On ne raterait pas une occasion de rentrer dans la Grande Nef du Grand Palais, certainement l'un des lieux les plus magiques de Paris.
Certainement aussi l'un des plus difficiles à “occuper”.
D'où cette idée de Monumenta qui offre chaque année à un artiste contemporain l'occasion de relever le défi.
En 2011, c'est Anish Kapoor(1) qui s'y colle et qui passe brillament l'épreuve.
C'est à ce sculpteur indien que l'on doit le 'haricot' de Chicago.
À Paris, nous voici donc invités à pénétrer dans la gueule du Leviathan.
Le visiteur est comme absorbé par les portes chuintantes(2) et se retrouve dans une gigantesque bulle de caoutchouc rose ou rouge selon le soleil. Désorienté. Où est le bas et le haut ? La droite et la gauche ? Il y fait chaud. On en ressort comme pour renaître(3) et rentrer à nouveau mais dans la nef cette fois, histoire de cotoyer le monstre du dehors.
Anish Kapoor est coutumier de ces sculptures monumentales, destinées à un large public.
Où la couleur est omniprésente jusqu'à se faire matière même.
Où dehors et dedans se mélangent comme ici où l'on sort des entrailles de la bête pour aller au dehors qui est en fait le dedans de la nef pour tâter le dehors de la bête.
L'intérieur est déroutant, oppressant, on n'est pas chez nous.
Mais à l'extérieur, dans le vaste espace rassurant de la nef, une fois retrouvés le béton et la ferraille familiers, les passants déambulent sous les immenses arceaux de caoutchouc de ce grand zeppelin rouge sombre, créature extraterrestre posée et capturée en plein Paris, bienveillante et protectrice.
À voir sous le soleil pour bénéficier de la lumière.
Et avec un billet coupe-fil car le monstre a du succès.
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(1) : non MAM, il ne s'agit pas d'une grande fête juive ...
(2) : la bête est gonflée à bloc
(3) : oui la symbolique est évidente