Si j'avais un bateau.
C'est le nom de l'islandais Baltasar Kormákur qui nous a accroché.
C'est à lui qu'on devait l'excellente adaptation cinéma du polar de Arnaldur Indridason, la Cité des Jarres.
Et sachant que Kormákur avait déjà réalisé une première version islandaise de son histoire, on se disait que ce film-ci devait assurément être de la bonne came et pas de la marchandise frelatée.
Kormákur est un fidèle d'ailleurs puisque l'histoire (inédite en français) est également signée Indridason. Cette fois on a droit à un show à l'américaine et le scénario a été transposé de la Mer du Nord au Canal de Panama.
À la Nouvelle-Orléans, Mark Wahlberg s'est rangé des bateaux et des voitures et il a monté sa petite affaire dans la banlieue, depuis que papa est en prison. Mais le jeune frère de Madame a fait des conneries et Wahlberg est obligé de reprendre du service : on ne renie pas sa famille, surtout quand on est contrebandier de père en fils.
Revoici donc notre héros qui embarque à bord d'un porte-conteneurs pour le Panama tandis que Madame et les enfants sont menacés par les vilains.
La première partie du film est plutôt habile : Kormákur nous y donne sa lecture de la région, industrielle et sombre, inquiétante et oppressante, rien à voir avec les clichés habituels sur le bayou (clichés qui termineront le film d'ailleurs). Le film est mené à vive allure (même un gros cargo ça peut aller trop vite, si, si !) et l'adrénaline fait monter la tension.
L'autre intérêt du film tient dans la description de ce milieu tout à fait méconnu de la MarMar et de ces gros porte-conteneurs (et de la contrebande qui vogue avec) qui sillonnent pour nous les mers du globe. On en vient à se demander comment font les douanes pour trouver des candidats à recruter ! Quel boulot !
Pour le reste, le show à l'américaine est au rendez-vous : affreux vilains, course-poursuite, traitres et rebondissements, fusillades et bastons, tout y est.
La seule surprise vient d'une toile de Pollock qui est hold-upée au Panama : les bandits en ignorent la valeur et ils l'utilisent comme bâche pour recouvrir leur marchandise ! La « bâche » vaut juste dix fois plus cher que la came !
Morale de l'histoire : les contrebandiers américains n'ont aucune culture mais cela ne les empêchera de finir heureux au bord de la mer en regardant les pélicans.
Morale de cette morale : les douaniers US ont encore moins de culture que les bandits et donc bien mal acquis profite parfois un peu quand c'est par des bandits-moins-vilains-que-d'autres-méchants-encore-plus-affreux (là on a le droit, surtout quand c'est le beau, fort et musclé Mark Wahlberg qui tient le rôle du bandit-moins-vilain-que-les-autres-méchants-encore-plus-affreux).
Pour celles et ceux qui aiment les histoires de gros bateaux.