18 septembre 2012
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American beauty.
Ooh, voilà une belle découverte que Laura Kasischke.
Si l'on en croit son Oiseau blanc dans le blizzard, ça promet.
L'horreur cruelle du quotidien, y'a pas d'autres mots.
Le quotidien bien propre et bien blanc des banlieues américaines.
Une maison. Une mère, un père, une fille. Et la haine tranquille qui relie ces trois-là.
Un beau jour la mère disparait et au fil des flashbacks, on va découvrir peu à peu ce qui se tramait sous la surface bien lisse de cette famille trop propre.
[...] On est samedi. Cela fait une semaine et un jour que ma mère est partie. Je compterais bien les heures et les minutes, aussi, mais elle a quitté la maison un vendredi après-midi pendant que j’étais à l’école et que mon père était à son travail. Nous sommes tous deux rentrés chez nous pour trouver une maison déserte. Elle n’a pas laissé de mot, elle n’a pas fait la moindre valise, elle a juste passé ce petit coup de fil le lendemain pour dire à mon père qu’elle ne reviendrait pas, et puis plus rien.
C'est féroce et superbement bien écrit.
L'auteure enchaîne les descriptions à première vue superficielles de leur vie monotone et puis, bang, au détour d'une phrase inattendue le scalpel découpe la surface et s'enfonce bien profond, juste là où ça fait très mal.
[...] Mais cela ne l’empêchait pas de me faire les gros yeux quand je mangeais ces petits gâteaux. « Mon Dieu ! disait-elle quand je mordais dans la poussière douce de l’aile d’un ange. Mais tu grossis d’heure en heure, Kat ! » Voilà, ma mère était comme ça. Et alors ? Nous avons tous eu des enfances merdiques.
Une littérature très physique, d'une violence contenue :
[...] « C’est quoi, cette odeur ? s’étonna Phil quand il vint me voir, un peu plus tard, ce soir-là. — La mort », répondis-je.
Peu à peu, Kat va nous faire revivre son passé, son enfance entre ses parents toxiques, un père ennuyeux et une mère ennuyée. Peu à peu, elle cherchera à s'échapper de cette prison dorée, trop lisse et trop propre, quitte à coucher avec tout ce qui passe à la maison, le voisin affligé d'une mère aveugle ou l'inspecteur chargé de l'enquête sur la disparition de maman.
[...] Notre maison, comme toutes celles de notre rue, a trois chambres – la mienne, celle de mes parents et une chambre d’amis, dont la porte est toujours fermée. Les rares fois où on ouvre cette porte, une bouffée fraîche de naphtaline s’engouffre dans nos poumons, comme si l’ami invité était en fait le passé, enfermé depuis des années, qui essaie de s’échapper.
Oui, la maison de cette gentille famille américaine recèle quelque secret qui finira par s'échapper.
Mais on ne vous dévoile pas la fin, façon polar, tout à fait à la hauteur de cet excellent roman.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires de famille.
C'est Christian Bourgeois qui édite ces 317 pages qui datent de 2008 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Anne Wicke.
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