8 mai 2012
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Les îles aux trésors.
Un bouquin sur R.L. Stevenson, voilà qui avait de quoi nous attirer.
Un bouquin écrit par un japonais, Nakajima Atsushi, voilà qui avait de quoi nous appâter. Alors évidemment, si c'est le japonais qui se met à évoquer Stevenson ...
La mort de Tusitala, raconte les dernières années de R.L. Stevenson dans les îles Samoa (façon Brel ou Gauguin), fuyant pour raisons de santé, l'air vicié de sa Grande-Bretagne natale.
Tusitala était le nom local de R.L. Stevenson et à quarante ans, RLS se considérait déjà comme très vieux :
[...] si l'âge, d'une certain façon, se calcule d'après la distance plus ou moins courte qui nous sépare de la mort.
Nakajima Atsushi brosse un très beau portrait (à peine imaginaire) de l'écossais qui avait l'âge d'être son père et qui l'était sans doute au plan littéraire. La prose du japonais est étonnament moderne (belle traduction sans aucun doute) et l'on se surprend à plusieurs reprises à déchiffrer les dates : oui, Atsushi est né en 1909 et son bouquin date de sa dernière année : 1942. Surprenant.
[...] Cet homme, très malade des poumons, mais d'un tempérament volontaire, insupportablement prétentieux, poseur et vaniteux, qui se faisait passer pour un artiste sans en avoir le talent et abusait de ses faibles forces pour produire à tour de bras des oeuvrettes insignifiantes mais joliment faites, essuyait dans la vie réelle de constantes railleries, à cause de cette préciosité puérile, subissait sans cesse chez lui la domination d'une épouse plus âgée et, pour finir, mourait misérablement, au fin fond des mers du Sud, en regrettant jusqu'aux larmes le Nord et son pays natal.
Ce court roman en forme de fausse-vraie biographie alterne les vraies-fausses lettres de RLS et le récit de Atsushi qui partage de nombreux points communs avec son 'modèle' : le japonais vécut lui aussi dans les îles du Pacifique (les îles Palaos, du temps de la conquête nipponne) et lui aussi malade des poumons, se savait condamné (pleurésie, asthme, ... il mourut très jeune d'une pneumonie). Pour ces deux là, l'écriture était la seule façon d'échapper à leur destin et ce petit bouquin est donc un hymne joyeux à l'écriture (et à la lecture) :
[...] Mais d'un autre côté, la joie mystérieuse, devenue comme une seconde nature, d'aligner les lettres sur le papier [...] voilà qui n'est pas près de se laisser oublier.
Dédié aux amoureux des livres.
Pour celles et ceux qui aiment les écrivains.
C'est Anacharsis qui édite ces 170 pages traduites du japonais par Véronique Perrin et qui datent de 1942 en VO.