

Au début du film, Ray s'inquiète de ce que peut dire ou faire la police des frontières ... et Lila de répondre quelque chose comme : quelle frontière ? il n'y a pas de frontière !

Certes, aux yeux de l'indienne dont les ancêtres vivaient ici avant les cow-boys, la frontière entre ces deux pays soi-disant riches n'existe pas (n'existera jamais) pour les exploités de tout bord.

Mais il y a dans le film bien d'autres frontières infranchissables.

La frontière entre nantis et misérables. Misérables qui ont trouvé plus précaires qu'eux (qu'elles) avec les chinois, pakis ou prostituées qu'il s'agit de faire passer (on a toujours besoin de plus précaire que soi, comme le disait l'an passé Ken Loach dans son film Free world).

La frontière entre blancs et indiens également (le fils aîné de Ray irait bien casser du mohawk).

L'un des intérêts du film est d'ailleurs de nous laisser approcher cette réalité des indiens parqués, un aspect de la vie nord-américaine que l'on voit rarement au cinoche (à lire aussi, les bouquins du regretté Tony Hillerman, même s'ils se situent dans des contrées plus chaudes).

À noter aussi, la prestation étonnante de vérité de l'actrice Melissa Leo qui joue le rôle de Ray, la blanche.

Pour finir, alors que le spectateur gît défait au fond de son fauteuil, la réalisatrice daigne, dans les quelques dernières petites minutes de son film, lui tendre un mince filin pour le sortir de la mouise juste avant le mot End (sans vraiment de Happy devant, ça va de soi). Ouf, on a bien failli être englouti dans la rivière gelée, en pleine débâcle ...

L'ami Obama va avoir bien du mal à redresser son pays ...


Pour celles et ceux qui aiment l'éclat sombre de la neige et les beaux portraits de femmes.
Lo et Pascale ont aimé également. Kilucru en parle très bien. D'autres avis sur Critico-Blog.


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