Tintin et le temple du soleil.
Depuis les hauts plateaux à quelques kilomètres au nord de Mexico,
Teotihuacan nous livre quelques secrets.
Quelques uns seulement car cette civilisation florissante à l'époque de Rome (la cité comptait plus de 100.000 habitants et était l'une des plus peuplées de la planète) disparut sans explications vers l'an 600 de notre ère.
Subsistent une allée monumentale et quelques pyramides (celle du Soleil, celle de la Lune, celle du Serpent à plumes) où des fouilles récentes remontent quelques secrets de cette cité des dieux qui ne connaissait ni l'écriture, ni le fer, ni le cheval.
Une cité mythique que les Aztèques, près de mille ans plus tard, vénèreront, tout comme nous autres occidentaux idéaliseront la Grèce ou la Rome antique.
L'expo du Musée Branly est superbe : mise en scène aérée et sobre, explications suffisantes mais pas trop érudites, mises en perspectives géographique, historique, ... avec même une grande maquette des lieux. Impeccable.
Les trésors présentés sont magnifiques et étonnants.
De belles fresques et peintures murales, vivement colorées, où les dieux et les animaux mythiques "parlent" (ils avaient inventé la BD et ses "bulles").
Des braseros et des brûle-encens richement ornés.
De superbes
petites statuettes et figurines, de très beaux
masques mortuaires.
De surprenantes
poupées gigognes dont les entrailles grouillent de minuscules personnages (façon docteur maboul).
Et même si les mayas ont prédit sa fin en
2012, c'est à Teotihuacan qu'est né le cinquième soleil, le notre :
Quatre ères ou soleils avaient déjà existé auparavant. Néanmoins, de grandes catastrophes avaient tout détruit et tout était plongé dans le noir. Les dieux se sont rassemblés dans un lieu sacré afin de créer le monde à nouveau et de donner une autre chance à l'humanité.
Ainsi, les voilà réunis à Teotihuacan. Ils allument un grand feu et commencent à délibérer sur qui devra être sacrifié et devenir le cinquième Soleil qui donnera vie à une nouvelle création.
« Qui sera celui qui prendra la charge d’éclairer et réchauffer le monde ? » demandent les dieux.
« Je le ferai » avance le noble Tecuciztécatl.
« Qui d'autre ? » répliquent les dieux.
Face au silence, tous décident de nommer l'humble Nanahuatzin, qui accepte cette lourde responsabilité.
Deux grandes pyramides sont édifiées (celles actuelles de la Lune et du Soleil à Teotihuacan) pour qu’ils jeûnent et fassent pénitence pendant quatre jours.
Tecuciztécatl apporte de riches offrandes merveilleuses avec des plumes à quetzal et des épines de pierres précieuses.
De son côté, Nanahuatzin ne propose que de modestes offrandes : des cannes attachées, des boules de foin et des épines d’agave, avec lesquelles il offre un peu de son propre sang.
À minuit tous les dieux sont autour du feu et demandent à Tecuciztécatl de s’y jeter, mais celui-ci, s’apercevant de l’intensité du feu et sentant la chaleur, prend peur et fait un pas en arrière. Par quatre fois il essaye de se jeter au feu, mais à chaque fois la peur le retient. Les dieux convoquent alors Nanahuatzin, qui, sans hésiter, se jette avec assurance dans les flammes.
Voyant cela, Tecuciztécatl s’y précipite après lui.
Très vite, le soleil apparait faisant fuir les ombres des ténèbres. Mais derrière le soleil apparait une Lune, éclairant et réchauffant le ciel d'un grand éclat de lumière.
L'un des prêtres prend alors un lapin et le jette sur la Lune, frappant Tecuciztécatl au visage et éteignant sa lueur et sa chaleur de façon qu’on ne le puisse voir que la nuit.
Les cratères de la Lune sont les cicatrices de la blessure de Tecuciztécatl touché par le lapin.
Pour celles et ceux qui aiment les civilisations perdues.
C'est jusque fin janvier 2010 au Musée du Quai Branly (attention, c'est un succès, y'a du monde !).
C'est Audrey qui a pris les photos. Teotihuacan sur Wikipédia.