Bien lire la notice.
Montreuil c'est quand même de l'autre côté du périph. Alors il aura fallu de bonnes critiques [1] [2] pour nous y emmener (non, pas à Montreuil, faut pas déconner, mais dans un cinoche intra-muros pour voir le film) et puis la réalisatrice Sólveig Anspach qui est islandaise et puis y'a même des acteurs islandais qui causent islandais et puis y'a un phoque. Allez on va voir : The queen of Montreuil.
Et on a bien fait.
Un gentil petit film, bien sympathique et bien loufoque.
Avec en prime, l'excellente actrice qu'est Florence Loiret-Caille (déjà vue dans Je l'aimais et J'attends quelqu'un par exemple).
Cette fois Florence Loiret-Caille tient le premier rôle et joue Agathe qui revient de vacances en Asie (on l'apprend peu à peu) avec l'urne contenant les cendres de son époux décédé dans un accident de tak-tak. À l'aéroport, elle rencontre deux islandais (mère et fils) désemparés par la crise qui secoue leur île. Elles les héberge chez elle, à Montreuil donc.
Une maison baba-cool, façon cour des miracles, avec plein de voisins sympas qui ne demandent qu'à (trop) aider Agathe à faire son deuil. Voilà. Tranche de vie avec plein de personnages sympas(1) qui gravitent autour de notre Agathe qui peine à quitter l'urne de son mari, de ses nouveaux amis islandais et de son phoque.
Il manque un petit quelque chose pour atteindre le coup de coeur : un peu plus de rythme, un peu moins de dispersion peut-être(2). Mais on ne s'ennuie pas une minute à suivre les péripéties loufoques de cette bande un peu déjantée jusqu'au bord de mer (bien loin de Montreuil donc !) dans une scène qui rappelle (trop ?) une autre belle histoire, celle de Jacques Gamblin et Sara Forestier dans Le nom des gens, une scène où les phoques auraient remplacé les crabes !
Une gentille rêverie fantaisiste, bien plus réussie que le Conte d'Agnès Jaoui dont on n'avait même rien trouvé à dire ici.
Juste on comprend pas pourquoi Sòlveig Anspach est allé situé son film si loin à Montreuil : y'a tout plein de quartiers sympas dans Paris. Pfff.(3)
(1) - comme le type de la laverie et surtout le grutier impayable
(2) - les scènes sur la grue sont superbes, certes, mais n'apportent pas grand chose au fil de l'histoire
(3) - bon d'accord, elle vit à Montreuil, ça peut se comprendre
Pour celles et ceux qui aiment Montreuil.
Ce week-end pascal on pouvait tout à fait éviter le dernier Almodovar et en profiter pour aller chercher des oeufs en chocolat ou des poissons d'avril : Les amants passagers n'arrivent pas à nous faire décoller et le film est malheureusement fidèle à sa bande annonce.
Très années 70 (générique vintage, décors et costumes, ...), l'idée du scénario n'était pas si mauvaise : coincés dans un avion qui tourne en rond au-dessus de l'Espagne pour avarie, les passagers se dévoilent peu à peu ...
Le tout sur fond de révolution sexuelle (années vintage ?) où il est beaucoup question d'homo, un peu de sado-maso et un chouïa d'hétéro. À notre époque pas du tout vintage où Frigide Barjot et ses collègues se croient autorisés à manifester pour priver certains de nos compatriotes d'un droit légitime, il n'est jamais inutile de faire un peu de propagande.
L'idée pas très originale étant qu'avec un peu de champagne et de mescaline, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (années 70, vous dis-je). Mais cela ne suffit pas un faire un bon film.
Comme les passagers du vol Almodovar, on attend dans nos fauteuils : bon, faut mettre tout ça en place, ça va sûrement décoller, attends un peu, tu vas voir, ... Et bien non, atterrissage en douceur, vol sans histoire (oui c'est ça, sans histoire).
Reste qu'on atterrit dans un aéroport aux relents de scandale espagnol, sans doute une sorte de Notre-Dame des Landes ibérique, mais on manque de références locales pour apprécier.
Pour celles et ceux qui aiment (mais alors vraiment beaucoup) les vols un peu gays.
Cluny en parle.
Belle histoire (belles histoires devrais-je dire) que nous raconte Derek Cianfrance (le réalisateur de Blue Valentine).
Belles histoires puisque le film est clairement découpé en trois parties, trois chapitres.
Le premier est celui de Ryan Goslin qui abandonne la voiture de Drive pour la moto.
Plus voyou beau gosse, tu meurs.
Se découvrant soudain père d'un petit garçon auprès d'Eva Mendès qu'il avait abandonnée il y a quelques années (quel con !), il entreprend de laisser tomber la fête foraine (un cirque dans lequel il joue les gladiateurs à moto) pour cambrioler des banques : c'est plus rentable et ça lui permettra de combler son fils de cadeaux.
Enfin, c'est ce qu'il croit. Puisqu'il croisera la route d'un flic.
La seconde histoire est celle du flic, Bradley Cooper. Après avoir joué les héros en stoppant les exploits du bandit à moto, il fricote avec les ripoux de son unité. Mauvais plan pour lui aussi.
Le troisième chapitre enfin, il vous faudra aller au ciné pour le découvrir, on vous le raconte pas.
D'ailleurs on vous a pas dit grand chose car c'est un film à savourer lentement (ça dure quand même près de deux heures et demi, même si on ne s'ennuie pas un instant). Beaucoup de tension(1) mais un rythme qui laisse le temps aux personnages de s'installer et de développer toute leur complexité. Une belle histoire, riche, et très bien racontée : voilà un film original, qui change des montages habituels, et qui s'éloigne de la bande annonce 'polar' qui le précédait.
Chacune des histoires amène une rupture là où on ne l'attendait pas trop(2).
Chacune des histoires parle du père : Ryan Goslin n'a pas connu le sien et voudrait bien rattraper le destin quand il découvre son fils, Bradley Cooper négligera le sien (de fils) et aura bien du mal avec son juge de père (ça aide pas quand on fricote avec les ripoux).
Chacune des histoires parle de destinée et des choix qui nous conduisent sur ce chemin qui est le nôtre, même si parfois c'est pour tenter d'en inverser le cours.
Chacune des histoires pourrait tourner autour de cette photo (ci-contre).
Juste on regrette le rythme un peu lent des deux derniers volets, un peu trop longs : après le premier qui est plutôt 100% adrénaline, le film en parait presque déséquilibré.
Un film à savourer.
Saluons au passage le second rôle de Ben Mendelsohn qu'on avait déjà croisé dans Cogan.
(1) - comme la scène de la persquisition par exemple et bien sûr les cambriolages à moto du début
(2) - à commencer par la surprenante issue des courses à moto !
Pour celles et ceux qui aiment les histoires de fils.
On se rappelle (c'était il y a six ans déjà !) Lou Ye et sa Jeunesse Chinoise qui nous contait la vie bouillonnante des jeunes étudiants pékinois pendant les événements de Tiananmen. Une sorte de mai 68 où Deng Xiao Ping aurait remplacé De Gaulle. Le film se terminait sur des images de rutilants 4x4 sur les autoroutes chinoises : la Chine s'ouvrait ...
Le nouveau film de Lou Ye, Mystery, pourrait bien être la suite : la Chine s'est effectivement transformée et les jeunes chinois roulent à fond la caisse sur les autoroutes.
Mais la comparaison s'arrêtera là car Mystery nous raconte une histoire plus adulte, bien plus dure, faite de mensonges et de compromissions : si l'on en croit Lou Ye, pas sûr que la société chinoise (et le monde en général) soit sur la bonne voie ...
Et ça démarre très fort, accrochez vos ceintures, à fond la caisse sur l'autoroute, sous la pluie battante ... une course poursuite, un jeu idiot, qui bien évidemment finira mal.
Sauf que c'est pas le début ... il va donc falloir remonter un peu le temps pour avoir les clés de cet accident stupide. Qui n'était peut-être pas un accident.
On vous en dira pas plus mais tout le film est fondé sur ces manipulations et ces mensonges. Bien vite Lou Ye nous délivre même quelques clés ... qui ne sont pas les seules puisque d'autres portes dérobées restent encore à ouvrir : de l'importance du cadrage d'une image ...
Le montage de cette histoire mystérieuse est franchement très bien vu et le spectateur se laisse agréablement porté et découvre peu à peu le masque sous le masque de chacun des personnages.
Alors sans vous en dire trop pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, sachez quand même qu'il s'agit d'histoires de couples. Et que Monsieur n'a pas le beau rôle. Et que Madame et Madame(1) cachent bien leur(s) jeu(x).
Même que BMR aimerait pas avoir affaire à elles. Deux sacrés portraits : on en viendrait presque à plaindre le Monsieur qu'a pas le beau rôle, d'être tombé entre elles deux.
Au-delà de cette histoire de Mystery fort bien contée on le répète, on aime beaucoup la peinture réaliste de la société chinoise(2), du moins de cette classe moyenne qui visiblement réussit à tirer profit de l'ouverture de la Chine : c'est passionnant. Mais on l'a dit, la peinture n'est pas très reluisante et l'enrichissement n'est que de façade.
Juste, on regrette un peu la caméra portée et agitée en tous sens : certes, cela met l'accent sur le côté socio-réaliste et la proximité avec les acteurs-personnages ok, mais c'est vraiment un peu too much et le premier quart du film en est presque gâché (ensuite, le mal de coeur s'estompe et on s'habitue !).
(1) - évidemment pour faire des histoires de couples, on ne peut pas se contenter d'un seul Monsieur et d'une seule Madame, ça n'importe quel scénariste vous le dira !
(2) - le travail, les enfants, le logement, l'école, la police, ...
Pour celles et ceux qui aiment les histoires de couples pas simples.
Critikat et Filmosphere en parlent.
Suite et fin de la petite série sur quelques polars en BD ...
... et qui dit polar noir, dit dessins au noir (et blanc) : voilà qui nous change des albums habituels aux belles couleurs léchées et glacées.
Passées les premières réticences, on s'y fait (sans doute l'apprentissage par les mangas !), voire on apprécie, car les dessins sont plutôt bien exécutés.
1 : Le casse
Ceux qui veulent poursuivre en noir et blanc reliront peut-être le Piège espagnol ou encore Monster et ne manqueront pas l'excellentissime Maus (mais là on sort du rayon polar).
Et voici le troisième de la série ... noire.
On avait gardé le meilleur pour la faim, puisqu'il s'agit tout simplement de la mise en images de la véridique histoire du Boucher de Hanovre qui dans les années vingt trucida sans doute plusieurs dizaines de victimes.
Notre homme aimait bien les jeunes garçons et les aimait au point de les découper en tranches.
En cette période trouble la Germanie vivait des moments difficiles, et Fritz Haarmann ne manquait pas d'approvisionner fort aimablement ses voisins reconnaissants en viande fraîche(1). Et tout cela quasiment sous les yeux de la police puisque Fritz Haarmann était pratiquement assermenté par les condés de Hanovre pour qui il jouait les indics.
Autant vous dire que les desseins de Herr Haarmann étaient encore plus sombres que les dessins de Isabel Kreitz et les dialogues de Peer Meter qui sont tous deux aux commandes de cette remarquable BD.
Et vous l'aurez compris, mieux vaut attaquer cet album l'estomac vide ... ou au contraire le ventre déjà bien rempli ? Enfin, chacun fera comme il le sent(2).
Les dessins justement sont admirables et rendent particulièrement bien l'ambiance glauque des petites rues de Hanovre. Histoire, ambiance, suspense, tueur en série, ... tout est au rendez-vous pour un bon moment de lecture.
L'album se termine par quelques pages sur la vraie histoire (Peer Meter est spécialiste des tueurs en série) et il est fort intéressant de parcourir ces quelques lignes historiques après avoir dévoré la BD, façon de se dire finalement : purée, tout cela était donc bien vrai ...
Cliquez sur les liens pour voir des planches de la BD : [1] [2] et la vraie trogne de Herr Haarmann : [3]
(1) - Et ne venez pas me dire que les habitants de Hanovre n'étaient pas assez regardant sur la provenance de leur viande ... c'est pas le moment ! quand on sait ce que vous mangez dans vos raviolis !
(2) - En tout cas faites vos courses avant de lire la BD, histoire de ne pas regarder de travers votre boucher habituel quand il vous proposera ... et avec ça, je vous mets un petit os à moelle ?
Pour celles et ceux qui aiment les bouchers un peu charcutiers.
Suite de la petite série sur quelques polars en BD ...
... et qui dit polar noir, dit dessins au noir (et blanc) : voilà qui nous change des albums habituels aux belles couleurs léchées et glacées.
Passées les premières réticences, on s'y fait (sans doute l'apprentissage par les mangas !), voire on apprécie, car les dessins sont plutôt bien exécutés.
1 : Le casse
Ceux qui veulent poursuivre en noir et blanc reliront peut-être le Piège espagnol ou encore Monster et ne manqueront pas l'excellentissime Maus (mais là on sort du rayon polar).
Et on continue donc avec une surprise puisque c'est le grand Jirô Taniguchi qui se met au polar ...
On se souvient du mangaka Taniguchi pour son Sommet des dieux ou encore son Quartier lointain.
Mais le voici aux commandes d'une histoire de privé à la Marlowe puisque Trouble is my business est la devise du détective Jôtarô Fukamachi, tout un programme !
Et au travers des différents chapitres (à la manière des mangas et des séries télé : l'héritage, l'adultère, l'enlèvement, ...), tous les codes du polar noir américain sont passés au crible : fric, drogue, sexe, castagnes, femmes fatales et yakuzas patibulaires, ... tout le monde est là.
Ce premier album nous a quand même laissé sur notre faim, peut-être une re-lecture avec le tome suivant ?
Et il faudra encore un peu de patience jusqu'à la semaine prochaine, on a gardé le meilleur pour la fin ...
Cliquez sur les liens pour voir des planches de la BD : [1] [2] c'est un manga et ça se lit à l'envers.
Pour celles et ceux qui aiment les privés.