Aux éditions de l'Aube, un passionnant et autobiographique récit de voyage : Chemins de poussière rouge de Ma Jian, un chinois exilé à Londres avec donc une écriture tout à fait occidentale.
Dans les années 1980, Ma Jian est un intellectuel dissident à Pékin, et pour fuir les tracasseries politiques, il se lance dans un périple à travers la Chine de Den Xiaoping : un voyage très pittoresque, riche de culture et vraiment passionnant dans les profondeurs de l'immense Chine, du Pacifique aux déserts et jusqu'aux confins du Tibet.
Un roman qui vient en contrepoint des romans policiers de Qiu Xiaolong et en écho au film Shanghaï Dreams.
Quelques extraits apéritifs :
"L'homme qui dort dans le lit à côté du mien ronfle bruyamment. Il va finir par me rendre fou. Il est chauffeur routier. Il a toujours peur que quelqu'un lui vole son essence la nuit, il a donc roulé ses barils jusque dans le dortoir. Les vapeurs sont asphyxiantes. Je pars demain dès que je me lève."
"C'est agréable de passer une journée à écrire des lettres. On a l'impression de voyager à travers l'espace."
"Ma pauvreté me permet de me déplacer aussi librement qu'une feuille au vent, mais, parfois, j'aimerais qu'une pierre me tombe dessus et me cloue au sol."
"Je me souviens de la légende des collines au Sable chantant. Une armée de guerriers impériaux campait une nuit dans le désert et une soudaine tempête de sable les enterra vivants. On raconte que, si le vent souffle dans la bonne direction, on peut entendre les fantômes des soldats hurler à l'intérieur des dunes."