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On A Tout Archivé

22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 09:29

Black power.

Attica Locke, comme elle le dit elle-même dans une petite post-face bien sympathique, est née juste après les événements sanglants de la prison d'Attica. En 1971, la révolte des détenus d'Attica résonnait comme l'un des derniers échos de l'époque des Black Panthers.
Les parents d'Attica Locke avaient grandi dans cette mouvance d'activisme black.
Polar noir
Et le bouquin de leur fille, Marée Noire, rend hommage à toute cette époque révolue, entre les regrets d'avoir un peu oublié la Cause(1), le témoignage socio-politique du passé et la nostalgie.
Le résultat de ce mélange (réussi) est un polar "noir" dans tous les sens du terme.
L'histoire a lieu de nos jours à Houston, Texas, et Jay, un petit avocaillon, est encore traumatisé par ses années d'activiste. Poursuivi par divers procès (à une époque où il fallait éviter les snipers du FBI qui n'hésitaient pas à rendre justice eux-mêmes), il a fini par abandonner la cause et traîne désormais dans les bas quartiers de Houston aux côtés de sa gentille épouse enceinte jusqu'aux yeux.
Malheureusement, il va se retrouver au mauvais endroit et au mauvais moment : dans les eaux noires du bayou, le voilà avec sur les bras (littéralement) une blonde qui, apparemment, vient d'échapper de justesse à un mauvais sort. 
Et les ennuis vont (re)commencer. Pendant plus de 400 pages, les emmerdes vont pleuvoir sur Jay.
[...] Les éléments de cette histoire, les dernières vingt-quatre heures de sa vie s'étalent devant lui comme les morceaux hétéroclites de son téléphone cassé, des fragments qui ne collent pas ensemble, qui n'ont aucun sens : un homme qui lui remet des liasses de billets pour qu'il se taise au sujet d'un meurtre qu'il n'a pas vu. Il peut prendre le problème par m'importe quel bout, ça reste une sale affaire.
La grève fait la une du journal.
Voilà un livre bien intéressant. Parce que c'est un bon polar. Parce que c'est bien écrit. Parce que Attica Locke y retrace toute une période trouble de l'histoire US(2). Parce que le passé de Jay va se mêler à la revendication sociale des dockers de Houston, le tout sur fond de magouille pétrolière.
Le mélange à première vue surprenant est plutôt réussi et chacun des ingrédients y est justement dosé.
_________________________
(1) : les parents d'Attica Locke, comme bon nombre d'activistes de l'époque, ont finalement fait carrière comme on dit (avocat, agent immobilier, ...), à l'instar de nos soixante-huitards
(2) : de ce côté-ci de l'Atlantique on s'intéressait plus à la guerre du Vietnam qu'à la cause des noirs américains.

Pour celles et ceux qui aiment les histoires en noir et blanc.
C'est Gallimard qui édite ces 440 pages qui sont traduites de l'anglais par Clément Baude. 
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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 07:38

Fait divers.

Voilà bien longtemps qu'on avait ajouté un opuscule à notre liste des minuscules.
Avec Nagasaki, Eric Faye apporte donc ses quelques pages à notre pile des petits volumes qui se lisent en une heure ou deux.
Les autres opusculesS'inspirant d'un fait divers paru dans la presse nippone, Eric Faye nous relate une étrange histoire.
C'est d'abord l'histoire de la solitude (avec un grand S) de Shimura-san.
La cinquantaine bien tassée, seul chez lui (jamais marié visiblement), il ne fréquente pas ses collègues de travail et sa famille ne le visite guère, pour ne pas dire plus du tout. Aucune passion. Rien. Le vide total.
La routine tram-boulot-dodo.
Depuis quelque temps des événements étranges perturbent ce quotidien trop bien réglé.
Un yaourt manque à l'appel dans le frigo. Un autre plus tard. D'autres bricoles de ci, de là, tant et si bien que, pour en avoir le coeur net, Shimura-san note dans un cahier tout ce qu'il range et qu'il ne retrouve plus à sa place.
Alors qu'on s'apprêtait à embarquer pour une histoire effarante de folie fantastique à la Kafka, voilà que Shimura-san installe une web-cam pour surveiller son terrier depuis son bureau et qu'il découvre bien trop vite le lutin qui commet ces larcins.
[...] Il faut vous dire, monsieur Shimura, mais vous l'avez sans doute compris depuis un moment, que cette cette femme a vécu chez vous près d'un an à votre insu, dans cette pièce où, comme elle l'avait constaté, vous n'alliez pas. Oui, près d'un an. Elle n'avait pas élu domicile uniquement chez vous, notez bien. Elle avait deux autres adresses où dormir incognito, de temps à autre.
Voilà qui éclate comme une bombe atomique dans l'univers impeccable de Shimura-san.
Cela arrive trop vite et même déçu, on est alors prêt à repartir pour une autre histoire, celle de la rencontre de ces deux êtres, celle de la solitude et de la vie trop bien réglée de Shimura-san enfin brisées. Mais non.
C'est évoqué bien sûr, mais ces deux solitudes ne se croisent que quelques instants, l'espace d'un regard. C'est tout. Finalement chacun retombe sur ces pattes.
Parfois la distance, l'absence d'émotion immédiate, la froideur apparente de l'écriture, donnent des romans d'autant plus forts, mais ici ce n'est malheureusement pas le cas et malgré la belle écriture fluide d'Eric Faye, il faut bien avouer que l'on reste sur notre faim. Avec le sentiment d'être passé juste à côté d'une belle histoire.

Pour celles et ceux qui aiment les courts romans ou les longues nouvelles.
C'est Stock qui édite ces 108 pages qui datent de 2010.
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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 06:38

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Un voisin encombrant ...

Polar Après La maison où je suis mort autrefois, voici le premier bouquin du japonais Keigo Higashino : Le dévouement du suspect X.

Encore une bien étrange histoire, un polar nippon plein d'étrangeté.

Séparée de son ex, Yasuko vit seule avec sa fille. Jusqu'ici elle fait à peine attention à son voisin, Ishigami, un prof de maths.

Un soir l'ex débarque, ça se passe pas bien et plus ou moins accidentellement, Yasuko et sa fille tuent le vilain bonhomme. Mais elle peut compter sur son aimable voisin prof de maths qui accourt et propose de façon fort sympa de débarrasser le corps et de bâtir un alibi en béton à la jeune femme.

Une offre qu'on ne refuse pas.

Bien sûr il y aura enquête. Les flics japonais sont aussi soupçonneux que chez nous, surtout dans les bouquins de Keigo Higashino. Tout ça leur semble louche.

Et puis l'un des inspecteurs fréquente un prof de physique, ancienne connaissance du prof de maths (ça va, vous suivez ?). Et c'est bientôt une espèce de duel intellectuel, de partie d'échecs, prof de maths contre prof de physique : alibi or not alibi, that is the question.Polar

On raconte ça à la légère parce qu'il est difficile de retraduire l'étrange oppression qui émane de ce bouquin très japonais.

[...] Elle n'avait aucun mal à imaginer qu'Ishigami soit rongé de jalousie [...]. Les sentiments qu'il avait pour elle étaient indiscutablement la raison pour laquelle il l'avait aidé à dissimuler le crime et continuait à les protéger, elle et sa fille, de la police. [...] Grâce à Ishigami, Yasuko semblait en passe d'échapper à la police pour le meurtre de Togashi. Elle lui en était reconnaissante. Avait-il dissimulé le crime pour la contraindre à passer le reste de ses jours sous sa surveillance ?

Tout cela semble cousu de fil blanc. Une certaine naïveté imprègne le récit (tout comme l'histoire de La maison, l'autre ouvrage de Keigo Higashino). Mais bien sûr l'auteur se joue de nous et la fin nous réserve quelques surprises !

Ne voyant que ce qu'il ne fallait pas regarder, on était passé à côté de l'essentiel, comme les flics : c'était justement tout l'art du prof de maths (et de Keigo Higashino) et de son alibi qui n'avait pas l'air d'un alibi !

Des deux bouquins de Keigo Higashino, BMR a préféré La maison, MAM Le suspect : alors prenez l'un ou l'autre et passez un bon moment en l'étrange compagnie de Keigo Higashino et de ses polars à la Edgar Allan Poe(1).

___________________________________

(1) : dans cette histoire, un cadavre est retrouvé au bord de la rivière Edo à Tokyo, Edogawa en VO ... rappelons que Edogawa Ranpo est une phonétique japonaise pour Edgar Allan Poe et le pseudonyme de Hirai Tarô, l'Agatha Christie du polar japonais.


Et c'est donc toujours Actes Sud qui édite ces 316 pages parues en 2005 en VO et traduites du japonais par Sophie Refle.

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 12:21

Un J.E. Hoover suédois ?

La nuit du 28 février de Leif GW Persson, voilà bien un polar scandinave qui sort de l'ordinaire.
Un pavé de 735 pages, une curiosité réservée aux fans d'Histoire, de Suède et d'Histoire de la Suède.
On y croise toutes sortes de personnages aux noms indémêlables.
Polar noir
Et notamment un clone nordique de John Edgard Hoover qui rêve de bâtir un FBI suédois sur le modèle de la Stasi.
[...] Grâce à ses connaissances historiques et à ce qu'il savait sur les services étrangers de renseignements, Berg avait élaboré une stratégie quant à la façon de développer cette nouvelle activité. Son but ultime était un service secret, voire une organisation toute entière échappant à tout contrôle démocratique, qui surveillerait non seulement la DST elle-même mais aussi les activités dites officielles au sein de la police, de l'armée ainsi que de tout autre organisme ou groupe, public ou privé, dont les activités risquaient de mettre en danger le pouvoir politique.
Ben voyons. Alors bien sûr quand les socialistes et Olaf Palme (une sorte de Mitterrand local) et ses partenaires arrivent aux commandes, ça brasse un peu. Quoique.
Même s'il y a une victime qu'on semble bien avoir suicidée par défenestration, ce n'est pas tout à fait un polar, pas tout à fait un roman historique, il n'y a même pas véritablement de héros, juste toute une série de portraits, pas toujours flatteurs pour la gente masculine du royaume.
Avec quelques piques d'humour typiquement suédois :
[...] C'était un vrai policier, à la différence de ces amateurs d'opéra qui semblaient peupler les commissariats imaginaires de Suède, d'Ystad à Haparanda. (et toc, Mankell si jamais tu me lis ...)
Un drôle de bouquin, peut-être le plus américain des polars nordiques, où le hareng aurait remplacé la saucisse sur le BBQ.
Et puis une traversée éclair des années récentes de la Suède, pays trop méconnu, on ne le répètera jamais assez :
[...] En ce qui concernait la Suède, les années ayant suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale pouvaient, du point de vue de la politique de sécurité, être comparées à la traversée d'un lac sur une glace datant de la veille.
Qu'allait inventer le grand voisin oriental ? Derrière cette question se dissimulaient près de quatre siècles de guerres continuelles et de conflits politiques avec l'ennemi héréditaire russe. [...] Pas question, non plus, de se jeter dans les bras de l'Occident. D'abord parce que celui-ci n'avait rien à faire de la Suède , il avait d'autres chats à fouetter et personne n'avait encore oublier la façon dont les Suédois avaient collaboré avec les nazis.
Un peu longuet mais instructif.
Avec en prime la solution (!) du mystère de la mort d'Olaf Palme, assassinat qui est à la Suède ce que celui de Kennedy est aux US.

Pour celles et ceux qui aiment les histoires avec de l'Histoire dedans.
Le Livre de Poche édite ces 735 pages qui datent de 2002 en VO et qui sont traduites du suédois par Philippe Bouquet. 
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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 08:26

Apartheid.

BMR & MAM, deux baobab-coolEncore un polar sud-africain. Original et plutôt bien écrit. La nuit divisée de Wessel Ebersohn.
Original parce que, entre autres choses, le personnage principal, le 'héros' est un psychologue juif qui travaille occasionnellement avec la police.
Un jour on lui refile un patient encombrant : un afrikaner qui tient une boutique minable dans un quartier minable de Jo'burg. Le vieux bonhomme a la fâcheuse habitude de laisser tout exprès la porte de sa boutique ouverte la nuit. De quoi tenter sinon le diable, du moins les pauvres bougres bantu du quartier qui tentent de venir chiper quelque chose pour améliorer leur triste ordinaire. Et le vieux fait un carton à chaque fois. 
Polar noir
En état de légitime défense, Votre Honneur.
L'Afrique du Sud à cette époque (on est à la toute fin des années 70, dans les dernières années de l'apartheid) est encore un pays où l'on ne condamne pas un blanc qui défend son bien (et même sa vie, Votre Honneur) contre d'affreux bantous(1). Alors le vieil épicier continue son manège, et c'est tout juste s'il doit se soumettre à quelques visites à notre psychologue de service.
Les choses se compliquent quand on apprend qu'il y a eu un témoin du dernier carton du vieux bonhomme. Et que ce témoin est un 'communiste' (un rouge, donc noir aussi hein) activement recherché par la Sécurité.
Et en Afrique du Sud tout le monde, blancs comme noirs, a peur de cette Sécurité toute puissante qui marche dans les traces de sa soeur aînée, la Gestapo.
[...] Il se demanda un instant s'il préférait tomber dans les mains des habitants de Soweto ou dans celles de le police de la sécurité. La réponse était évidente. Il préférait de loin les habitants de Soweto.
Si vous vous souvenez, on avait déjà parlé de cette Security Branch avec un autre polar, de Malla Nunn.
Yudel Gordon(2) se rend bientôt compte que sa pratique médicale sera insuffisante pour arrêter les pulsions meurtrières de l'épicier.
Et le voilà en train de mener son enquête tout en essayant de naviguer maladroitement entre les différents écueils (l'enfer est pavé de bonnes intentions, même pour les juifs d'Afrique du Sud visiblement) et l'on découvre au passage quelques aspects intéressants (sombres mais intéressants) de ce pays gangrené(3) qui n'était pas encore devenu ... une nation arc-en-ciel.
_________________________
(1) : le bouquin a été écrit 'à chaud' en 1981 et Wessel Ebersohn dû même s'éloigner de son épouse pour lui éviter trop de tracasseries policières et pouvoir finir son roman
(2) : c'est le nom du juif psychologue, héros récurrent de plusieurs romans de Wessel Ebersohn
(3) : le vieil épicier qui joue facilement du fusil est justement bouffé peu à peu par la gangrène, bientôt il ne pourra plus appuyer sur la gâchette ...

Pour celles et ceux qui aiment les histoires en noir et blanc.
C'est Rivages/Noir qui édite ces 267 pages qui datent de 1981 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Hélène Prouteau. 
D'autres avis (mais pas beaucoup) chez Babelio.
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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 05:16

Tijuana blues.

William Memlouk est un spécialiste français du jazz.
Mingus mood est son premier roman.
Une sorte de biographie romancée du contrebassiste Charlie Mingus.
Plus exactement un hommage à ce musicien, réputé autant pour sa musique que pour son sale caractère.
Personnellement on n'était pas fan de jazz et on a eu beau jeter de nouveau une oreille sur quelques disques de Charlie à l'occasion de ce bouquin, cette lecture n'a pas changé notre écoute.
Mais cela ne nous a pas du tout empêché d'apprécier une superbe écriture.
Car ce premier roman est un sacré coup de maître.
Racontés par la voix d'un vieil ami de Charlie Mingus qui serait interviewé dans les années 80 juste après la mort de Charlie, les souvenirs, les errances, les douleurs, les concerts, les beuveries, les colères, les musiques, les compagnons ... et l'ombre des compagnes, de Charlie Mingus défilent sous nos yeux depuis les années 50.
http://carnot69.free.fr/images/coeur.gifL'épine dorsale du récit est une rupture amoureuse de Charlie à New-York. Pour fuir ses douleurs et ses démons, il entame un road-blues avec quelques compagnons de scène jusqu'à Tijuana à la frontière mexicaine. Cela donnera l'album Tijuana Moods.
[...] Figés dans un état de veille engourdi, je me souviens que nous laissions ainsi courir au rythme de ce décor - sans vie, sans eau, sans âme - nos pensées déliquescentes. En réalité, nous étions tous les cinq tributaires de la chaleur ... une chaleur hallucinatoire, lourde et lascive qui tombait du ciel comme la neige en hiver.
Pour redonner un peu de consistance à nos corps, à nos consciences assoupies, je me souviens que l'un des musiciens décida d'ouvrir une bouteille de gin. Nous la fîmes circuler de mains moites et mais moites, y puisant à chaque rasade toute la fraîcheur qu'elle était en mesure de nous apporter.
Charlie Mingus boxe sa contrebasse comme il boxe la vie et cette histoire est celle d'un révolté, celle d'un écorché, celle d'un musicien atteint de folie artistique, celle d'un homme et de ses amours impossibles, ...
Car Charlie Mingus est noir ... et l'amour qu'il fuit est celui d'une blanche.
[...] Je lui demandais soudain si nous nous rendions à Tijuana pour elle, et d'un timbre sans éclat il me répondit :
- Ouais, pour elle ... pour l'oublier.
[...] J'ai d'autres combats à mener ... des combats aux enjeux plus profonds, plus larges que l'amour ... et vous savez que pour concevoir ces combats, pour les accomplir, il me faut de la violence et du dépit ... de la haine, de la haine et du désordre.
On est à la fin des années 50 (Martin Luther King n'a pas encore eu son rêve) et Charlie est révolté par la place laissée aux noirs et à leur musique. Cette musique qui est à la fois son refuge, sa revanche et la seule façon qu'il a trouvée d'extérioriser ses démons intérieurs.
[...] Charlie l'arrogant, Charlie l'impoli, Charlie l'indomptable qui avait eu le malheur de naître noir et de n'être rien.
[...] Et si je vous disais que ce désordre m'inspire, qu'il coule en moi comme un putain de poison qui me nourrit, qui m'alimente ...
Un roman très 'américain'.
De très belles pages sur cet homme tourmenté et la musique qu'il laissa derrière lui.

Pour celles et ceux qui aiment les artistes.
C'est Julliard qui édite ces 244 pages qui datent de 2011. 
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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 06:53

Néo-néo-colonialisme.

BMR & MAM, deux baobab-coolAprès un étrange Indridason islandais, voici une autre curiosité avec ce déroutant Mankell suédois. Et ici, avec Le Chinois, on ne peut guère accuser l'éditeur de récupérer des fonds de tiroir pour surfer sur la succès de romans plus récents : le bouquin date de 2008 et résonne presque comme, sinon un testament, du moins un témoignage de notre fameux Henning Mankell.
Polar noir
Ça commence plutôt bien avec un massacre inexplicable dans un petit village suédois. Tout le village y est passé, plusieurs maisons, plusieurs familles.
Et puis comme Indridason, Mankell abandonne son Wallander fétiche et nous voici accrochés aux basques de deux dames : une fliquette un peu bourrue(1) et une juge qui voudrait en savoir plus (elle a de vagues relations familiales avec les victimes de l'une des maisonnées du village).
Mais bien vite Mankell abandonne les traces de la fliquette (dommage, on s'y attachait) et nous emmène ... à la fin du XIX° siècle avec les coolies chinois (joli mot pour esclave, non, coolie ?) qui construisaient le chemin de fer de l'Oncle Sam.
Une échelle de valeurs assez rigoureuse régit alors la société progressiste américaine de l'époque : tout en bas les noirs, un peu au-dessus (à peine) les chinois et juste un cran plus haut, les rares indiens qui restent. Les contremaîtres viennent d'Europe, parfois de Suède. Alors oui, on comprend bien vite que le massacre de 2008 est certainement une vengeance posthume (plusieurs fois posthume) de la famille San.
Ces chapitres de chinoiseries western ne sont pas les meilleures pages de Mankell, disons-le. On se demande bien pourquoi on s'enlise ainsi dans ce long flash-back pas très heureux. Plus tard il emmènera même la juge suédoise à Pékin pour d'autres chinoiseries plus modernes mais pas mieux venues. Alors quoi ?
Où veut-il en venir l'ami Mankell ? Parce qu'on se doute bien qu'il y a hareng sous la Baltique ...
On le connaissait amoureux de l'Afrique en général et du Mozambique en particulier, alors qu'est-il venu faire en Chine ?
Et puis bientôt on découvre enfin le véritable propos de ce bouquin. Qui finira évidemment au Mozambique. Ah !
Le bouquin ne mérite guère l'étiquette de polar, l'intrigue policière n'est qu'un vague prétexte vite délaissé, le roman de Mankell est presqu'un essai de géopolitique (on avait dit : testament ou témoignage).
Sa thèse nous montre les chinois d'aujourd'hui (ou de demain matin) prêts à néo-coloniser les terres d'Afrique pour y déporter(2) leurs trop nombreux paysans pauvres que le modèle socio-économique chinois peine à satisfaire. L'Afrique personne n'en voulait plus, l'Empire du Milieu a des paysans à ne plus savoir qu'en faire, l'équation est simple.
Depuis 4 ou 5 ans, la vente de terres agricoles à des états ou consortiums étrangers explose en Afrique : l'Egypte achète des terres en Ouganda et au Soudan, Daewoo a failli obtenir un leasing sur la moitié de Madagascar, l'Italie et la Malaisie rachète l'Ethiopie, la liste s'allonge de jour en jour ...
Les cultures sont généralement extensives et destinées ... à l'exportation, évidemment. Les éthiopiens n'auront pas plus de riz qu'avant. Peut-être un peu de travail (donc un misérable salaire pour ... racheter trop peu de leur propre riz ?) sauf si la thèse de Mankell se vérifie et que même les paysans sont chinois ...
Bien sûr on comprend bien que Mankell cherche de bonne foi à défendre 'son' Afrique contre une troisième vague de colonisation(3) mais malgré ses 500 pages, sa thèse a vraiment des relents nauséabonds de péril jaune(4) et la démonstration est vraiment un peu courte.
Dommage, car le sujet est vraiment passionnant et au coeur de l'actualité mondiale, donc désormais de notre actualité : on peut lire ce court article qui résume tout cela et celui-ci complémentaire et tout aussi intéressant.
On peut méditer à partir de cette citation :
Avec 40 % des agriculteurs du monde mais seulement 9 % des terres agricoles au niveau mondial, il n’est pas surprenant que la sécurité alimentaire occupe une place importante dans l’agenda politique du gouvernement chinois.
Puisse ce faux thriller de Mankell vous donner envie de lire cet article passionnant de l'ONG GRAIN qui porte bien son nom. Effarant mais passionnant, ça se lit ... comme un polar.
_________________________________
(1) : qu'on imagine un peu sous les traits de Frances McDormand dans le Fargo des frères Cohen
(2) : j'ai cherché un autre mot mais celui-ci va très bien finalement
(3) : disons-le tout de même, il fait lui-même partie de la vague n° 2 comme tous les bobos installés sur les plages du Mozambique
(4) : finalement la seule explication (justification ?) qu'il accorde aux chinois c'est que, s'ils sont bêtes et méchants aujourd'hui c'est parce que on a été bêtes et méchants avec eux y'a 150 ans

Pour celles et ceux qui aiment la géopolitique.
C'est Seuil qui édite ces 555 pages qui datent de 2008 en VO et qui sont traduites du suédois par Rémi Cassaigne.
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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 14:38
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Course poursuite.

Petit polar bien sympathique que ce Drive de James Sallis, récemment porté au cinéma (pas vu, le film).
Il est d'ailleurs question de cinéma dans ce bouquin, puisque le héros, 'le Chauffeur', est pilote-cascadeur sur les tournages de LA. Aux heures ouvrables.
En dehors des heures de bureau, il ne dédaigne pas faire le chauffeur pour quelques malfrats.
Quand ceux-ci sont heureux en affaires, tout va bien.
Et puis d'autres ont la poisse et alors, le Chauffeur a chaud aux fesses.
Mais ce sera bientôt à ceux qui ont voulu le 'doubler' de numéroter leurs abattis.
Le bouquin est habilement construit de flash-backs et de réptitions qui nous amènent peu à peu à comprendre la scène initiale :
[...] Bien plus tard, assis par terre, adossé à une cloison dans un Motle 6 à la sortie de Phoenix, les yeux fixés sur la mare de sang qui se répandait devant lui, le Chauffeur se demanderait s'il n'avait pas commis une terrible erreur.
Le sang était celui de la femme, celle qui se faisait appeler Blanche. Ses épaules étaient visibles sur le seuil de la salle de bains. Il ne restait pas grand-chose de sa tête, il le savait.
Le style de ce polar noir, dans la plus pure tradition, est agréable, on y croise quelques personnages intéressants et l'on pense un peu à Donald Westlake (la rigolade en moins) et même à Manchette.

Pour celles et ceux qui aiment les courts-métrages.
C'est Rivages/noir qui édite ces 175 pages qui datent de 2005 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Isabelle Maillet.
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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 18:52

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C'est l'histoire d'une maison ..

Polar On se méfiait un peu des Actes Noirs d'Actes Sud depuis leur trop grand succès et leur trop célèbre saga.

Mais non, voici une bonne vraie découverte, et pas nordique : nipponne !

Comme l’indique le titre, c’est l’histoire d’une maison, La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino.

Une maison où deux jeunes gens se rencontrent à nouveau après plusieurs années, venus cette fois à la recherche d’un passé occulté. Ils vont explorer cahiers d’école, journaux intimes, photos, lettres et bric-à-brac …

Rapidement on devine qu’il y a eu enfance maltraitée, ce qui explique certainement ce passé oublié.

Rapidement on devine que l’on devine un peu tout, quelques pages avant les deux apprentis détectives, mais aussi qu'on ne devine qu’une partie de la vérité toujours plus complexe. C’est fort bien écrit et bien maîtrisé. La traduction est fluide.

- Regarde.

Elle désignait la pendule octogonale tout à fait ordinaire accrochée au-dessus de la porte qui donnait sur le salon.

Polar- Eh bien quoi ?

- Tu ne trouves pas ça bizarre ? Elle indique aussi onze heures dix. Exactement comme celle du salon.

J’ouvris la porte du salon pour regarder à nouveau la pendule du salon. Sayaka avait raison.

- Qu’est-ce que ça signifie ?

Et 150 pages plus loin, après de multiples et diverses investigations dans cette maison mystérieuse :

Bientôt je trouvais un petit réveil rond. Le rebord métallique était rouillé et le cadran tout rayé, mais les chiffres étaient en bon état.

Le réveil indiquait onze heures dix. Je le montrais à Sayaka.

- Nous comprenons enfin à quoi cette heure correspond.

Avec cette découverte viendra également l’explication du titre impossible.

D’ailleurs, chacun n’a-t-il pas une maison où l’enfant qu’il était est mort autrefois ?

Quant à vous, pour comprendre cette histoire de pendules, pour comprendre le titre, pour comprendre cette histoire de maison, il vous faudra lire ce bouquin, intéressant et curieux, étrange et bizarre, nippon quoi !

http://carnot69.free.fr/images/coeur.gifKeigo Higashino est semble-t-il un auteur réputé chez lui, et ce sera notre (petit) coup de coeur pour ce début d'année 2012, nul doute qu’on en reparlera ici bientôt …


Et c'est donc Actes Sud qui édite ces 254 pages parues en 1994 en VO et traduites du japonais par Yutaka Makino.

Et c'est, depuis, sorti en format poche.

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 11:03

Exercice de stýle.

Un petit Indridason après les fêtes ? Allez, ça ne se refuse pas.
Surtout que pour une fois, Indridason délaisse son légendaire commissaire Erlendur pour un hommage aux séries noires du siècle passé.
Bettý, un prénom de femme fatale, avec juste ce qu'il faut d'exotisme nordique sur le ‘ý’, une couverture ad'hoc, une ambiance de polar noir : le mari, la femme (fatale, donc) et bien sûr le triangle amoureux.
Le mari a été assassiné, of course, mais la vraie ‘victime’ se retrouve en prison après avoir été manipulée avec brio. Ben oui, c'était pourtant bien marqué : Bettý, femme fatale, fallait pas y toucher.
[...] Lorsqu'il fut clair qu'elle avait raconté mensonge sur mensonge, c'était trop tard.
Polar noir
Tout est dit dès le départ.
[...] Qu'est-ce qui se passera s'il lui arrive quelque chose ? dit-elle en tirant sur sa cigarette grecque.
- S'il lui arrive quelque chose ? répétai-je.
- Oui, s'il arrive quelque chose, dit-elle.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je ne sais pas, dit-elle. Un accident de voiture. N'importe quoi.
Finalement, comme on est en Islande, ce sera un accident de motoneige et la disparition dans une crevasse : Indridason ne renonce pas tout à fait à ses vieux démons.
Mais on se doute qu'avec Indridason, ça ne peut pas être tout à fait aussi simple, même sans Erlendur. L'auteur en rajoute même un peu avec des histoires de petite culotte (on y apprend que les femmes fatales n'en portent pas) et là on se dit, ben quand même il pousse un peu l'Arnaldur, qu'est-ce qui lui prend ? Serait-ce le démon de la cinquantaine ?
[...] J'avais réussi à la tenir à distance ; elle avait remis sa jupe en ordre et avait souri comme si elle venait de me faire une farce. J'étais sous le choc. Aucune femme dans ma vie n'était jamais allée aussi vite en besogne et je me demandai bien ce qu'elle pouvait savoir sur moi avant notre premier contact.
Et puis arrive la page 113, le début du chapitre 18 : et là badaboum, on se retrouve le cul par terre, Arnaldur vient de tirer le tapis. Bon sang de bonsoir ... Et on se prend à relire furieusement les premiers chapitres à toute vitesse : pour vérifier que oui, l'islandais nous a bien eus et re-eus, roulés et re-roulés dans la saumure, ... Chapeau l'artiste !
Dommage qu'après ce coup de théâtre, la seconde partie du récit perde finalement beaucoup d'intérêt.
Avec Bettý, Indridason nous raconte une histoire de mensonges et de manipulation, c'est un hommage appuyé aux séries noires(1). Ça on comprend très vite. Mais ce qu'on ne comprend que trop tard, c'est que le lecteur aussi se fait manipuler avec brio et qu'Indridason est le roi du mensonge par omission !
Évidemment on ne vous dira rien de plus.
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(1) : quand on lit d'autres billets ici ou là, il est amusant de voir les lecteurs se plaindre des clichés ou bien de ce qu'on sait tout (et ben non pas tout justement) dès le départ
Le facteur sonne toujours deux fois est cité en exergue et Betty est également le titre d'un roman de Simenon porté à l'écran par Chabrol.

Pour celles et ceux qui aiment les séries noires.
C'est Métailié qui édite ces 206 pages qui datent de 2003 en VO et qui sont traduites de l'islandais par Patrick Guelpa.
D'autres avis sur Babelio.
 
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