La lutte des classes.
C'est une jolie brune.
Elle s'appelle Bahia.
Non, c'est pas brésilien : Bahia BenMahmoud avec un "h" qu'elle roule et aspire comme il sied au folklore du bled. Maman était française mais papa, algérien.
Lui, il s'appelle Arthur Martin.
Oui, comme les cuisines, si pratiques et si ergonomiques.
Un nom banal. Pour cacher le vrai : Cohen. Maman était une enfant juive rescapée de la guerre.
C'est un film sur Le nom des gens. Enfin, sur l'origine du nom des gens. Bref, sur l'histoire des gens. Leur passé. Leurs secrets.
Lui, c'est le trop rare Jacques Gamblin. Plus que parfait pour ce rôle de vieux garçon coincé qui survit grâce au principe de précaution : forcément, il est spécialiste en épizootie, une discipline nécessaire en ces périodes de grippe aviaire. Sauf que le principe de précaution, on l'applique dans sa famille un peu trop : on ne s'appelle plus Cohen, on ne parle pas des grands-parents immigrés grecs, on ne parle pas de la guerre d'Algérie (dans le Hoggar, papa faisait dans le nucléaire). On ne parle de rien et c'est déjà tout un art.
Ce principe de précaution dont il a hérité, comme son nom, Arthur Martin l'applique aussi dans ses “relations” avec les femmes.
Alors forcément, quand Bahia BenMahmoud débaroule dans sa vie, ça va secouer !
Et, rien que pour cette Bahia, alias Sara Forestier, le film vaut très très largement le déplacement, même sous la neige !
Mon dieu, quelle pêche ! Quel naturel ! Quel sourire ! Quels yeux (verts) ! Et le reste .... qu'on a largement le temps d'admirer vu qu'elle parcourt les trois quarts du film à moitié à poil(1) !
Bahia Benmahmoud est une activiste socialiste : elle baise avec les fachos de droite pour les convertir à des causes plus justes.
Arthur Martin est jospiniste et de nos jours (je cite) c'est aussi rare qu'un canard mandarin sur l'île de Ré (2).
On rit souvent et de bon coeur, Sara Forestier déménage, on l'a dit et il faut la voir, Jacques Gamblin est parfait en contrepoint.
On aurait d'ailleurs aimé que le film reste concentré sur leur histoire (de très beaux moments comme celui des crabes) et celle(s) de leurs parents plutôt que de s'aventurer sur le terrain plus casse-gueule de la socio-politique.
Le message est plein de bonnes intentions (trop de racistes et de fachos se contentent de jauger les gens d'après leur nom, etc.) mais cent fois entendu. Le propos est gentil, traité de façon amusante, mais bon.
Reste un film amusant, pas vraiment sérieux, plein d'aimable dérision, surtout pas prise de tête, et une belle histoire d'amour. Et puis Jacques Gamblin. Et puis surtout Sara Forestier.
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(1) : ou bien la moitié du film et les trois-quarts à poil, on ne sait plus trop les proportions exactes, mais la recette est bonne
(2) : on vous laisse la surprise des épisodes jospin : le film n'ira pas jusqu'à nous réconcilier avec le bulot lâcheur mais c'est plutôt fin et plein de dérision