Les monologues féminins sont à la mode (de là à croire que les dames parlent toutes seules ... ne me faites pas lire ce que je n'ai pas écrit !) et après les Monologues du vagin toujours à l'affiche, voici la reprise de Talking heads, en quelque sorte les monologues du coeur ou de la tête.
Trois textes choisis parmi ceux écrits par l'anglais Alan Bennett et très habilement mis en scène par Laurent Pelly et dits par trois excellentes comédiennes qui incarnent avec beaucoup de présence ces trois anglaises.
Au début de chaque scène, c'est plein d'humour.
On rit (qu'est-ce qu'on a ri, comme se plait à répéter la première dame).
Puis on rit jaune, ça grince.
Et pour finir, on ne rit plus du tout.
Car ces petits discours, comme de petites nouvelles, décapent et, pelure après pelure, mettent à vif la vie de ces trois femmes : derrière la façade, pointent la solitude, le désespoir, le manque d'amour, la maladie et la mort.
Quand trouver une place à une "bonne" table à la cantine du bureau à midi, attraper le bus de 53 sans avoir à attendre ou tailler sa haie d'aubépine, deviennent les dernières ficelles qui nous raccrochent à la vie ...
Heureusement le troisième et dernier épisode est le plus léger, histoire de sortir de la salle le coeur un peu moins dévasté.
Les textes sont excellents (pas un mot à changer), les trois comédiennes également et la mise en scène très originale qui nous fait regarder ces dames comme autant de petites photos, sorte de tableaux animés et parlants. Entre chaque tableau, le changement de décor nous permet de reprendre notre souffle (on était suspendu aux lèvres de la dame anglaise, là sur la scène) et de se concentrer de nouveau avant la scène suivante.
Le troisième et dernier personnage, Miss Fozard, est une vieille fille qui s'occupe de son frère paralysé après une attaque. Elle ne pensait pas qu'elle avait une vie : la vie, c'était son frère qui avait une vie, croyait-elle. Enfin, avant son attaque.
Tout est dit. Bravo à ces trois comédiennes, au metteur en scène et bien sûr à l'auteur, Alan Bennett.
Pour celles et ceux qui aiment quand c'est bien dit.
Culturofil en parle