29 février 2008
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Bateau, boulot, dodo.
Avec un titre pareil, Triste vie, et lorsqu'on vous aura dit que la dame Chi Li est connue pour être une figure de proue du néo-réalisme chinois ... ne venez pas vous plaindre, vous étiez prévenus !
Voilà un petit opuscule (juste la centaine de pages réglementaire) qui est à lire d'une traite, en une heure de temps, en tout cas pas plus d'une journée car l'action se déroule précisément en une journée.
Une journée de la vie d'un ouvrier chinois du Wuhan, une journée, métaphore de sa vie.
Il part le matin de bonne heure en ferry (il faut traverser le fleuve pour aller bosser), son gosse sous le bras (la Chine et l'enfant unique), pour rentrer at home le soir venu.
Entre temps, on aura eu un aperçu de la vie de Yin Jiahou, de ses rêves d'amours perdues (au passage on notera que c'est bien la première fois dans la littérature chinoise que les exils à la campagne de la Révolution Culturelle sont ici prétextes à de douces rêveries ...), de ses rêves professionnels inachevés, de ses rêves de tendresse ou de passion, de ses rêves de ..., bref de sa triste vie quotidienne ...
[...] Avec sa femme,Yin avait déjà tiré des plans pour l'utilisation de cette somme : on achèterait un jouet électrique au petit et on dépenserait le reste dans un restaurant qui sert de la cuisine occidentale. «Pour une fois, on va enfin en profiter un peu et se faire plaisir» avait-il annoncé à sa femme. Elle avait eu un large sourire : cela faisait si longtemps qu'elle rêvait de goûter à la cuisine occidentale, mais comme chaque fois on arrivait tout juste à boucler le mois, elle n'y avait jamais songé sérieusement.
«Tu as eu ta prime ?» lui avait-elle demandé encore quelques jours auparavant.
Une petite histoire pleine d'empathie pour cet anti-héros d'un jour et ses petits ou grands soucis domestiques.
Même la fin de cette presque nouvelle laisse un goût amer, sans trop qu'on sache si c'est du lard ou du cochon : rentre-t-il chez lui le soir retrouver bobonne car finalement cet amour-là est la seule valeur sûre ? ou rentre-t-il chez lui, désabusé, parce que tout le reste n'est que fantasmes et que son humble foyer est finalement la seule et triste réalité, la triste vie ?
Brrrr, néo-réalisme, on vous a dit !
Profitons en pour glisser notre propre morale : on n'a qu'une vie et faisons en sorte qu'elle ne soit pas triste ! Carpe diem !
On a un autre livre de la dame Chi Li dans la PAL : Tu es une rivière, encore mieux, à suivre donc ...
Pour celles et ceux qui aiment savoir qu'ailleurs l'herbe n'est pas plus verte.
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