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On A Tout Archivé

11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 06:11
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Transsibérien.

Après notre voyage en Asie de l'été 2006 on ne pouvait bien évidemment pas laisser passer cette histoire qui met en scène le transsibérien.
Avec Le canapé rouge, Michèle Lesbre nous conte l'histoire d'une femme qui se met en quête d'un amour perdu ... à Irkoustk en pleine Sibérie, au bord du lac Baïkal et du fleuve Angara (nos photos sont ici !).
Cette quête, c'est celle du désir des choses perdues : un amour qui s'en est allé, un idéal (politique) qui ne s'est pas réalisé, un enfant qu'on n'a pas eu, ...
Comme tous les voyages, ce n'est pas tant la distance parcourue qui compte que le cheminement de l'esprit (le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même, disait Confucius) et Michèle Lesbre sait bien rendre cela.
Le voyage en train est comme une vie suspendue, une parenthèse, on s'en va mais c'est pour être plus proche de ce qu'on croit avoir laissé.
[...] Je terminais un voyage dont je rêvais depuis longtemps, un train qui n'en finirait pas de m'emmener toujours plus loin, jusqu'à ce lac qui me paraissait inaccessible, juste une légende, un mythe.
On partageait pas mal de points communs avec Michèle Lesbre à commencer par la fascination de cette Sibérie et de son train, depuis Michel Strogoff sans doute.
Les chapitres alternent entre la vaine quête de l'héroïne arrivée sur les rives du lac Baïkal (à ce stade elle ne croit même plus trop à ce qu'elle était venue plus ou moins chercher sans grande conviction) et les souvenirs des conversations avec une vieille dame laissée à Paris sur son canapé rouge.
Toutes les deux se souviennent d'un amour perdu.
Toutes les deux ont attendu trop longtemps que "leur vie commence enfin", comme des petites filles qui auraient oublié de grandir. Beaucoup trop longtemps.
[...] C'est peut-être parce qu'il est mort que je continue à attendre que la vie commence, je crois que je l'ai toujours attendue cette vie-là, je veux dire la vie avec lui. L'autre, celle que j'ai vécue, c'était autre chose, c'était en attendant... Maintenant je suis une très vieille petite fille. Vous il me semble que vous avez grandi, je me trompe ?
Une très très belle écriture que celle de Michèle Lesbre.  Sans esbrouffe, intime, pleine de sens et d'émotion.
Une prose qui vaut vraiment le détour, même par la lointaine Irkoustk (qui était surnommée d'ailleurs, le petit Paris de la Sibérie ! Le canapé rouge n'est peut-être donc pas si loin même si Irkoutsk est plus proche de Pékin que de Paris).
Une auteure à ne pas manquer, un bouquin vraiment excellent qui mérite de monter sur le podium 2008 si ce n'est ... que nous avons, depuis, lu un autre roman de Michèle Lesbre qui nous a paru tout aussi bon !

Pour celles et ceux qui voudraient poursuivre la traversée de l'Asie en train : La Chine à petite vapeur de Paul Théroux.

Pour celles et ceux qui aiment voyager en train.
Les billets de Chimère, Papillon, Lily, Bellesahi, et surtout Sylvie qui y a vu (et bien vu !) beaucoup d'eau ...
D'autres avis sur
Critiques Libres.
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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 06:10

La vie des autres.

Les avis étaient unanimes sur les blogs ici ou , mais on a essayé de résister un peu, beaucoup, ... pas du tout, à l'achat compulsif du dernier Arnaldur Indridason.
Polar noir On avait déjà lu tous les précédents opus, déjà tous excellentissimes, mais un de plus, ça pouvait attendre, un peu, beaucoup, ... pas du tout.
Finalement, valait mieux pas tergiverser : c'est trop bien.
Il suffit à Indridason de quelques pages, d'un seul chapitre pour vous emporter loin d'ici.
Un premier chapitre tellement bon qu'on vous le propose en version intégrale ici-même.
Alors nous voici donc embarqués de nouveau pour la lointaine et exotique Islande aux côtés de l'impossible inspecteur Erlendur, celui qui vit sur une île où la nuit dure 6 mois ...
[...] Erlendur était plongé dans sa lecture quand le téléphone sonna. Il essayait de se protéger de la clarté du soleil de mai, fidèle à son habitude. Les épais rideaux étaient tirés devant les fenêtres de son salon, il avait fermé la porte de la cuisine où il n'y avaient pas de rideaux dignes de ce nom. Il parvenait ainsi à maintenir une obscurité suffisante pour se permettre d'allumer la lampe placée à côté de son fauteuil.
Erlendur toujours obsédé par les disparitions, depuis celle de son jeune frère lors d'une randonnée tragique dans les mystérieuses montagnes islandaises.
[...]  ... cette affaire n'a donné lieu à aucune enquête criminelle. On n'en mène généralement pas sur les disparitions parce que en Islande, on ne voit rien d'étonnant à ce que les gens disparaissent. Peut-être à cause du climat capricieux. Peut-être par paresse.
Car il s'agit de nouveau d'une disparition.
Ou plus exactement d'une ré-apparition : celle d'un squelette qui dormait au fond d'un lac depuis 60 ans et qui refait surface.
 Et avec lui tout un pan de l'Histoire : celle de la guerre froide, quand les jeunes étudiants islandais aux idéaux socialistes partaient étudier en RDA et, une fois passé le rideau de fer, découvraient le communisme ... et la Stasi. La vie des autres, quoi.
Une alternance de chapitres entre la lente et laborieuse enquête d'Erlendur et ses acolytes autour du squelette remonté du lac ficelé à un vieux poste radio et ce qui s'est passé à Leipzig en ce temps là, au temps où la Stasi régnait sur les consciences.
Car ce qui intéresse Indridason ce n'est jamais le côté criminel du polar, ce sont «les gens», leurs pensées, leurs rapports aux uns et aux autres, leurs rêves ... et leurs cauchemars aussi.

Pour celles et ceux qui aiment voyager en classe polar.
Les avis d'Essel et Jean-Marc.
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4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 06:18

Conseil de famille.

Après Triste vie, et Tu es une rivière, revoici à nouveau Chi Li avec Pour qui te prends-tu ?
On reste toujours dans le néo-réalisme chinois dont cette auteure s'est faite le porte-drapeau.
Mais c'est beaucoup plus drôle que les deux précédents opus, plutôt sordides.
Ici, on est plus dans le registre ironique des Secrets d'un petit monde, dont on vient juste de parler également.
Avec la description des transformations sociales, familiales et humaines de la société moderne chinoise d'aujourd'hui : divorce, affaires, ... au travers d'une tranche de la vie de Wuqiao, héritier d'une famille d'ouvriers déchus.
[...] Le nom de mon grand-père est inscrit à tout jamais dans l'histoire de la grande grève du 7 février. Pour le Parti, pour le peuple, nous avons conduit des machines agricoles toute notre vie, et j'en suis fier ! Comme le disait le président Mao, la classe ouvrière est la classe dirigeante. Nous devons en être fiers ! Actuellement, certes ... C'est pas la joie !
- Ça suffit ! coupa Wuqiao. Tu te crois encore à la tribune.

Le pauvre Wuqiao doit consoler ses parents désoeuvrés, réconforter sa soeur en passe de divorcer et remettre sur le droit chemin son frère qui menace de tourner délinquant.
Instructive et amusante incursion chez des chinois d'aujourd'hui, même si l'on devine que beaucoup de traits d'humour échappent à nos yeux occidentaux.
De ces trois petits bouquins, Tu es une rivière reste le plus passionnant.
Pour celles et ceux qui aiment jeter un oeil chez les voisins.
Allie en parle.
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3 avril 2008 4 03 /04 /avril /2008 06:33
La librairie Mollat en parle

Paris-Trieste en classe polar.

Petite leçon d'histoire récente chez nos voisins transalpins.
Plus précisément en Istrie, cette péninsule coincée entre Italie et ex-Yougoslavie (la Croatie et la Slovénie désormais).
Là où Trieste fait face à Venise.
Une région malmenée pendant ce dernier siècle, ballotée entre les fascistes de Mussolini, les nazis d'Hitler et les communistes de Tito.
[...] Comme on le dit si bien : dans cette région on ne sait jamais quel passeport on aura le lendemain.
De cette histoire mouvementée subsistent des traces dans la mémoire des habitants : celles des massacres au cours desquels des milliers de personnes furent pourchassées et massacrées, tantôt par un camp, tantôt par un autre.
Le relief karstique de l'arrière-pays recèle, comme le Vercors ou la Chartreuse chez nous, de nombreuses failles : les foibe en patois local. Et les pratiques de cette époque sauvage voulurent que les indésirables y soient précipités, bon débarras. Que ce soit les croates pour les fascistes ou, plus tard, les italiens pour les communistes, prémices des nettoyages ethniques modernes.
Ce passé douloureux sert de toile de fond au polar de Veit Heinichen, un allemand qui vit à Trieste : Les morts de karst, on ne peut être plus clair.
[...] La seule chose qui rappelait aujourd'hui cette période, c'étaient des polémiques et, de temps à autre,  l'affreuse découverte d'une foiba encore inconnue dans laquelle avaient fini les victimes : on les y jetait mortes ou vivantes, puis on lançait des grenades et, le plus souvent, un chien noir censé incarner le mal. Rares étaient ceux qui survivaient au massacre. Jusqu'à présent on avait recensé trente foibe en Istrie et sur le karst triestin. Le nombre supposé des morts allait de cinq cents à ving mille. Aussi bien des italiens que des croates et des slovènes.
Comme dans beaucoup de polars modernes, les événements du passé ont encore des échos dans les drames actuels. Et c'est dans ce contexte que le commissaire Proteo Laurenti va mener son enquête.
Encore un flic plus à l'aise dans ses investigations professionnelles que dans sa vie privée, largué par sa femme comme par son fils.
[...] Dans la rue il pesta à voix haute. Sa femme enlevée par un agent d'assurances, son fils fréquentant un bistrot de fascistes. Et puis quoi encore ? On ne pouvait vraiment pas dire qu'il était dans une bonne phase.
On n'a pas été tout à fait convaincu par le personnage de Laurenti, une sorte de version italienne à mi-chemin entre l'Adamsberg de Fred Vargas et le Wallander de Henning Mankell, mais ce bouquin a l'évident mérite de nous dévoiler tout un pan d'histoire-géo méconnu et peu enseigné (ou alors on dormait près du radiateur).
Ça mérite un second épisode.


Pour celles et ceux qui aiment réviser leur Histoire.
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2 avril 2008 3 02 /04 /avril /2008 06:32
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L'élégance du hérisson pékinois.

 Ye Mang est le pseudonyme de Peng Xingguo, un auteur chinois contemporain connu pour ses peintures satiriques des travers de la société chinoise : corruption, favoritisme, détournements de fonds, mercantilisme, ...
Avec Les secrets d'un petit monde nous voici plongés dans le quotidien des habitants d'un immeuble de Beijing, le Grand Pavillon jaune (ironique référence au célèbre Pavillon rouge, celui du rêve), à la suite de Wang Yongle, l'homme à tout faire chargé de l'entretien de l'ascenseur défectueux, des fuites des salles de bain, et de tout ce qui fait défaut après que le promoteur se soit sucré sur le coût de la construction.
Wang Yongle a donc l'occasion de s'introduire régulièrement chez les habitants, dont un écrivain qui doit beaucoup ressembler à Ye Mang lui-même.
[...] - À propos, qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Pour être franc, vous me semblez un peu pédant.
Quand je lui eus appris mon métier, il éclata de rire.
- Alors comme ça, monsieur est écrivain ! Pas étonnant que vous soyez toujours fourré à la maison ! Vraiment, on est au grand complet au Grand Pavillon jaune : des rédacteurs, des traducteurs, des journalistes et pour couronner le tout, un écrivain. [...] Si jamais il y a une coupure d'eau ou de courant, c'est vous que je chargerai d'écrire l'avis.
J'éclatai de rire à mon tour.

Car l'ami Wang Yongle a la langue bien pendue et, véritable moulin à paroles, il ne mâche pas ses mots et remet très vite chacun à sa place.
Ce concierge pékinois serait un peu comme un lointain cousin asiatique de Renée, la concierge de Muriel Barbery.
On suit donc toute cette petite population pendant une centaine de pages très rapidement lues, avec même une presqu'intrigue policière, lorsque la toute nouvelle voiture d'une concubine de politicien véreux, dont l'antivol hurle toutes les nuits, se voit écrabouillée par un mystérieux projectile.
Bien sûr on aura compris que les secrets ici dévoilés ne sont pas tant ceux du Grand Pavillon jaune que ceux de la société moderne pékinoise.


Pour celles et ceux qui aiment les voyages par les livres.
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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 07:19
Pitou en parle
L'assommoir.

Kenneth Cook nous retourne la tête en bas, chez nos voisins des antipodes, en Australie, le pays «down under» comme on dit là-bas.
Avec son troisième roman traduit en français, À coups redoublés, plutôt que tête en bas, c'est plutôt tête en vrac.
Tout se joue dans un pub-resto-pub-hôtel-pub-bordel-pub de la lointaine banlieue de Sydney entre quelques personnages : Mick le tenancier
obèse du pub-resto-pub-... qui frelate discrètement ses doses de whisky aux côtés de sa grosse femme et de son gros chat, Peter un jeune gringalet qui espère bien séduire ce soir une jeune fille facile avec sa chemise et sa moto et John qui travaille du merlin à l'abattoir avant de venir se soûler au pub-resto-pub-... de Mick.
Chaque chapitre de ce petit bouquin (à peine plus de 100 pages) s'ouvre sur les minutes d'un procès. Car procès il y aura. Puisque victime il y aura.
Et chaque chapitre nous replonge dans ce qui s'est passé ce soir-là.
Pour décrire la beuverie du samedi soir quand tout le monde vient au pub-resto-pub-... de Mick écluser bières sur bières et autres alcools. Draguer et baisouiller. Castagner un peu aussi.
Sauf que ce soir-là, ça a mal tourné.
Ça ne pouvait que mal tourner. On le comprend dès les premières pages du bouquin. Quand Mick empoigne sa batte de base-ball dès qu'un client s'échauffe un peu. Quand John rentre de l'abattoir déjà ivre du plaisir qu'il a pris à assommer ses boeufs au merlin. Chronique annoncée d'une bagarre qui va mal finir.
Mais il faudra attendre la toute dernière page pour savoir qui a pris le coup fatal et ce bouquin pourrait bien figurer au rayon polars.
Sauf qu'il s'agit d'une étude de moeurs. L'étude sans concession de la profonde noirceur des moeurs des compatriotes de Kenneth Cook qui nous plonge la tête en bas dans un abime de bêtise, dans un gouffre de beaufitude.
L'immensité des territoires australiens et l'immensité du vide des vies de ces gens-là semblent propices à l'épanouissement de l'immensité de la bêtise la plus crasse. C'est noir et c'est froid.
Précisément, ce froid c'est aussi celui de l'écriture de K. Cook qui nous raconte tout cela du ton détaché de l'entomologiste qui vous montre la mouche qui tourne en rond dans son bocal jusqu'à se péter la figure sur le verre (de bière). Plus aucune humanité dans les personnages (tout est parti dans les chiottes en pissant la bière) mais plus d'humanité non plus dans l'écriture.
[...] Comme deux chiens qui s'entretuent pour établir leur suprématie, puis, une fois le vainqueur désigné, réalisent qu'ils n'ont plus besoin de se battre. Le chien dominant garderait toujours aun air de supériorité envers le vaincu et resterait mal disposé à son égard, allant même jusqu'à lui montrer les dents à l'occasion, mais ils ne se battraient plus et cette certitude provoquait un certain réconfort chez les deux bêtes.
C'est noir, c'est froid et c'est terriblement désabusé.
Ce manque d'humanité résonne de façon glaciale dans l'immensité australienne.
Paradoxalement, l'écriture déshumanisée nous éloigne un peu plus de ces personnages lointains. Et ça nous touche moins.
Reste un pamphlet à distribuer gratuitement dans les débits de boisson ...


Pour celles et ceux qui aiment le noir et la bière.
Pitou en parle très bien, Cathe aussi.
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20 mars 2008 4 20 /03 /mars /2008 06:37
AmazonAmazon On avait déjà eu l'occasion de parler de la japonaise Yoko Ogawa, avec L'annulaire et plus récemment avec La petite pièce hexagonale.
Revoici la reine de l'étrange avec deux recueils de nouvelles parus simultanément l'an passé : La bénédiction inattendue et Les paupières.
Les nouvelles des paupières mettent en scène des rencontres : un passager dans un avion, une vieille femme qui vend des légumes, un vieux célibataire et une écolière, ou encore une collectionneuse d'odeurs.
Les nouvelles de la bénédiction ont pour thème récurrent l'écriture, et Yoko Ogawa s'y met elle-même en scène : l'une des nouvelles raconte comment l'inspiration lui est venue pour écrire une nouvelle de l'autre recueil et ainsi la boucle est bouclée.
Ces deux recueils qui se reflètent l'un dans l'autre sont tous deux excellents et l'auteure y maîtrise parfaitement l'art de l'étrange, du bizarre, de l'insolite. La moindre des situations banales et quotidiennes prend très vite sous sa plume des allures inquiétantes, sans que l'on sache trop où cela va nous mener.
[...] - Il y a quelqu'un qui nous épie.
- Ce n'est pas grave, disait-il, comme s'il le savait depuis longtemps. C'est le hamster. C'est lui qui nous observe. Il a fallu lui enlever les paupières à cause d'une maladie des yeux, et il ne peut plus les fermer.
Et ses doigts arrivèrent à mes yeux. Ils se promenèrent à loisir sur mes paupières.

Comme si Yoko Ogawa avait l'art et la manière de déceler dans notre quotidien les fissures, les failles entre notre monde et un autre qui se déploie juste à côté, sous les yeux de ceux qui savent regarder, un monde parallèle.
Pendant un moment, le temps d'une petite nouvelle, on oscille ainsi entre deux univers, sans jamais basculer de l'autre côté, mais sans jamais revenir tout à fait intact de notre côté.
Si vous avez déjà la chance de connaître Yoko Ogawa ne manquez pas ces deux recueils.
Sinon, ne ratez pas l'occasion de découvrir à travers ses deux meilleurs bouquins une figure incontournable de la littérature japonaise contemporaine.
Malgré les évidents jeux de miroirs entre les nouvelles de l'un et l'autre, ces deux livres peuvent bien sûr être lus indépendamment l'un de l'autre.

Pour celles et ceux qui aiment jeter un oeil de l'autre côté du miroir comme Alice.
Cuné a lu La bénédiction.
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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 06:12
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Ce qu'on appelle broder une histoire.

Mais pourquoi donc les auteurs modernes français s'obstinent-ils à Goncourir pour la prose la plus tarabiscotée ?
Voilà donc Jeanne Bénameur sur le podium aux côtés de Philippe Claudel, Tanguy Viel, Muriel Barbery et quelques autres.
[...] Elle dresse les yeux comme un chien sans flair tente vainement de suivre une trace. Quelque chose disparaît. La lumière a manqué. Une fois encore, la mère et la fille ont failli à la lueur dernière. Une fois encore, la petite se sent de trop dans la poussière, devant la porte. Rien n'ira plus bas que la terre.
Soyons indulgents, cette fois, Jeanne Bénameur aurait un alibi : son phrasé alambiqué désarçonne mais c'est (peut-être) pour mieux nous faire pénétrer dans l'esprit tordu de deux «abruties», deux idiots du village comme on dit.
Deux idiotes en l'occurrence : la mère et la fille, Les demeurées.
Et puis fort heureusement, au bout de quelques pages (l'opuscule n'en compte que 80), ça se calme un peu, à moins que l'on s'habitue.
Et la prose savante s'efface un peu pour laisser place à l'histoire. À l'humanité.
Car c'est une histoire poignante, comme on dit.
L'histoire d'une gamine accrochée à sa mère et d'une mère cramponnée à sa fille, car ces deux-là n'ont qu'elles deux pour survivre.
L'histoire d'une gamine que l'institutrice du village, Mademoiselle Solange, se met en tête d'amener à la lecture (Jeanne Benameur a été prof).
Et c'est là que ça se complique.
[...] Dès que les paroles claires de Mademoiselle Solange menacent de pénétrer à l'intérieur d'elle, là où toute chose pourrait se comprendre, elle fuit. D'une enjambée muette, elle se niche où le plâtre du mur se délite, au coin de la grande carte de géographie, près du bureau. Entre les grains usés, presque une poussière, elle a sa place. Elle fait mur. Aucun savoir n'entrera. L'école ne l'aura pas. Elle demeure. Abrutie comme sa mère.
Et sur le chemin de la maison, l'enfant récalcitrante recrache littéralement ses leçons, tous les mots appris de l'instit, pour être sûre qu'ils quittent sa tête.
Car la petite sait bien que ces mots risqueraient de l'arracher à sa mère. Et les deux demeurées veulent demeurer ensemble.
Qui de l'enfant têtue ou de l'institutrice obstinée aura gain de cause ?
On ne vous le dira pas bien sûr, d'autant que la réponse n'est pas si simple et que ce petit bouquin recèle quelques surprises.
On tient là une très belle histoire, un joli conte de Noël, s'il n'était pas si triste, si dur parfois.
Et surtout une très belle histoire de « mots », avec de quoi ravir tous les amoureux des livres et de la lecture.

Pour celles et ceux qui aiment les mots et les broderies.
Sylvie et Calou en parlent.
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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 07:00
D'autres avis sur Critiques Libres
Ce qu'on appelle broder une histoire.

On avait été enthousiasmé, esbrouffé, estomaqué par la puissance d'un petit texte de Katherine Kressmann Taylor : Inconnu à cette adresse, entendu au théâtre puis lu sur papier.
Alors bien sûr on a voulu rempiler avec cette dame à la belle écriture.
Ainsi rêvent les femmes et Ainsi mentent les hommes sont deux recueils de nouvelles.
On a choisi la version au masculin : Ainsi mentent les hommes.
Ainsi «se» mentent les hommes ou les femmes, ce pourrait être le titre de ces quatre nouvelles : Humiliation, Remords, Mélancolie et Solitude, le ton est donné.
Une écriture à l'ancienne (ça date de 1953), à l'anglo-saxonne (la dame est américaine), au charme un peu désuet mais qui cache une terrible violence.
Celle faite aux êtres : la tyrannie d'un père, le sadisme d'un prof, l'étouffement d'une famille, le désespoir de l'âge, ...
Et sous l'apparence anodine de quelques dialogues châtiés, la mort nous frôle à chaque page.
Alors on se réfugie dans le mensonge, seule échappatoire possible.
On est quand même resté un peu sur notre faim, mais il faut avouer qu'il est bien difficile de soutenir la comparaison après l'exceptionnelle correspondance d'Inconnu à cette adresse.
La dernière nouvelle (Solitude) mérite quand même le détour : une vieille dame dans le besoin, son vieux mari est malade, vient faire des ménages chez un couple bourgeois.
La vieille dame se raconte à la maîtresse de maison.
La vieille dame se raconte des histoires sur un passé meilleur.
[...] « Cette année-là, à Aix, nous avons vu Cézanne plusieurs fois. Il paraissait si vieux. Je suis sûre qu'il ne se doutait pas qu'il allait mourir si peu de temps après. Il m'a montré des choses tellement merveilleuses sur les couleurs, et sur les formes aussi. Je peignais, en ce temps-là, voyez-vous. »
Ainsi mentent les hommes pour échapper à leur misérable condition.
Mais est-ce aussi simple que cela ? Non, bien sûr ...

Pour celles et ceux qui aiment les mots et les broderies.
InColdBlog et BiblioBlog en parlent, d'autres avis sur Critiques Libres.
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8 mars 2008 6 08 /03 /mars /2008 06:55
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Tintin au Tibet.

 Enfin non, pas Tintin au Tibet mais plutôt La copine de Tintin au Tibet.
Puisque ce petit polar met en scène une détective amatrice, une jeune étudiante. Ça me rappelle la Bibliothèque verte (tiens, même couleur) et la série des Alice, détective !
La comparaison s'arrête là, car c'est le Tibet d'aujourd'hui, envahi par les chinois et convoité par les indiens.
On retrouve donc les éditions Kailash dont on avait déjà parlé ici même avec un chinois : Petit marché, double bonheur.
Une édition toujours aussi cheap, avec mauvaise reliure, mauvais papier et fautes de frappe (pour ne pas dire d'ortograf). Mais bon, à force, ça fait couleur locale.
Cette fois avec Le mystère des cinq stupas, la collection Mystère et boule d'opium (j'invente rien) nous emmène sur le versant indien du Tibet, sous la plume d'un ... alsacien, Bernard Grandjean.
Nous voici au pied des sommets de l'Himalaya, près du monastère de Tashi Chöling, non loin de Dorje Ling (Darjeeling) et de Mysore (le pays du yoga de MAM : le ashtanga yoga), dans l'état du Sikkim coincé entre le Bouthan et le Népal, entre la Chine et l'Inde.
Là où le thé au beurre de yak ne faillit pas à sa réputation :
[...] À cet instant un moinillon portant une énorme théière de cuivre entra dans la pièce at aussitôt l'entêtante odeur de moisi qui y régnait fit place au puissant parfum du thé salé. Betty chercha du regard le trou du plancher qui lui permettrait de vider discrètement sa tasse, car malgé son année entière d'apprentissage, elle n'avait jamais pu se faire à la boisson nationale des Tibétains. À défaut de trou, elle repéra près de la fenêtre un pot de géraniums qui pourrait faire l'affaire.
Mais derrière l'exotisme de pacotille pour jeune étudiante occidentale en vacances, se cachent des drames bien plus sérieux.
Même si l'on doit prendre un peu de distance avec l'obscurantisme des moines tibétains (comme d'ailleurs de tous les moines en général), force est de constater que le Tibet est un pays où les parents sont prêts à exiler eux-mêmes leurs propres enfants pour qu'ils échappent aux écoles chinoises et puissent préserver, à l'étranger, leur culture.
[...] Tout le monde, y compris l'opinion internationale, sait que de nombreuses familles tibétaines font passer leurs enfants en Inde et au Népal, afin qu'ils échappent à la sinisation et soient instruits dans la langue et la tradition de ce qui fut leur patrie. Invoquer des trafics de main d'oeuvre était un prétexte bien dérisoire pour justifier la reconduite à la frontière, et ainsi ne pas indisposer le gouvernement chinois ...
Stûpa by night Trafic d'enfants et tension indo-chinoise à la frontière (et quelle frontière ! à plus de 6.000 mètres !) servent de toile de fond à cette petite enquête. Un voyage intéressant au pays des stûpas (ou chortens ou encore mchod-rten).
Une prolongation amusante du Cercle du karma, lu récemment.


Au passage, un peu de réclame pour le site d'une amie (Marie) qui organise un soutien aux populations du Tibet au travers d'une association Lab Dra Khampa.
En Tibétain, Lab Dra signifie "école" et Khampa sont les habitants de la région du Kham.
Pour celles et ceux qui aiment les voyages par les livres.
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On A Tout Rangé