À côté de Fauchon, place de la Madeleine, la Pinacothèque expose Soutine (1893-1943).
Un peintre maudit qui cumulait les tares : juif, russe, immigré et peintre.
Un artiste qui cultivait aussi son propre mythe et dont on dit qu'il rachetait en douce ses propres toiles pour les brûler.
Un des rares expressionnistes «français» et une peinture furieuse qui fait un peu la transition entre Cézanne et Bacon.
Une oeuvre qu'on avait déjà eu l'occasion d'apprécier en partie à l'Orangerie.
On aime beaucoup les portraits torturés de Chaïm Soutine : les oreilles d'écorchés, les orbites noires et profondes, le nez et la bouche comme emportés dans un tourbillon.
Soutine c'est un peu le côté obscur de Modigliani (qui l'a beaucoup aidé d'ailleurs).
On aime aussi quelques paysages déformés : les maisons, arbres et montagnes semblent jaillir des profondeurs de la terre ou bien au contraire, peut-être qu'ils y retournent, dévastés, emportés par le même tourbillon fantastique.
Une chose est sûre : chez Soutine, objets, nature et êtres, tous sont emportés par le mouvement.
On regrettera d'autant plus une expo un peu à l'étroit dans les sous-sols de la Pinacothèque aux couleurs et éclairages approximatifs : une oeuvre qui méritait mieux.
Le Monde en parle, Erwann également.