28 février 2012
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Un J.E. Hoover suédois ?
La nuit du 28 février de Leif GW Persson, voilà bien un polar scandinave qui sort de l'ordinaire.
Un pavé de 735 pages, une curiosité réservée aux fans d'Histoire, de Suède et d'Histoire de la Suède.
On y croise toutes sortes de personnages aux noms indémêlables.
[...] Grâce à ses connaissances historiques et à ce qu'il savait sur les services étrangers de renseignements, Berg avait élaboré une stratégie quant à la façon de développer cette nouvelle activité. Son but ultime était un service secret, voire une organisation toute entière échappant à tout contrôle démocratique, qui surveillerait non seulement la DST elle-même mais aussi les activités dites officielles au sein de la police, de l'armée ainsi que de tout autre organisme ou groupe, public ou privé, dont les activités risquaient de mettre en danger le pouvoir politique.
Ben voyons. Alors bien sûr quand les socialistes et Olaf Palme (une sorte de Mitterrand local) et ses partenaires arrivent aux commandes, ça brasse un peu. Quoique.
Même s'il y a une victime qu'on semble bien avoir suicidée par défenestration, ce n'est pas tout à fait un polar, pas tout à fait un roman historique, il n'y a même pas véritablement de héros, juste toute une série de portraits, pas toujours flatteurs pour la gente masculine du royaume.
Avec quelques piques d'humour typiquement suédois :
[...] C'était un vrai policier, à la différence de ces amateurs d'opéra qui semblaient peupler les commissariats imaginaires de Suède, d'Ystad à Haparanda. (et toc, Mankell si jamais tu me lis ...)
Un drôle de bouquin, peut-être le plus américain des polars nordiques, où le hareng aurait remplacé la saucisse sur le BBQ.
Et puis une traversée éclair des années récentes de la Suède, pays trop méconnu, on ne le répètera jamais assez :
[...] En ce qui concernait la Suède, les années ayant suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale pouvaient, du point de vue de la politique de sécurité, être comparées à la traversée d'un lac sur une glace datant de la veille.
Qu'allait inventer le grand voisin oriental ? Derrière cette question se dissimulaient près de quatre siècles de guerres continuelles et de conflits politiques avec l'ennemi héréditaire russe. [...] Pas question, non plus, de se jeter dans les bras de l'Occident. D'abord parce que celui-ci n'avait rien à faire de la Suède , il avait d'autres chats à fouetter et personne n'avait encore oublier la façon dont les Suédois avaient collaboré avec les nazis.
Un peu longuet mais instructif.
Avec en prime la solution (!) du mystère de la mort d'Olaf Palme, assassinat qui est à la Suède ce que celui de Kennedy est aux US.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires avec de l'Histoire dedans.
Le Livre de Poche édite ces 735 pages qui datent de 2002 en VO et qui sont traduites du suédois par Philippe Bouquet.