Après le voyage de MAM au Pays Somba en 2008, on ne pouvait manquer l'expo Vaudou à la Fondation Cartier, tout près de chez nous.
On y apprend notamment que le culte vaudou est originaire du Bénin et de la côte ouest de l'Afrique et qu'il n'a été exporté aux Caraïbes que lors de la traite des esclaves.
Les collections présentées sont celles de Jacques Kerchache : autant dire que tout comme à Branly(1), le parti pris est esthétique plus que culturel ou ethnique.
Deux salles principales accueillent les statuettes.
Le rez-de-jardin original de la Fondation Cartier(2) présente quelques grandes statues devant un décor de fausses portes en planches, blanc, épuré.
Des silhouettes élancées, à la Giacometti, qui semblent émerger du bois dont elles sont faites.
On ne sait trop si ces bocio (littéralement : cadavres dotés de pouvoirs) sont là pour empêcher le voyageur non initié d'entrer par les portes ou si au contraire ils protègent les habitants des maléfices extérieurs. Peut-être est-ce la même chose d'ailleurs.
Plus surprenant encore, la collection de petites statuettes présentées dans les pénombres de la grande salle du sous-sol.
Répétition et accumulation posent question : à la fois par le nombre de ces objets semblables (une cinquantaine) mais aussi par les statuettes elles-mêmes sur lesquelles sont arrimés toutes sortes de ferrailles, cadenas, ossements, ficelles, liens, chiffons, fioles et flacons, ...
On est bien loin ici de l'imaginaire occidental sur le folklore vaudou, poupées et aiguilles.
Dans tout cela on devine une obstination résolue à emprisonner les maléfices dans ces objets, une volonté décidée d'échapper aux tourments, au mal, à la mort peut-être.
Le catalogue complet de l'expo (textes [intéressants], photos, ...) est disponible ici au format PDF.
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(1) : musée dont Jacques Kerchache, décédé en 2001, était d'ailleurs le principal concepteur
(2) : pour ceux qui ne connaissent pas : un bâtiment de Jean Nouvel, entièrement vitré en plein jardin