16 novembre 2007
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Leçon d'humanité, leçon d'humilité.
Voilà une bien belle histoire et d'une bien belle écriture.
L'histoire est celle d'Hommes sans mère et la plume d'Hubert Mingarelli.
Difficile de résumer ce roman où, en 24 heures et 160 pages, il ne se passe finalement pas grand chose : deux marins en virée à terre, fuyant la promiscuité de leurs camarades en bordée, se mettent en quête d'une maison de filles ...
Sont-ils amis ou même simples camarades, eux-mêmes ne le savent pas trop, mais on les accompagne bien volontiers, et on fera avec eux la rencontre de quelques personnages bien vivants.
À l'exact opposé des proses alambiquées d'autres auteurs français à la mode comme Claudel ou Barbery, l'art de Mingarelli touche à la simplicité, presque au dépouillement : simplicité de l'histoire on l'a dit, simplicité de l'écriture, simplicité des hommes et de leurs sentiments à peine évoqués mais si fortement exprimés.
[...] ... Et puis, tu sais, il y a toujours un peu de lumière dans le poste, là où on dort, il fait jamais nuit, on y voit toujours un peu, et quand il sortait le bras de sa couchette je voyais sa main, et c'est drôle mais quand tu vois tout le temps la main de quelqu'un d'aussi près, tu finis par avoir des sentiments pour lui, ou quelque chose qui ressemble à ça tu vois.
Les dialogues, toujours très beaux, trahissent le même besoin d'épure :
[...] -Tes jambes sont très jolies.
- Merci.
- Je les aime beaucoup.
- Je sais.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Tu les as beaucoup regardées tout à l'heure.
- Tu m'as vu les regarder ?
- Oui, mais ça ne m'a pas gênée.
Homer dit avec sincérité :
- Mais je t'écoutais aussi.
- Ça aussi je l'ai vu. C'est gentil.
Une écriture aussi limpide, aussi transparente, ne cache donc rien de la profonde humanité des personnages. C'est un peu de la vie qu'il nous est donné à lire. Tout simplement.
Pour celles et ceux qui aiment les portraits de marins en gros plan.
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