Cougar : animal australien qui couche avec ses petits.
Anne Fontaine nous emmène en Australie aux côtés de ses deux
Perfect Mothers.
Elles sont belles et même très belles, riches et même oisives et elles habitent une maison au bord de la falaise avec vue sur le Pacifique(1), une maison qui relègue celles de Marie-Claire au rang de cabanes de jardin.
Elles sirotent du chardonnay le soir, en tenue légère et pieds nus sur la terrasse en bois, après avoir bronzé sur la plage toute la journée (j'invente rien : la vie n'est pas facile pour tout le monde).
D'emblée, la cinéaste Anne Fontaine assume son propos : vaut mieux être beau et riche dans une superbe baraque en Australie que pauvre et moche dans une cité du 9-3.
Alors c'est l'histoire de Roz (Robin Wright) et de Lil (Naomi Watts). Elles ont grandi ensemble. Elles vivent en proches voisines dans leurs super baraques (voir plus haut, je recommence pas, trop les boules même si on n'habite pas une cité du 9-3).
Elles sont proches depuis toujours, très proches depuis longtemps. Trop proches même puisque le mari de Roz (celui de Lil n'est plus), le mari de Roz donc se sent presque exclu. Et puis voilà que le mari de Roz se voit proposer un job à Sydney, à la grande ville donc. Et lorsqu'il suggère à Roz de quitter ce joli coin ... c'est non.
Pour Lil ? pour la baraque ? les deux ?
Faut dire qu'il faut être vraiment très con pour, avec une femme comme ça (mazette !) et une baraque comme ça (voir plus haut, je recommence pas, trop les boules), donc faut être vraiment très très con pour avoir ne serait-ce que le début de l'idée de quitter une femme comme ça et une baraque comme ça. Mais donc il est très con (et moustachu en plus).
Et voici nos deux riches et belles oisives qui se retrouvent seules. Ou presque.
Car elles ont chacune un fils. À peine vingt ans, tous deux aussi parfaits que leurs mamans : beaux, jeunes, bronzés et musclés, ils passent leur journée à faire du surf.
Il fait beau, y'a du soleil, des corps bronzés et des maillots de bain ... ce qui devait arriver arrivera : les fils couchent avec leurs mères. Enfin, comprenez bien : le fils de l'un avec la mère de l'autre et lycée de versailles. C'est pas de l'inceste, juste un zeste. Depuis toujours, les deux amies trop proches partagent tout. Alors pourquoi pas se partager les fistons ?
Évidemment, ça ne va pas très bien se passer : même en Australie on ne couche pas impunément avec le fils de la voisine.
Voilà. MAM s'est arrêtée là et s'est franchement ennuyée (je la sentais rencognée dans son fauteuil, ça présageait rien de bon). Malsain et pas crédible : le jugement est sans appel.
BMR, qui n'avait d'yeux que pour Robin Wright, ses fesses et sa maison, tente une lecture plus approfondie.
Accentué par une belle unité de lieu presque théâtrale, y'a un petit côté tragédie grecque (Phèdre bien sûr) entre ces quatre-là qui sont prêts à tout pour aller au bout de leur destin et de leur passion sans issue (façon : nous ne vieillirons pas ensemble) : l'entourage ne pèse pas lourd en face de ces pulsions, fantasmes, passions, désirs(2) et il va y avoir quelques dommages collatéraux. Le très beau plan final (qu'on ne vous dévoile pas) est bien dans cet esprit.
Y'a aussi le côté chic dessus, dirty dessous : c'est un peu ce que sous-entend le titre avec deux femmes qui tentent de faire bonne figure dans la société bien pensante de ce petit coin perdu d'Australie, qui essaieront d'être des perfect mamans, des perfect belles-mères, des perfect grand-mères, mais qui resteront tourmentées par les passions les plus vives. Sauf que ce thème est à peine effleuré, que notre époque est quand même un brin plus libérale, surtout chez les riches et que franchement, ces tourments-là, dans ce cadre-là, on est tous partants.
Ouais. La conclusion de BMR c'est qu'Anne Fontaine hésite un peu trop entre le film glamour aux belles images et le décorticage bourgeois à la Chabrol. Et que le côté glamour envahit tout autre propos. Incestueux mais trop chic.
Reconnaissons quand même à la cinéaste le mérite de savoir filmer à la perfection les belles femmes parfaites, comme c'était déjà le cas avec
Coco avant Chanel.
Mais justement dans
Coco, le patchwork rendait plutôt bien, entre les belles gravures de mode et la réflexion cinéphilosophique autour de la condition féminine de l'époque et la rébellion de Coco.
En Australie, aujourd'hui ... rébellion vous dites ? Eeeuuuh ...
Ben nous pas de problème, on veut bien même aller jusqu'à être témoins de leurs mariages quasi-incestueux si elles nous prêtent la baraque un mois à Noël ...
L'amie Nadine a été enthousiasmée par ce film, ce qui démontre au moins deux choses : d'une part, qu'à chaque spectateur son film (ça on le savait déjà), d'autre part qu'elle est attirée par les beaux et jeunes garçons (ça c'est peut-être nouveau).
_______________________________________
(1) - BMR et MAM tueraient pour une baraque pareille
(2) - cochez la case vous concernant
Pour celles et ceux qui aiment les maisons avec vue.
Le film est fidèlement adapté d'une nouvelle de Doris Lessing : Grands-mères., un livre qui semble d'ailleurs essuyer un peu les mêmes critiques.
Pour une fois Critikat est plus enthousiaste que nous.