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Nos coups de coeur : cinoche, bouquins, pestacles, bd, miousik, et d'autres encore. Livres, cinema, musique, spectacles, BD.

Cinoche : la fanfare

Sur Critico-Blog
Conte de Noël.

L'israëlien Eran Kolirin doit être né sous une bonne étoile car son premier vrai film, La visite de la fanfare, écume les festivals et récolte les lauriers.
Très librement inspiré d'une histoire vraie, le film raconte les mésaventures d'une fanfare de la police égyptienne égarée dans un village paumé du bled israëlien ...
À la suite d'une méprise, la fanfare partie pour Petah TikvahLa porte de l'espoir », une implantation agricole juive historique) se retrouve à Bet HatikvahLa maison de l'espoir », un trou perdu, genre Bagdad Café, une colonie récente ignorée du monde ... jusqu'à ce film).
On pouvait craindre le pire à partir d'un tel scénario, rempli de sous-entendus politiques et de bonnes intentions ...
Mais non, c'est tout en justesse et en finesse qu'Eran Kolirin brosse quelques portraits emplis d'humanité.
Tout le film se noue en quelques mots lorsque Dina, la tenancière du café de lieu propose à la fanfare de passer la nuit chez elle et quelques voisins ou amis. Une longue soirée s'annonce ...
Car à Bet Hatikvah donc, désert humain perdu dans le désert tout court, on erre comme des âmes en peine, on tourne en rond à la discothèque, on s'ennuie ferme devant la télé, entre « des tonnes de solitude » comme il est dit.
On ne se parle pas, on ne sait pas se parler.
Et c'est la magie paradoxale des hommes de cette fanfare égyptienne, rigides dans leurs uniformes et qui pourtant ne baragouinent que trois mots d'anglais rocailleux, que de traverser le village et la soirée et d'arriver à créer finalement quelques liens fugaces entre les uns et les autres.
Cela nous vaut quelques scènes d'anthologie, à la limite de l'absurde, comme celle du repas d'anniversaire où ce ne sont pas arabes et juifs qui s'affrontent (ils ont bien du mal à échanger quelques mots d'anglais communs) mais plutôt les juifs entre eux, une famille comme tant d'autres où pèse le non-dit et où l'on s'envoit des vacheries en hébreu sous le regard lourd d'incompréhension des invités arabes.
Avec la belle Dina qui tient le café du lieu et les minces rênes de l'intrigue, c'est une présence pleine de charme qui traverse ce film lent et tout en tendresse : celle de l'actrice Ronit Elkabetz qui mériterait d'être plus connue de ce côté-ci de la Méditerranée.
Pour finir, pfffuiitt, la fanfare disparaitra aussi soudainement qu'elle était apparue et chacun reprendra sa place devant le café de Dina.
D'ailleurs, sont-ils jamais venus en visite, ces égyptiens ?

Pour celles et ceux qui aiment les photos de groupe avec orchestre.
D'autres avis sur Critico-Blog et la critique de l'Huma ou du Monde.
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S
ça y est! j'ai pu le voir. J'ai trouvé ce film très beau. Très suggestif. Avec un scénario pinuts, un décor désert , il met en scène des personnages en gros plans sur leurs silences, regards lourds de gène, de surprise, d'attentes, d'incompréhension ou de complicité. C'est un tour de force : des gens qui ne se connaissent pas se rencontrent, ils ne parlent pas la même langue, historiquement et culturellement, tout les séparent, et des choses intimes et importante vont se passer entre eux. Drôle, émouvant,extrêmement juste, au plus près du ressenti, ce film est rare. Les acteurs sont excellents et attachants.
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S
On m'a déjà parlé de ce film, en me disant que c'était à mettre dans la catégorie des chefs d'oeuvres... A voir donc... mais quand!
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B
Oh chef d'oeuvre, peut-être pas quand même ! Mais film à voir pour les amateurs de ciné, ça oui, assurément. Attention, c'est un film lent et contemplatif, ce qui n'est pas toujours du goût de tout le monde. Mais oui, à voir absolument en ce début d'année 2008, comme également California Dreamin', It's a free world ainsi que La graine et le mulet (qu'on n'a pas encore vu) et Shortgun Stories (pas encore vu non plus celui-là). Quel début d'année !!!
P
bon... va falloir que je me trouve un moment...
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