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On A Tout Archivé

12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 08:47

Critikat en parle


Si !

Chili, 1988. Sous la pression internationale, Pinochet  tente de se refaire une virginité et une légitimité en organisant au moins un semblant de processus démocratique après quinze ans de dictature.

Ce sera un réferendum (plebiscito) ... qui finira à la De Gaulle.

Pendant quelques petites semaines, l'opposition (le cartel des partis de gauche et centre-gauche) a droit à 15 minutes de télévision. La dictature au pouvoir a droit également à ces mêmes 15 minutes. Plus le reste de la journée.

Si l'on ajoute à cela les traficotages et tripatouillages auxquels on est en droit de s'attendre dans tout scrutin bien organisé ... autant dire que les partisans du No à Pinochet partent battus d'avance.

Au point que la plupart n'entendent profiter de ces 15 minutes d'antenne que comme tribune politique pour dénoncer les exactions du franquisme chilien : enlèvements, tortures, assassinats, disparitions, la liste est longue et aujourd'hui connue.

Pourtant quelques politiciens plus avisés demandent à un jeune publiciste talentueux  (une étoile montante du monde de la pub) de prendre en charge le clip de la campagne du No.

Jusqu'ici le jeune homme se tenait à distance respectueuse et craintive de la politique (son ex- est plus activiste mais se fait arrêter et castagner régulièrement). En faisant vendre des cocas et des micro-ondes, il gagne bien sa vie, roule en superbe fuego et profite du renouveau économique du Chili, réservé à l'élite embourgeoisée.

Mais qu'à cela ne tienne, quand on sait vendre du coca ou des micro-ondes, on sait certainement vendre un réferendum(1).

Et c'est parti ...

C'est parti pour un film très étonnant. Et très fort.

Des images jaunissantes, au format carré ... ça surprend un peu, ça peut même faire fuir mais on aurait bien tort car finalement cela permet un montage très habile et très fluide avec les vraies images de l'époque (dont évidemment les clips de la vraie campagne(2)). C'est du cinéma 100% réalité : on est totalement immergé dans les années 80.

La première partie du film est passionnante qui raconte la naissance de l'idée : comment va-t-on vendre ce référendum ? Alors que les partis de gauche ne voient que la tribune offerte pour pouvoir enfin dénoncer ce qui doit l'être, dire à la face du monde ce qui doit être dit : l'horreur de la dictature. Mais cela n'est pas très vendeur et aurait plutôt tendance à faire peur et même à inciter à ne pas aller voter, ne pas s'exposer.

Le film est fort et rend bien compte de la chape de plomb qui pesait sur ces années-là : entre la pression policière toujours constante et le souvenir meurtri des années les plus dures de l'oppression.

Le décalage d'ambiance entre ce quotidien sombre et inquiétant et le clip de la campagne du No (Chile ! la Alegria ya viene !) est presque palpable.

La suite est toute aussi stressante, et on a beau connaître le résultat du référendum, on ne peut s'empêcher de s'accrocher à son fauteuil et de frémir à chacune des péripéties de la campagne.

Il faut dire qu'on s'identifie facilement au jeune publiciste qui regarde tout cela d'un air un peu ahuri (la fréquentation des cocas et des micro-ondes est plus reposante) : dévalant les rues de Santiago en skate, il représente la jeune génération chilienne qui aimerait bien tourner la page d'un passé trop sombre, celle d'un présent pas encore net et penser un peu à son futur. Quitte à passer trop rapidement sous silence le noir bilan de la dictature.

Ce jeune publiciste c'est Gael García Bernal que l'on avait déjà beaucoup apprécié dans un autre rôle tout aussi ambigü à l'occasion de Même la pluie.

Entre la tension constante et les images très typées, le film de Pablo Larrain laisse une très forte impression, durable.

Un film très original dans sa forme et passionnant sur le fond.

Alors pour No, nous on dit Oui !

 

(1) - évidemment depuis, on sait que pub et politique font très bon ménage ! Séguéla et les campagnes présidentielles, c'était aussi dans les années 80

(2) - l'occasion de voir ce cher Jean-Paul II venu apporter son soutien à Pinochet (c'était l'année précédente en 1987 - mais le pape récidivera plus tard)


Pour celles et ceux qui aiment la pub, la politique et l'Histoire.

En guise d'introduction au Chili de cette période, on peut jeter un oeil sur notre billet des Évadés de Santiago.

Critikat en parle.

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 07:59

Le Monde en parle


Le président en campagne.

Après Lincoln, suite de la série sur les présidents US (même si le cinéaste Roger Michell est anglais).

Mais les avis sont partagés sur le Week-end royal organisé par Bill Murray.

MAM s'y est plutôt ennuyée.

BMR s'est laissé porter par l'ambiance champêtre.

Officiellement (c'est le cas de le dire) il s'agit de la rencontre entre le roi George VI, le king anglais (celui du mémorable Discours) et Franklin Delano Roosevelt, le président US.

Accessoirement, la première visite d'un monarque anglais sur le nouveau monde.

Accessoirement, le week-end qui changera la face du vieux monde puisque c'est (en principe) cette rencontre qui permettra l'intervention US(1) dans la seconde guerre mondiale.

Officieusement c'est l'histoire de ces gens hors du commun des mortels (le roi, le président) accablés d'une charge trop lourde, soumis à haute pression.

Pour échapper à tout cela, l'un bégaie, l'autre court les jupons et se prépare des cocktails.

Et comme pour les rendre encore plus humains malgré les costumes qu'ils ont dû endosser, l'un est affligé d'une redoutable infirmité d'élocution (putain de bégaiement) et l'autre ... putain de polio.

Voilà pour le cadre historique et le message. Mais c'est tout, car le film se déroule entièrement dans la résidence d'été de Roosevelt et l'on y parle plus de vaisselle, de toilettes (dans tous les sens du terme) et de cuisine ou de coucheries que de politique.

Bref, l'Histoire par le tout petit bout de la lorgnette.

Alors il faut effectivement se laisser porter par le rythme nonchalant de ce week-end champêtre. Et c'est possible grâce à la performance de Bill Murray(2) qui réussit à incarner un Roosevelt pince-fesses et pince sans rire, qui finira même par réussir à décoincer le Prince Albert qui semblait arrivé jusqu'à lui avec un balai dans ...

Les dialogues entre les deux grands sont pleins de sel.

Ainsi sera scellé l'avenir des deux nations (et le nôtre aussi donc).

  

(1) - des US qui peinaient encore à se relever de la Grande Dépression et qui vont bientôt redécouvrir les bienfaits de l'économie de guerre

(2) - évidemment après Colin Firth, Samuel West qui incarne le roi George VI a la partie moins facile


Pour celles et ceux qui aiment les petites histoires avec un peu d'Histoire dedans.

Le Monde en parle.

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 08:17

Critikat en parle


Les olives ont du mal à passer.

Encore une petite déception que ce Zaytoun : on espérait un peu mieux de cette cavalcade entre un jeune garçon palestinien et un pilote de l'aviation israélienne.

Le jeune palestinien (Fahed) vit ou plutôt survit dans le camp libanais de Chatila.

Le pilote israélien (Yoni) est abattu au-dessus du Liban et cherche à regagner sa base.

Fahed aussi aimerait bien rentrer chez lui, en Palestine occupée, dans son village où il n'est pas né mais dont son père et son grand-père lui ont rebattu les oreilles ... et où il voudrait bien replanter l'olivier (zaytoun en VO) que son père entretenait religieusement.

Alors Fahed et Yoni font la paire et se font la malle, au prix de quelques invraisemblances rocambolesques(1).

Mais la sauce kebab, même aux olives, ne prend pas(2).

Stephen Dorff sait très bien faire le regard étonné mais le fantôme de Sofia Coppola plane somewhere sur son jeu ectoplasmique. Le jeune Abdallah El Akal sait très bien faire le regard buté comme il sied à un mauvais garçon mais qui a bon coeur.

Mais las, le jeune Fahed n'a pas le charme lumineux que Elle Fanning avait dû déployer pour illuminer le film déjà cité, et le spectateur a bien du mal à ne pas faire le regard ennuyé, voire rancunier car on finit par en vouloir à l'israélien Eran Riklis d'avoir gâché cette belle histoire.

Alors ?

Alors on peut quand même aller voir ce petit film, ne serait-ce que pour la première partie qui décrit de façon très réaliste la vie survie des ces palestiniens apatrides dans un Liban déchiré.

Fahed est bien vite orphelin - comme tout bon jeune palestinien qui se respecte - et se débrouille vaille que vaille dans les ruelles post-apocalyptiques de Beyrouth, en tentant d'échapper tantôt aux balles des phalangistes (rappelez-vous), tantôt aux recrutements forcés des milices palestiniennes tout en regardant passer les F16 dans le ciel bleu.

Les généraux de Tsahal seraient bien inspirés de jeter un oeil sur ces images : quand on voit ces palestiniens obnubilés par le retour sur leurs terres, qui enterrent leurs martyrs et embrigadent leurs jeunes, génération après génération, on se dit que les israéliens ne gagneront jamais cette guerre larvée contre un peuple qui a déjà tout perdu.

Mais sans doute que ce conflit n'est fait ni pour être gagné, ni pour être perdu, juste pour durer.

  

(1) - comme la débauche de moyens déployés par l'ONU pour rapatrier le garçon  !

(2) - hey BMR, c'était hier qu'il fallait publier ce billet, le 5 mars ! pfff....


Pour celles et ceux qui aiment les oliviers.

Critikat en parle et pour une fois on est malheureusement d'accord.

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 07:57

Cluny en parle


Je te tiens, tu me tiens, ...

Petite déception (légère) que ce Möbius dont la bande (ah, ah) - annonce semblait prometteuse.

Depuis Les patriotes, on sait que Eric Rochant aime les histoires d'espionnage où l'on ne sait plus qui manipule qui.

Et dans ce registre, Möbius va très loin si l'on en croit les commentaires désorientés des spectateurs à la sortie de la salle qui, tout comme MAM, n'ont fait absolument aucun effort pour tenter de saisir quelques brins de l'intrigue compliquée tissée dans le film [ceux qui ne craignent pas les saveurs un peu éventées, peuvent saisir quelques clés dans un commentaire posté discrètement sous ce billet].

Alors ?

Alors on peut quand même aller voir ce film :

Pour (c'était gagné d'avance) Cécile de France de Belgique dont les yeux illuminent le ciel monégasque.

Pour la première partie qui plante le décor, les personnages, les fils des marionnettes, l'intrigue politico-financière, et où l'on se dit que peu à peu, on va comprendre (on l'a vu, MAM sera déçue).

Pour la combinaison d'histoires récentes (la disgrâce de l'oligarque Berezovsky, l'empoisonnement de Litvinenko, ...) sans compter les références à la crise économique, depuis les frères Lehman(1) jusqu'à la débâcle espagnole.

Pour se convaincre une bonne fois pour toutes que Dujardin ferait bien de rester à cultiver le sien et que, même affublé d'une barbe de trois jours(2), il est bien aussi insipide que BMR le disait.

Pour les deux ou trois brins d'humour dispensés au début du film, lorsque l'équipe en planque prend au second degré les consignes idiotes qui lui sont balancées comme "gardez vos distances" ! Et pour la petite coquetterie du dialoguiste lorsque, quelques instants après, la deuxième consigne idiote est assénée : "restez vigilants" et puis un blanc ... le spectateur qui a donc juste le temps de se dire in petto, ben celle-là c'est comme l'autre hein ? ! et yes ! l'acteur à l'écran qui rebondit(3).

Bref, une belle histoire d'amour cachée dans un pas très bon film d'espionnage.

  

(1) - assurément Cécile de France est bien responsable de cette faillite mémorable : si elle est passée dans leurs bureaux, sûr que les traders ont dû quitter leurs écrans des yeux un peu trop longtemps

(2) - on n'ose imaginer ce qu'a coûté la prod du film quand, chaque fois à partir du quatrième jour, il fallait attendre que la barbe repousse avant de reprendre le tournage !

(3) - malheureusement ce sera tout, le dialoguiste facétieux en aura sans doute eu marre d'attendre encore trois jours que la barbe de Dujardin repousse et aura flanqué sa dém'


Pour celles et ceux qui aiment Cécile de France ou de Belgique.

Cluny en parle, Filmosphère aussi.

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 08:11

Critikat en parle


Dernier hiver à Tanger.

Décidément, la semaine fut riche en petits films coup de coeur : après Hitchcock et Wadjda, voici Goodbye Morocco du cinéaste franco-algérien(1) Nadir Moknèche.

Ce film - qui tient les promesses de sa bande-annonce - est porté par la très remarquable et emblématique Lubna Azabal, actrice belge d'origine hispano-marocaine, qui nous avait déjà scotchés au fauteuil dans le terrible Incendies.

Cette fois-ci, elle compose un beau portrait de femme à la Almodovar (auquel N. Moknèche dédie plusieurs allusions).

Le film de Nadir Moknèche peut, et c'est à son avantage, être regardé comme un polar : beaucoup de scènes sont montées comme les films noirs du siècle dernier avec le cadavre dans le coffre de la bagnole, la femme fatale capable de faire tourner la tête aux hommes, des hommes prêts à commettre les pires bêtises, sachant très bien où elles vont les mener, où Elle va les mener.

L'autre intérêt de ce film, c'est qu'il nous prend systématiquement à contre-pied : Moknèche nous met en scène un Maroc gris, venté et boueux, une ‘héroïne’ qui exploite sans états d'âme des travailleurs noirs sans papiers(2), un cinéphile amateur de jeunes mâles(3), une bande de fricoteurs qui s'entendent pour barboter des oeuvres archéologiques et un port de Tanger propice aux trafics en tous genres qui manifestement n'a rien d'une station balnéaire.

Bref, un Maroc que tout le monde essaie de fuir, depuis ces travailleurs blacks sans papier qui bossent (ou pire) pour amasser le petit pécule qui leur permettra la traversée, jusqu'à la belle Lubna Azabal qui manigance le kidnapping de son fils pour échapper à son riche et influent ex-mari. Personne n'a donc le beau rôle, même pas Tanger ou le Maroc.

Le film est habilement monté par flash-backs successifs qui nous baladent entre les quelques jours, ou plutôt les quelques nuits, qui ont vu le drame se nouer et cette superposition de temps s'ajoute aux différentes couches narratives : le chantier et le trafic archéologique, la mère et l'enlèvement de l'enfant, le cinéphile amateur de jeunes blacks, le triangle amoureux avec la femme, le chauffeur marocain(4) et l'amant serbo-croate, le drame meurtrier de la nuit fatale, ... peu à peu, on entre dans la complexité de toute cette histoire et on se laisse prendre par la spirale infernale, sachant que tout cela ne peut évidemment que mal finir évidemment, sachant que tout cela a évidemment déjà mal fini.

Avec le savant équilibre de tous ces niveaux de lecture, Nadir Moknèche nous compose une belle surprise cinéma.

Petit clin d'oeil à nos ami(e)s lyonnais(es) : le musée de Tanger du film n'est autre que le musée gallo-romain de Fourvière.

  

(1) - le cinéaste est interdit de caméra en Algérie et filme donc en France ou au Maroc

(2) - on est toujours l'arabe de quelqu'un d'autre ...

(3) - on retrouve avec plaisir Grégory Gadebois, le pêcheur d'Angèle et Tony

(4) - mention spéciale pour Faouzi Bensaïdi dans le rôle d'Ali


Pour celles et ceux qui aiment les vacances au Maroc.

Critikat en parle.

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 08:11

Critikat en parle


C'est où dites ?

Quand on était petit, on disait : l'Arabie, c'est où dites ?

Maintenant on peut répondre : alors, tu vois le Moyen-Âge, tout là-bas là-bas, et ben l'Arabie c'est encore un peu plus loin, loin derrière encore.

Et venu de tout là-bas, voici le deuxième coup de coeur cinoche de la semaine avec Wadjda, de la réalisatrice Haifaa al-Mansour.

Premier film tourné en Arabie(1), premier film de la réalisatrice(2).

L'histoire d'une petite fille (la douzaine d'années) qui rêve de faire la course à vélo avec son copain Abdallah ... sauf que le vélo, au Moyen-Âge, c'est pas pour les filles.

Mais Wadjda, campée droite dans ses baskets, est obstinée et finira par obtenir gain de cause, quitte à apprendre par coeur les sourates du Coran pour gagner le concours stupide qui lui donnera l'argent pour s'acheter son vélo.

On pouvait craindre le mélo jouant de la corde sensible avec cette pauvre enfant perdue dans un monde intégriste.

Mais non, la réalisatrice évite soigneusement les deux écueils : pas d'enfance larmoyante(2) et pas de procès à charge trop facile.

Bien sûr l'étouffement organisé des filles et des femmes du royaume de Riyad est minutieusement décrit : interdiction d'apparaître en public, interdiction de conduire(3), polygamie, soumission aux hommes(4), etc ... La sourate est bien (trop) connue. Mais, l'air de rien, Haifaa al-Mansour a l'intelligence de nous montrer tout cela au quotidien, sans polémique ni caricature(5). Et c'est diaboliquement efficace !

Et au travers de cette description intéressante de la vie quotidienne d'une famille aisée à Riyad, le film s'avère être bien autre chose qu'un pamphlet de plus contre l'obscurantisme religieux et surtout traditionnel(6).

Comme par opposition à ce monde impitoyable, Haifaa al-Mansour nous dépeint l'humaine chaleur du monde féminin et du riche lien qui unit la mère et à la fille. Ces quelques scènes-là donnent une très très belle histoire ... dont par construction, les hommes sont exclus, évidemment !

[extrait interview de Haifa al-Mansour] Wadjda, c'est ma nièce, ou à peu près. Enfant, elle était incroyablement fougueuse, elle adorait le foot ! En grandissant, elle s’est résignée à faire ce que ses parents conservateurs attendaient d’elle : se marier et abandonner ses rêves d’épanouissement personnel. C’est triste. Mais en Arabie saoudite, il y a beaucoup de jeunes filles pleines d'allant et de potentiel qui, demain, seront appelées à jouer un rôle de premier plan dans le royaume. L'adolescente qui interprète Wadjda est de cette trempe : elle est arrivée au casting en jeans, baskets, avec ses écouteurs dans les oreilles. 

Heureusement ça finit bien (on s'en doute !) et Wadjda qui va certainement s'en sortir un peu mieux que sa mère, finira par pédaler comme une dératée dans les rues de la banlieue de Riyad : visiblement, Haifaa al-Mansour a l'espoir que la nouvelle génération vive des jours meilleurs ...

Au vu de la marche récente du monde, qu'on nous permette juste de douter que ce soit vraiment pour bientôt.

Qui sait, pour la génération suivante et les enfants de Wadjda et Abdallah peut-être ? 

    

(1) - un pays où, oui, oui, il n'y a pas de salle de cinéma ...

(2) - la dame fut autorisée à filmer ... cachée (on dit voilée, je crois ?) dans une camionnette !

(2) - les seules larmes versées par Wadjda sont des larmes de crocodile pour extorquer quelques finances à son pote Abdallah !

(3) - c'est le seul pays moyen-âgeux au monde où la sécurité routière est ainsi préservée !

(4) - même le chauffeur analphabète de la professeure peut se permettre de l'insulter

(5) - comme avec par exemple, les scènes de l'hôpital ou la bienveillance du marchand de vélos

(6) - pas un seul imam dans le film : on comprend que tout cela est plus une question de traditions et d'usages que de religion intégriste au sens strict. Pas sûr que ce soit plus facile à s'en dépêtrer ...


Pour celles et ceux qui aiment rêver à des jours meilleurs.

Cluny et Critikat en parlent.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 08:36

Critikat en parle


La leçon de cinéma (épisode 3)

Voilà un film à ne pas manquer et qui vaut beaucoup mieux que ce que à quoi on pouvait s'attendre.

Le Hitchcock de Sacha Gervasi (illustre inconnu qu'on a bien sûr oublié depuis le Terminal de Spielberg) raconte non pas l'histoire ou la vie d'Hitchcock mais celle de son film le plus célèbre : Psychose.

Et c'est bien une leçon de cinéma : après le succès de la Mort aux trousses, mais contre vents et marées (et contre tout Hollywood) le Grand Maître décide de se lancer dans le film d'horreur.

On suit alors toute la genèse de Psychose depuis le financement (Hitchcock paiera de sa poche) jusqu'au montage final (ah, l'importance du montage !), en passant par le comité de censure. C'est passionnant.

Et puis bien sûr, on découvre tous les secrets de la si fameuse scène de la douche.

L'une des toutes dernières scènes du film vaut à elle seule le déplacement : lors de la première de son film Psycho, Hitch traîne son anxiété dans les coulisses du cinéma puis à l'approche de la scène fatidique, tel un marionnettiste, il se met à rythmer en silence les réactions du public qu'il a orchestré depuis le banc de montage. Et alors que toute la salle (celle du film Psycho) frémit de peur dans les mains de Hitch, toute la salle (la nôtre) vibre aux mains d'Anthony Hopkins.

C'est tout simplement magique. La magie du cinéma.

Le reste du film est pimenté de petits clins d'oeil comme l'ouverture et la clôture du film, façon série télé, où Hitch y va de son commentaire, quelques apparitions furtives de l'ombre de Hitch, l'absence de toute image de l'original Psycho, ou encore le montage même du film qui dramatise ‘à la Hitchcock’ même les situations domestiques les plus anodines !

Et puis ce film est aussi la très belle histoire d'un très beau couple : Hitch (Anthony Hopkins, imposant et diaboliquement ressemblant) et Alma son épouse et co-directrice (Hélène Mirren, la classe as usual). Tous deux sont d'une rare présence et donnent réellement vie à leurs personnages jusqu'à éclipser tous les autres qui passent ... comme dans un décor de cinéma. Un très beau rôle pour Anthony Hopkins.

Enfin, il faut noter que ce film est tiré d'une histoire vraie (ah, ah) : l'histoire du tournage de Psycho, film lui-même inspiré d'une histoire vraie, celle d'Edward Théodore Gein, surnommé le boucher de Plainfield, qui inspira également le Silence des agneaux où sévissait ... Anthony Hopkins !

Un dernier conseil avant d'aller voir le film : assurez-vous d'avoir le DVD de Psycho à la maison, car le film de Sacha Gervasi donne une furieuse envie de re-re-re-voir celui de Maître Hitch !


Pour celles et ceux qui aiment les blondes hitchcockiennes.

Critikat et Cluny en parlent.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 08:45

Critikat en parle


Incorruptibles 2

On peut éviter Gangster Squad qui s'avère finalement bien être ce qu'il avait l'air d'être : une espèce de sous-remake des Incorruptibles.

Mais Ruben Fleisher n'est pas De Palma.

Pour échapper (vainement) à la comparaison, Gangster Squad tente d'invoquer une histoire vraie (comme tous les films en ce moment) à L.A. (qui n'est pas Chicago) lorsqu'un vilain truand nommé Mickey Cohen (qui n'est pas Al Capone) fait main basse sur la ville. Le chef de la police charge l'un de ses derniers flics intègres, John O'Mara (qui n'est pas Eliot Ness) de faire le ménage. Le bon sergent recrute sa petite équipe, leur demande de laisser leurs insignes à la maison et entreprend de frapper là où ça fait mal en s'attaquant aux ‘entreprises’ du vilain.

Et oui, le méchant finira par tomber pour une bricole (comme Al Capone ?).

Le seul intérêt du film est d'éclairer un peu (un tout petit peu) la vie de ces flics fraîchement démobilisés des guerres de l'Oncle Sam (WW2, Corée) qui ne savaient plus rien faire d'autre que la guerre. Eliot Ness John O'Mara et ses copains repartent en guerre contre le crime ... Bon.

Reste que :

- les filles apprécieront bien entendu le joli minois de Ryan Goslin

- les garçons trouveront viriles les ‘gueules’ de Josh Brolin et Nick Nolte mais seront déçus par la pin-up de service (Emma Stone)

- tout le monde goûtera la belle reconstitution du L.A. des années 50, façon roman noir mais en couleur (c'en est presque dommage).

Et les mêmes tout le monde détesteront le cabotinage de Sean Penn qui aurait pu donner de l'ambiguïté au vilain méchant mais qui s'est contenté de jouer Robert De Niro (peut-être avait-il lu trop vite le scénario et cru vraiment à un remake des Incorruptibles ?).

À noter dans les tablettes pour la sortie en DVD.


Pour celles et ceux qui aiment les incorruptibles.

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 08:25

Cluny en parle


13° amendement.

Après la réélection d'Obama et le Django de Tarantino, on attendait avec impatience le Lincoln de Spielberg.

Deux films sur l'esclavage US, deux films en longueur, deux films à texte.

Mais alors que Tarantino donnait dans le grand spectacle à sensations fortes, Spielberg verse dans le film à thèse : on sent le projet personnel longuement mûri que de porter à l'écran le président préféré des américains. Et c'est Daniel Day Lewis qui s'y colle, bargeot parfait pour incarner l'intransigeant illuminé.

Le long propos du film tourne autour du fameux 13ème amendement de la Constitution US qui abolit l'esclavage. Un amendement que Lincoln veut à tout prix faire voter avant la fin de la guerre de Sécession, persuadé que sans cela, la paix ne sera que le retour à la situation d'avant et que la guerre aura été inutile.

Les amateurs de fresque historique seront déçus : les quelques scènes de guerre ne sont là que pour donner une idée de la boucherie qui dure et renforcer la thèse politique.

Les amateurs de film de procès seront comblés : les reconstitutions des débats de l'assemblée sont rigoureuses et précises.

Le film retrace les discussions, passionnées et houleuses, à la chambre mais aussi dans les coulisses : face à ses oppossants démocrates, le républicain Lincoln voulait abolir définitivement l'esclavage (l'émancipation précédemment proclamée ne suffisait pas), tandis que d'autres privilégiaient la paix avec le Sud, ou que d'autres encore voulaient aller jusqu'à la reconnaissance de l'égalité entre les races(1) (excellent et très présent Tommy Lee Jones), ...

Pressé par l'arrivée inéluctable de la paix, Lincoln n'hésitera pas à manipuler ou même acheter certains députés pour gagner la majorité des deux tiers dont il avait besoin pour faire adopter son texte. Il paiera son succès de sa vie, assassiné quelques mois après.

Tout cela est minutieusement et longuement décrit, raconté, expliqué.

C'est un film à texte et le sujet est passionnant : on connait l'issue du scrutin depuis 150 ans déjà, mais on ne peut s'empêcher de prendre fait et cause pour l'intransigeant Lincoln.

Mais on est évidemment très très loin du grand cinoche de Tarantino.

    

(1) - il faudra encore cent ans pour y arriver ... la démocratie avance à petits pas


Pour celles et ceux qui aiment les débats politiques.

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 09:30

Cluny en parle


Cabotinage.

Luchini et Wilson font et l'affiche et le film de Philippe Le Guay : Alceste à bicyclette.

Alceste c'est bien sûr le misanthrope, celui de Molière.

La bicyclette c'est celle qu'on pédale en l'île de Ré où se sont réfugiés nos deux bobos.

Car Luchini et Wilson jouent quasiment leurs propres rôles : Luchini, ancien acteur de théâtre a pris une retraite bougonnante sur son île. C'est l'ermite.

Le bellâtre, c'est Wilson qui tient série à la télé où il incarne niaisement mais avec succès un neuro chirurgien, une sorte de Dr. House franchouillard.

Le bellâtre s'est mis en tête de venir débusquer l'ermite sur sa plage et de le faire monter de nouveau sur les planches, à ses côtés, pour jouer un second rôle dans la pièce de Molière (Philinte, l'ami d'Alceste).

Et les voilà donc qui se mettent à pédaler et à répéter ensemble, pour voir si ça va le faire.

Sauf que lorsqu'on est acteur, on veut tenir le haut de l'affiche. Luchini, Alceste en son île, veut le rôle titre pour lui, pas question de le laisser à Wilson.  Et les voilà donc qui alternent les rôles et les vélos, plus Alceste que moi tu meurs.

C'est tout le sel marin de ce film que de nous donner à voir le travail de ces deux grands acteurs manipuler le texte du grand Molière, se manipuler l'un l'autre également, se jalouser, se défier, non pas au pistolet ou à l'épée mais à l'alexandrin. Les joutes oratoires sont superbes et l'humour grinçant.

Le film présente bien quelques défauts (Philippe Le Guay se montre souvent un peu trop explicatif, prenant le spectateur pour un cancre au fond de la classe) et quelques à côtés pas vraiment bien venus dont on se serait bien passé : le chauffeur de taxi, le jacuzzi, ... (Philippe Le Guay a du mal à rester concentré). 

Mais cela ne suffit pas à nous gâcher le spectacle des deux paons, et nos deux Jules et Jim feront même la roue (de vélo) pour une belle italienne (Maya Sansa) qui apportera un peu de fraîcheur féminine, mais aussi encore un peu plus de jalousie, dans ce monde de bêtes de scène.


Pour celles et ceux qui aiment les acteurs et le théâtre.

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On A Tout Rangé