9 décembre 2009
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Roman polyphonique.
C'est une critique du Figaro(1) qui nous avait aiguillés vers Lark et Termite, l'un des rares bouquins de l'américaine Jayne Anne Philips.
Et c'est dans le cadre d'un partenariat proposé par Alapage que nous avons pu lire ce livre.
Jayne Anne Philips a situé son histoire dans les années 50 dans une bourgade US (avec quelques scènes en Corée, c'était l'époque de cette guerre-là).
Une histoire à quatre voix qui alternent au fil des chapitres.
La voix du capitaine Leavitt en train de crever sur le champ de bataille, en plein cafouillage entre les réfugiés coréens de tous bords, la progression des communistes et le pilonnage des forces américaines.
Au pays, on écoutera la voix de la jeune Lark, fille d'un premier mari de Lola, la femme du capitaine.
Puis la voix intérieure de Termite, un handicapé autiste, le fils de Leavitt et Lola que son père n'aura jamais eu le temps de voir et à qui on fête l'anniversaire régulièrement et plusieurs fois par an parce qu'il semble adorer ça. Et enfin, la voix de Nonie qui élève les deux enfants de sa soeur Lola, Lark et Termite.
Car il manque bien sûr cette cinquième voix : celle de Lola, la femme du capitaine, la mère des deux enfants, la soeur de Nonie. Au fil des chapitres on devine peu à peu son portrait comme dessiné "en creux", en négatif photo, en écho aux voix des autres personnages pour qui son absence est désormais une fêlure définitive.
Tous les quatre sont abandonnés, perdus : le capitaine dans la déroute de la guerre de Corée, Nonie à élever des enfants qui ne sont pas les siens, aimer un homme qui n'est pas vraiment le sien, Termite dans les ténèbres de son propre corps et Lark sans père ni mère, juste un demi-frère.
Tous les quatre ont été abandonnés par Lola et tous ont charge d'âmes : le capitaine et sa colonne de réfugiés coréens, Lark et son frère handicapé, Nonie et les deux enfants.
Au terme de cette histoire, les orages, les rivières et les inondations du sud-est américain viendront, tels un déluge salvateur, emporter ces secrets qui leur pèsent, balayer ces non-dits qui les emprisonnent, et la jeune Lark (l'alouette) retrouvera les souvenirs qui la délivreront du passé.
Pour être tout à fait honnête, les voix agitées du capitaine dans son tunnel coréen et du jeune Termite dans son tunnel intérieur, étaient un peu trop oniriques et chaotiques à notre goût, contrastant avec la clarté limpide des destins de Lark et Nonie.
À propos de Termite :
[...] Le fait est que, dès qu'ils ont compris qu'il n'est pas le cas d'urgence qu'il peut avoir l'air d'être, ils trouvent toutes les excuses pour l'approcher. Il ne réclame rien et il ne communique pas de façon habituelle, mais à sa manière, dans son silence, il les prend en compte. Cela ressemble beaucoup à l'impression qu'on a en regardant une étendue d'eau assez vaste pour vous apaiser, un étang, un lac ou une rivière. Ou l'océan bien sûr. La première fois que j'ai collé l'oreille à un coquillage, c'était un peu comme si j'avais finalement entendu le son dans lequel vit Termite.
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(1) : oui, des fois dans le TGV ou à l'hôtel y'a que ça, alors ...
Pour celles et ceux qui aiment l'absence.
Christian Bourgeois édite ces 425 pages qui datent de 2006 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Marc Amfreville.
Georges en parle comme Télérama et Sylvie, et ce blog propose même une interview de l'auteure.