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On A Tout Archivé

18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 14:40
Le site officiel

L'air de Lamontagne.

Pour clôturer l'année musicale 2008, belle découverte que la voix et la musique de cet artiste folk US, Ray Lamontagne.
On est resté scotché par le très très beau Empty Yakakliker pour écouter : des roulements de tambour à vous donner la chair de poule, une «pedal steel»  à vous arracher des morceaux d'âme, ...
On vous en livre un extrait ici Yakakliker pour écouter mais vous pouvez aussi ci-dessous regarder et écouter la très belle vidéo de l'enregistrement live (et intégral) par la BBC.
Dans un genre plus soul qui nous rappelle Joe Cocker, on vous propose aussi : You are the best thing Yakakliker pour écouter, avec ces très belles paroles :
and baby
the way you move me, it's crazy

it's like you see right through me
and make it easier
believe me, you don't even have to try
oh, because

you are the best thing
you are the best thing
you are the best thing
ever happened to me


Pour celles et ceux qui aiment les voix éraillées.

 
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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 08:31
D'autres avis sur Critiques Libres
Tartarin de Tarascon

Des critiques élogieuses (était-ce Papillon ?) nous avaient guidés vers ce récit de voyage.
On aurait dû fouiller un peu plus sur le web car le périple fut plutôt décevant.
La traversée du Mozambique par temps calme, voilà un titre peu banal.
L'écriture de Patrice Pluyette est du même tonneau. Ça foisonne, ça onirise, ça fait feu de tout bois et de n'importe quoi. Y'a de l'absurde et de la poésie, de la rêverie et du cauchemard, du surnaturel et du pas naturel, une bonne dose d'humour de potache et une pincée de Tartarin ou de Tarascon.
On pense parfois à l'ambiance surréaliste des voyages en bandes dessinées de Fred.
Une brochette de personnages peu banals s'embarquent pour le Mozambique à la recherche d'un trésor et finiront dans les neiges canadiennes ou dans les jungles amazoniennes.
Mais tout ce petit monde s'agite sous nos yeux sans qu'on n'y prenne vraiment part. Un peu comme des clowns de cirque : on regarde, on s'amuse, mais on n'est pas vraiment concernés.
[...] Les grognements se font entendre à peu près chaque nuit depuis trois jours et ça devient inquiétant; de toute évidence un animal féroce, femelle de type panthère d'Amérique, jaguar adulte ou tigre Amba, les suit à la trace. À plusieurs reprises, on a même pu sentir son souffle contre la toile de tente. En vérité, la situation n'offre pas d'échappatoire; le sort de nos aventuriers est lié au bon vouloir de cette bête affamée qui n'attendra pas éternellement que la viande soit cuite; il est probable que notre histoire s'arrête dans trois pages sans plus de personnages à notre charge que cette bête dont nous ne saurions à elle seule tirer une histoire en rapport avec le sujet de la nôte sans ennuyer le lecteur. Nous dirons donc que les hommes et femmes composant ce récit, nonobstant le danger rôdeur, ne perdent pas leur courage, continuent chaque matin à démonter le camp pour mener à bien lPatrice Pluyetteeur progression lente et difficile, tous les soirs à planter la tente dans un endroit différent, toutes les nuits à trembler dans leurs lits en s'obligeant à prier, à invoquer l'aide d'un dieu tout-puissant à défaut d'un car de CRS armés.
Qu'on aime ou qu'on n'aime moins, il reste la prouesse technique du sieur Pluyette qui manie la plume avec habileté.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires à dormir debout.
Seuil édite ces 317 pages qui datent de 2008.
Papillon a bien aimé, Essel un peu moins.
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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 08:15
Univers BD
La tête dans les étoiles.

On avait déjà parlé des deux premiers tomes de cette BD il y a peu, et la revoici sur le devant de la scène avec le troisième et dernier volume paru juste avant Noël.
Le complexe du chimpanzé, c'est Marazano à la plume (Genetiks, Zéro absolu, ...) et Ponzio au pinceau (Genetiks, ...).
On aime toujours autant le dessin quasi photographique de Ponzio, qui rappelle celui de Christophe Bec (qui d'ailleurs était déjà le dessinateur de Marazano dans Zéro absolu) dont on avait déjà parlé avec Sanctuaire.
Le scénario de Marazano nous plonge dans un avenir très proche (en 2035), avec juste ce qu'il faut d'anticipation pour rendre crédible le projet de la Nasa d'aller poser le pied sur Mars, même si la crise financière actuelle reporte cela à au moins ... 2035 !
Justement, alors que le Congrès vient de couper les budgets, une mystérieuse capsule amerrit dans l'océan avec à son bord ... Neil Armstrong et Edwin Aldrin ! Apollo 11 est de retour ... à nouveau ?!
Que s'est-il passé en 1969 ? Que faisaient les Russes à cette époque ? Qui sont ces étranges « ersatz » qui reviennent sur Terre 65 ans après ? Le mystère ira en s'épaississant au fil des pages et permet de revisiter l'histoire de la conquête spatiale depuis Gagarine.
[...] Le complexe du chimpanzé, un phénomène qui a été observé pour la première fois chez les chimpanzés ayant servi de cobayes pour des vols spatiaux. Les chimpanzés sont suffisamment intelligents pour comprendre qu'ils sont les sujets d'une expérience qu'ils ne maîtrisent pas ... le stress causé par cette dichotomie entre capacité de comprendre la situation et incapacité à la gérer peut vraiment vous faire péter les plombs.
Sauf que cette fois, les chimpanzés, c'est nous ... !
Au coeur d'un mystère qui met en images le principe d'incertitude d'Heisenberg, auquel on ne comprend plus forcément grand chose mais qui nous fait toujours rêver depuis les bancs de l'amphi !
Au centre de cette histoire, une astronaute de la Nasa qui a la tête dans les étoiles et donc justement, une seule idée en tête : être la première à poser le pied sur Mars. Quitte à entretenir une relation conflictuelle avec sa fille laissée à elle-même en Floride. Ce qui nous vaut une belle alternance de planches entre l'espace (voir un exemple ici) et le bord de mer (un exemple ici).
Une belle histoire pour tous ceux qui comme moi, le 20 juillet 69, avaient le nez en l'air.
Le troisième tome confirme l'intérêt des deux précédents et cloture le bal spatial avec une très belle fin.
Dans notre précédent billet, nous avions repris ce bel aphorisme du russe Tsiolkovski, le père de l'astronautique, cité en tête du second album :
[...] La Terre est le berceau de l'humanité.
Mais passe-t-on sa vie entière dans un berceau ?

L'exergue du dernier tome cite Apollinaire :
[...] Il est grand temps de rallumer les étoiles.
À l'approche de Noël, on peut toujours rêver ...

Pour celles et ceux qui auraient aimé faire un petit pas avec Neil Armstrong.
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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 08:52
Amazon
Je t'emmène encore dans le Maine.

Comme promis il y a quelques semaines après une Dérive sanglante, on a enchaîné avec le second volume de William G. Tapply : Casco Bay.

Nous voici donc repartis sur les rivages du Maine où l'on a retrouvé avec grand plaisir Stoney Calhoun et son passé d'amnésique, la belle Kate et le shérif Dickman.
Ah, j'allais oublier Ralph, le chien.

Les cadavres s'accumulent sur les îles de la baie de Casco et même si les histoires de pêche à la mouche sont toujours là (et on les aime, pourtant dieu sait qu'on n'y connait rien !), cette fois le bouquin ressemble un peu plus à un vrai polar, c'en est presque dommage tellement on avait apprécié l'ambiance équivoque (entre deux eaux, c'est le cas de le dire !) du premier épisode. Ici Stoney Calhoun arbore même un temps l'étoile d'adjoint de son pote le shérif.

Visiblement, Tapply installe et développe ses personnages et, pour une fois, on ne saurait trop vous conseiller de lire ces deux tomes dans l'ordre (celui-ci est le second) de façon à profiter pleinement du charme du premier.

[...] Il fallut une bonne minute à Calhoun pour reconnaître ce qu'il avait sous les yeux.

Un corps humain.

Un cadavre noir comme du charbon, calciné, assis sur le dos contre le mur est du bâtiment, les mains reposant sur ses genoux, les jambes étendues devant lui et la tête inclinée en avant.

Vecchio, tournant les yeux vers Calhoun, murmura :

- Un fantôme ?

- M'étonnerait, dit Calhoun ...

Une faible odeur de chair pourrie flottait dans l'air humide.

- ... je ne pense pas que les fantômes puent comme ça.

Et Calhoun s'y connait en fantômes ...

On en a maintenant l'habitude : les drames du Maine d'aujourd'hui sont fortement ancrés dans ceux d'hier ...

[...] - Quelqu'un s'est dit qu'il y avait autant d'îles dans Casco Bay que de jours dans le calendrier. Et je crois bien que si vous y mettez les rochers découverts à marée basse, on n'est pas loin du compte. Bon, ils ont construit cette sorte d'hôpital ici, sur Quarantine Island, pour les immigrants qui arrivaient en Amérique. Ils les gardaient ici avant de les laisser mettre le pied sur le continent. Tous ceux qui d'après eux pouvaient avoir la grippe, ou bien avaient été en contact avec un malade - ou, comme c'est probable, ceux dont ils n'aimaient pas l'allure tout simplement -,William G. Tapply ils les envoyaient ici. Hommes, femmes, vieillards, même les bébés. Des Italiens, pour la plupart. C'étaient des religieuses catholiques qui s'occupaient de cet établissement. Elles ne soignaient pas les gens avec des médicaments, c'était pas vraiment un hôpital. Elles les gardaient là, juste pour qu'ils n'aillent pas contaminer les citoyens américains. Bon, une nuit, en février 1918, l'établissement a été détruit par un incendie et tout le monde est mort. Les religieuses, les enfants, tout le monde. À peu près deux cent personnes.Ils n'avaient pas d'équipement pour lutter contre l'incendie, bien sûr. Ils n'ont rien pu faire. Entre le feu et le froid terrible, personne n'a survécu.

[...] On a suspecté quelques bons citoyens de l'État du Maine d'être venus en barque cette nuit-là avec des torches pour mettre le feu à l'établissement. On n'a jamais rien pu prouver. Officiellement ce fut un incendie accidentel.

Comme lors du premier épisode, l'intrigue policière est mince et importe peu : c'est elle, le décor, et pas le Maine.

Le plaisir vient des histoires racontées ici ou là avec, au final, l'impression d'avoir passé une semaine de vacances au bord de la mer à écouter les vieux pêcheurs nous parler de leur métier et de leurs histoires.

Tapply confirme qu'on tient là une bonne série ! à suivre donc.


Pour celles et ceux qui aiment toujours la pêche à la mouche.
Gallmeister édite ces 291 pages traduites de l'américain par François Happe.

Jean-Marc en parle. D'autres avis sur Critiques Libres.

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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 08:02

Henri en parle


Fausse modestie

C'est sans doute la sortie récente de Courir qui aura fait revenir sur le devant des rayons des libraires un autre ouvrage de Jean Échenoz : Lac, qui date de 2005.
Un des rares bouquins d'Échenoz qui ne traînait pas encore dans nos étagères aux côtés de l'Équipée malaise, de Je m'en vais et autres Cherokee.
Bref, l'occasion de re-découvrir plusieurs années après, cet excellent auteur français trop discret, à l'écart des modes.
Et avec un roman «facile» d'accès, car ce Lac est un faux-polar ou plus exactement un faux-roman d'espionnage.
Un espionnage à l'humour pince-sans-rire et très second degré, aux relents de DST et aux odeurs de Piscine, avec un petit air rétro qui évoque les films de Bernard Blier ou Lino Ventura.
Mais ce décor de 007 franchouillard  n'est qu'un simple prétexte à une galerie de personnages dépeints avec la feinte nonchalance habituelle d'Échenoz, une sorte de dandy de l'écriture, coutumier de la meilleure des proses.

[...] Une petite dizaine de clients de l'hôtel se trouvaient à cette heure-ci sur la terrasse, sur les fauteuils blancs bardés de coussins vifs. Au milieu se reposaient, affalés, deux ou trois nababs dont le visage cuivré d'ultra-violets dénotait l'aisance, l'usure, accompagnés de secrétaires mammaires et d'épouses à vapeur.

Sans avoir l'air d'y toucher, Échenoz, justement, touche souvent à l'essentiel :

[...] Suzy, bien sûr, n'était pas folle quand elle était petite, c'est juste qu'elle baptisait les organes de son corps : son estomac s'appelait alors Simon, son foie Judas, ses poumons Pierre et Jean. Son coeur changeait à volonté d'identité, ayant d'abord à l'âge de quatorze ans pris celle d'un nommé Robert qui avait été le premier à l'embrasser. Suzy l'avait bien aimé, Robert, il n'était pas tellement causant mais c'était sûrement lui le plus joli garçon de la Zup. Avant qu'il ne parvienne à l'embrasser vraiment, pendant des semaines ils s'étaient tenu la main pendant des heures, adossés côte à côte au mur près des garages, sans se parler, considérant les autres qui riaient fort en faisant vrombir leurs mobylettes gonflées à l'éther, ensuite ils se raccompagnaient indéfiniment à travers la cité, du pied d'une tour à  l'autre. Après Robert, la succession de prénoms attribués au coeur de Suzy n'était plus très distincte, elle se souvenait de ceux du frère de sa correspondante anglaise, puis du fils d'un officier de gendarmerie, pas mal de bruns dans l'ensemble dont un maître-nageur assez mou mais très, très marrant. Gérard.

L'écriturJean Échenoze d'Échenoz est toute en fausse modestie, en fausse nochalance : on se laisse emberlificoter, emmener par une main faussement innocente qui pendant quelques mots nous promène ici ou là et, toc, au détour d'une ligne, le maître es observation nous aura asséné quelques moments de pure poésie du quotidien. Et comme ça tout du long de ses bouquins, de paragraphe en page puis en chapitre.
Découvrez vite Jean Échenoz, sans tarder. Ou relisez-le, encore. Et encore.


Pour celles et ceux qui aiment la belle langue.
Les éditions de minuit éditent en poche ces 192 pages qui datent de 1989
.
Une bio d'Échenoz.
Les Éditions de Minuit proposent intelligemment de découvrir les premières pages du bouquin : c'est ici.

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 10:10
AlloCiné
Fucking Christmas.

C'est la période des fêtes de fin d'année et les films de Noël envahissent les écrans.

À New-York aussi ça va être Noël, il y a de la neige dans les rues et chacun prépare ses cadeaux.

Enfin pas tous. Car ne vous fiez pas à l'ambiance de fête, Le prix de la loyauté n'est pas un film pour les fêtes, mais alors pas du tout.

On a rarement vu aussi violent, aussi dur et tendu. Peut-être Les Infiltrés vus à la même période, il y a deux ans.

Aucune subtilité, Gavin O'Connor tape direct là où ça fait mal : une famille de flics, le père (John Voigt) est quasiment à la retraite, le fils aîné (Noah Emmerich) commande le commissariat d'un quartier pourri et l'autre fils (Edward Norton) est dans un placard après une sombre histoire ancienne réglée en famille mais réglée de travers.

Même le beau-frère (Colin Farrell) est dans le NYPD, sous les ordres du fils aîné.

Je cite ces quatres acteurs car il n'y a qu'eux dans le film. Heureusement ils sont très bons car tout tourne autour de ces quatre personnages, le reste, femmes, enfants ou truands, n'est que décor de Noël.

Mais voilà qu'une interpellation tourne mal et quatre flics se retrouvent sur le carreau. Le papa rappelle le fils écarté et tout le monde se mobilise pour retrouver l'affreux méchant auteur du massacre. Jusqu'à ce que le fils honnête et droit découvre que tout le monde dans la famille (et dans la grande famille qu'est le NYPD) n'est pas aussi honnête et aussi droit. Le merdier général finira donc en merdier général.

Que retirer de ce film ? Rien qui n'ait déjà été dit par d'autres. Rien qui puisse nous toucher dans la chaleur de nos quartiers sympas : où vivent ces gens ? quand vivent ces gens ?

Le NY décrit ici est une fucking jungle où survivent de fucking martians, quelque soit le côté de la ligne où on les a placés.

Un moment, l'un des personnages craint d'aller brûler en enfer : il ne se rend pas compte qu'il vit déjà en enfer.

Reste une démonstration de force de Gavin O'Connor : le film s'ouvre sur la fin d'un match de football (foot américain bien sûr) hyper-stressant, hyper-tendu.

La caméra, sans doute tenue par Speedy Parkinson, n'arrange rien et on est d'entrée de jeu scotché au fauteuil.

On ne lâchera pas les accoudoirs de tout le film. Ce fucking movie est vraiment raide.


Pour celles et ceux qui aiment les sensations fortes.
Pascale est beaucoup plus dure que nous, même si elle a un faible pour Edward Norton.
Telerama a bien aimé.


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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 10:44
D'autres avis sur Critiques Libres
Kamasutra

Un petit tour en Inde, un grand voyage plutôt puisqu'il s'agit d'un pavé de près de 700 pages.

Un roman en deux parties, presque deux histoires en une, un peu l'histoire dans l'histoire, puisqu'il est question d'un écrivain qui bien sûr cherche l'inspiration qui lui dictera son roman.

On commence par la fin, et au final on se retrouvera au début du livre : la boucle sera bouclée.

La première partie justement décrit les affres de l'écrivain en panne d'inspiration.

C'est touffu, foisonnant, exotique, mais on n'accroche guère (lire le billet de Babsid sur Critiques Libres).

Et personnellement on a trouvé que Tarun J Tejpal se regardait un peu trop le nombril (voire un peu en-dessous), tout comme (hasard ?) un autre indien qu'on a lu il y a peu : Hanif Kureishi.

Il faudra attendre la seconde partie, l'histoire dans l'histoire, pour vraiment décoller, lorsque l'écrivain tourmenté découvre les carnets intimes d'une anglaise de l'époque post-coloniale.

Cette seconde partie nous conte l'histoire d'une dame anglaise mariée à un prince indien (on est au pays des maharajas) mais qui, malheureuse en mariage comme l'on dit, découvrira les sommets du plaisir dans les bras d'un ou deux autres amants indiens.

Le charme sensuel de ces deux histoires tient à leur sujet commun : l'alchimie du désir (c'est le titre orgiinal en VO), la chimie des corps et du plaisir.

[...] Il n'y a pas de doute : dans le sexe, les hommes stationnent au camp de base. Ils peuvent jouir des nombreux plaisirs de la moyenne montagne, mais les sommets vertigineux leur sont refusés. Il leur manque le souffle, l'imagination, l'abandon, l'anatomie. Leur tâche consiste à préparer les vrais grimpeurs : les femmes, artistes des hautes cimes. Ces chamois capables de sauter d'arête en arête, de sommet en sommet, jusqu'à la vastitude de l'éternité. Depuis des millénaires les hommes luttent contre cette certitude. Ils connaissent l'existence des altitudes inaccessibles.

Ce gros pavé est une ode sensuelle entièrement consacrée à la femme et à son plaisir (et donc, en miroir, au désir de l'homme). Nulle pornographie, à peine quelques pages d'érotisme (un peu quand même sur 700 !), mais surtout un fleuve débordant de sensualité car on s'y frotte, caresse et baise sans fin. Qu'il s'agisse des ébats de l'auteur avec son épouse dans la première partie (si l'écrivain est en panne d'inspiration, il n'y a rien d'autre en panne chez lui !) ou qu'il s'agisse des amours tumultueuses de l'anglaise dans la seconde histoire. De l'exotisme et de l'érotisme !

Quelques pages superbes dans ce roman touffu qu'on aurait voulu plus économe, comme cette description d'un interminable embouteillage à un passage à niveau, lorsque le «serpent de voitures» attend le passage du train :

Le python semblait avoir sombré dans le coma, incapable de se ranimer. Puis tout à coup, un frémissement le parcourut. Un mouvement, un bruissement. Le train n'était ni visible, ni audible. Pourtant, des hommes, des femmes et des enfants remontèrent à bord des véhicules. Nous aussi. Les moteurs vrombirent. Au loin, un sifflement retentit, une trépidation parcourut le sol, il y eut un cliquetis de roues d'acier; sans avoir rien vu, on comprit que le train était passé. Tout était figé. Les derniers pisseurs avaient émergé des fossés pour regagner leur voiture. Le serpent semblait retenir son souffle. Puis, dans un rugissement et un crachat soudains, il entra en action. D'abord il se souleva, ondula, s'ébranla. Ensuite, le serpent venant en sens inverse commença à se mouvoir vers nous. Et le nôtre à se redresser : tout ce qui dépassait s'aligna, dans un tumulute de cris et d'insultes. Le serpent devait passer par un sas étroit et il s'effila de lui-même pour s'y faufiler. Après de longues minutes de klaxons, coups de freins et bousculades, on franchit la bosse de la double voie ferrée, tandis que le serpent avançait en face.


Pour celles et ceux qui aiment, tout simplement.
Le livre de poche édite ces 692 pages qui datent de 2005 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Annick Le Goyat
.
Ducharme, Fashion, Florinette et Katell en parlent avec plus d'enthousiasme que nous. D'autres avis sur Critiques Libres.
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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 08:08
D'autres avis sur Critiques Libres
Carnets de voyage.

C'est encore Frédéric Féjard qui nous l'a prêté après qu'on ait déjà manqué plusieurs occasions de découvrir cette BD parue pourtant depuis 2003.
Voici donc Le photographe, le récit autobiographique de Didier Lefèvre, photo-reporter, qui accompagne une mission de MSF en Afghanistan.
Une BD qui partage plusieurs points communs avec Maus ou Le Piège dont on vient de parler récemment :
- toutes les trois racontent des histoires vraies, en prise directe sur la guerre ou les événements historiques (le nazisme pour Maus, le franquisme pour Le Piège et l'Afghanistan sous l'occupation russe pour Le photographe)
- toutes les trois présentent des idées graphiques originales (le noir et blanc sous deux formes très différentes pour Maus et Le Piège, et bien sûr la photo pour Le Photographe).
En l'occurrence, ce Photographe offre un mélange très heureux de dessins (d'Emmanuel Guibert, on dirait parfois du Tintin) et des photos de Didier Lefèvre : une planche ici.
En 1986, peu de temps avant que les Russes abandonnent le terrain et bien avant que les talibans reprennent le contrôle du pays, Didier Lefèvre accompagne une mission de MSF qui part du Pakistan pour monter des hôpitaux de fortune dans les montagnes afghanes. Accompagnés de moudjahidines, ils rejoignent des vallées proches du Panjshir, tenues par les partisans du commandant Massoud. Ce contexte politique est à peine effleuré dans la BD : Didier Lefèvre raconte d'abord son voyage.
Son voyage aux côtés de l'équipe de MSF, avec un recul propre à tous les photographes : il raconte, les faits, les images, les photos, les dessins, sans donner de leçon, ni de politique ni de quoi que ce soit. Il ne joue pas au héros (en clair, le petit parisien va en baver dans ces montagnes) et laisse tout juste transparaitre son admiration pour le boulot des toubibs de MSF.
En fait, il décrit tout simplement «les gens». Les gens de là-bas, qu'il s'agisse des médecins de MSF ou des moudjahidines qui les accompagnent ou qu'ils soignent.
Du coup, on se passionne facilement pour cette aventure. Le premier tome raconte le départ depuis Peshavar et le voyage dans les montagnes, avec le franchissement de plusieurs cols à 5000 mètres. Le second volume décrit le séjour dans le village de montagne et la mise en place de l'hôpital de fortune. Jusqu'au retour raconté dans le dernier tome.
C'est passionnant, facile et agréable à lire et on y apprend beaucoup de choses : sur les afghans bien sûr mais aussi sur le travail humanitaire.
[...] - L'ennemi c'est l'hélicoptère.
Les avions sont redoutables mais ils passent et, le temps qu'ils reviennent, tu peux éventuellement te cacher.
Alors que l'hélicoptère, il survole, il s'arrête, il reste en vol stationnaire, il te cherche, il te traque, c'est horrible.
Si tu es dans un endroit où il est difficile de se cacher, tu te jettes sous ton patou. Le patou c'est la couverture des afghans.
- Oui je sais, j'en ai une, marron.
- Couleur de la terre.
Tu ne bouges plus et surtout, tu fais en sorte que rien ne dépasse.
Tu serres les poings avec le pouce à l'intérieur, comme ça. Tu sais pourquoi ?
- Non.
- Parce que l'hélicoptère repère tout ce qui brille. Même un ongle.

La guerre et les russes seront à peine évoqués dans ce voyage : un hélicoptère parfois au loin, quelques boums boums de temps à autre. Par contre, de nombreux blessés affluent à l'hôpital pour bénéficier des soins des toubibs de MSF.
Un récit de voyage intelligent.


Pour celles et ceux qui aiment les récits de voyage.
Dupuis édite ces 3 tomes dans la collection Air Libre.

Lo en parle.


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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 07:50
Le site des vieux barbons du Sénat
La collec'

José Berardo, un riche homme d'affaires portugais, aime bien faire la collec'.
Il a commencé tout petit par les timbres ou les boîtes d'allumettes.
Plus grand et surtout plus riche, il s'est mis à la collec' des oeuvres d'art.
On en retrouve une partie exposée au Sénat jusqu'en février, sous le titre de Miro à Warhol.
Un demi-siècle d'art : des surréalistes aux cubistes ou abstraits et jusqu'au pop-art.
Quelques oeuvres ou artistes moins grandioses (je n'ose pas écrire mineurs) car José Berardo était plutôt boulimique. Mais justement, ces contre-points mettent bien en valeur les titres phares et on comprend mieux ce qui a pu faire le succès des grands noms.
C'est beaucoup de styles différents et d'époques différentes, exposés en un seul lieu (une toile par peintre pas plus). C'est donc un peu brouillon.
D'autant que les muséographes du Sénat s'évertuent, comme à chaque expo, à reléguer les pièces maîtresses (celles devant lesquelles on s'agglutinent) ... dans les coins, histoire de faciliter le recul, la circulation, etc ... ah, ah, c'est tout un art, qu'ils maîtrisent désormais à la perfection car le lieu est petit, les expos de renom et la foule toujours fidèle.
Malgré les obstacles, on y découvre quelques trésors : un magnifique Mondrian, un «bleu» de Klein qui illumine toute une salle, et quelques pop-art qui valent la visite (les années 60/70 sont les plus réussies dans la collec' de José) ...


Pour celles et ceux qui aiment le siècle en peinture.
Playlist en parle (pas très gentiment).

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 07:42
Le site de l'éditeur avec quelques planches
Grande déprime.

Frédéric Féjard, un collègue, n'est pas étranger à la vague de bulles qui envahit ce blog cet automne ...
Il est donc juste qu'on lui rende ce qui lui appartient (outre les albums qu'il nous a prêtés !), à savoir le scénario des Rêves de Milton aux côtés de Ricard. Et de Maël aux pinceaux.
Ces Rêves de Milton étaient quelque peu prémonitoires puisque, parus en 2005/2006 trois ans avant la crise financière mondiale, ils nous replongent en 1929 lors de la Grande Dépression qui jeta tant d'américains sur les routes.
À commencer par la famille Cry aux nombreux enfants dont le grand simplet Milton et le petit hargneux Billy.
Le petit teigneux à la haine. Le grand benêt fait des rêves étranges. Des rêves qui semblent se réaliser au fur et à mesure que les vilains disparaissent le long de la route.
Ces deux tomes nous content une très belle histoire. Une histoire de haine et de violence (c'était l'époque des souris et des hommes) mais aussi une histoire d'amour-haine fraternel.
Une triste et belle histoire servie par de magnifiques dessins à l'aquarelle comme ici et .
Poussée sur les routes par la crise (et donc par la méchanceté et la bêtise humaine), l'humanité semble se diluer dans les pinceaux de Maël comme dans la pluie, la boue ou la misère. Jusqu'à ce que seules la violence et la haine subsistent.
Le seul trait d'humour ou de légèreté de cette sombre BD viendra avec deux agents fédéraux (obligés de reprendre l'enquête devant l'incapacité de la police locale !) préfigurant ainsi les Dupont et Dupond du FBI !


Pour celles et ceux qui aiment les épisodes historiques.
Dupuis édite ces 2 tomes dans la collection Air Libre.

Krinein en parle.


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On A Tout Rangé