Cette suédoise, Karin Alvtegen, est donnée comme l'alter ego féminin d'Henning Mankell, maître es polar nordique.
Il est pourtant difficile de classer ce bouquin, Ténébreuses, parmi les policiers.
Pas d'enquête, pas de flic, pas vraiment de cadavre et presque pas de meurtrier.
C'est tout juste si l'on évoque effectivement un cadavre enfoui dans les mémoires, un cadavre dans un placard, comme on dit.
Car c'est d'une histoire de famille qu'il s'agit. Une sombre histoire de famille.
Une famille où, de père en fils et de fils en petit-fils, une chape de plomb pèse sur les âmes.
Une chape de compromissions et de lâchetés, de fuites et d'abandons, d'égoïsmes et de sacrifices, de trahisons et de mensonges.
Une famille presque normale quoi !
La famille d'un écrivain réputé (jusqu'au prix Nobel) qui aura tout sacrifié à son oeuvre.
L'auteur fameux est au crépuscule de sa vie, la gouvernante de la maison vient à décéder.
Commence alors une lente exhumation des secrets enfouis dans les placards de la maison.
[...] « Bon. Ainsi soit-il, maintenant tu es au courant. Le mieux pour nous tous est que cela reste dans la famille, c'est pas quelque chose dont on a à parler. »
Les épaules de Jan-Erik arrêtèrent immédiatement de se soulever. Lentement, il se redressa et elle aurait préféré éviter de recevoir le regard qu'il lui donna. Puis il se leva, entra dans le salon et récupéra le papier. Continua vers l'entrée et sans qu'un mot fut prononcé, il disparut par la porte. Alice regarda sa montre. L'émission de télévision qu'elle avait attendue allait bientôt commencer. Pourquoi ressasser des souvenirs qui de toute façon ne servaient à rien. Intacts, ils reposaient mieux là où ils étaient.
Elle retourna vers le canapé et s'arma de la télécommande.
Le roman est habilement construit qui entremêle les flash-backs du passé et les tâtonnements du présent et qui, à chaque tour de roue, fait avancer la compréhension de la spirale infernale.
Au fil des pages, on tourne autour des secrets qui gangrènent depuis des années les relations chez ces gens-là.
Mais il faudra attendre les dernières pages pour retrouver la mémoire de l'horreur.
Mais ce n'est pas tout, encore quelques lignes et une autre horreur se dévoile.
Et une troisième, pire encore !
Dans les derniers chapitres, tout s'enchaîne et les personnages basculent un à un dans l'abime. Brrrr.
Noir, c'est noir. Ce qui finalement justifie la couverture et le titre français.
Pour celles et ceux qui aiment les cadavres dans les placards.
Points édite ces 349 pages qui datent de 2007 en VO et qui sont traduites du suédois par Magdalena Jarvin.
Amanda en parle, Antigone et Clochette également. Même les nanas givrées en causent.