15 décembre 2008
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Tartarin de Tarascon
Des critiques élogieuses (était-ce Papillon ?) nous avaient guidés vers ce récit de voyage.
On aurait dû fouiller un peu plus sur le web car le périple fut plutôt décevant.
La traversée du Mozambique par temps calme, voilà un titre peu banal.
L'écriture de Patrice Pluyette est du même tonneau. Ça foisonne, ça onirise, ça fait feu de tout bois et de n'importe quoi. Y'a de l'absurde et de la poésie, de la rêverie et du cauchemard, du surnaturel et du pas naturel, une bonne dose d'humour de potache et une pincée de Tartarin ou de Tarascon.
On pense parfois à l'ambiance surréaliste des voyages en bandes dessinées de Fred.
Une brochette de personnages peu banals s'embarquent pour le Mozambique à la recherche d'un trésor et finiront dans les neiges canadiennes ou dans les jungles amazoniennes.
Mais tout ce petit monde s'agite sous nos yeux sans qu'on n'y prenne vraiment part. Un peu comme des clowns de cirque : on regarde, on s'amuse, mais on n'est pas vraiment concernés.
[...] Les grognements se font entendre à peu près chaque nuit depuis trois jours et ça devient inquiétant; de toute évidence un animal féroce, femelle de type panthère d'Amérique, jaguar adulte ou tigre Amba, les suit à la trace. À plusieurs reprises, on a même pu sentir son souffle contre la toile de tente. En vérité, la situation n'offre pas d'échappatoire; le sort de nos aventuriers est lié au bon vouloir de cette bête affamée qui n'attendra pas éternellement que la viande soit cuite; il est probable que notre histoire s'arrête dans trois pages sans plus de personnages à notre charge que cette bête dont nous ne saurions à elle seule tirer une histoire en rapport avec le sujet de la nôte sans ennuyer le lecteur. Nous dirons donc que les hommes et femmes composant ce récit, nonobstant le danger rôdeur, ne perdent pas leur courage, continuent chaque matin à démonter le camp pour mener à bien leur progression lente et difficile, tous les soirs à planter la tente dans un endroit différent, toutes les nuits à trembler dans leurs lits en s'obligeant à prier, à invoquer l'aide d'un dieu tout-puissant à défaut d'un car de CRS armés.
Qu'on aime ou qu'on n'aime moins, il reste la prouesse technique du sieur Pluyette qui manie la plume avec habileté.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires à dormir debout.
Seuil édite ces 317 pages qui datent de 2008.
Papillon a bien aimé, Essel un peu moins.