11 avril 2008
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Transsibérien.
Avec Le canapé rouge, Michèle Lesbre nous conte l'histoire d'une femme qui se met en quête d'un amour perdu ... à Irkoustk en pleine Sibérie, au bord du lac Baïkal et du fleuve Angara (nos photos sont ici !).
Cette quête, c'est celle du désir des choses perdues : un amour qui s'en est allé, un idéal (politique) qui ne s'est pas réalisé, un enfant qu'on n'a pas eu, ...
Comme tous les voyages, ce n'est pas tant la distance parcourue qui compte que le cheminement de l'esprit (le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même, disait Confucius) et Michèle Lesbre sait bien rendre cela.
Le voyage en train est comme une vie suspendue, une parenthèse, on s'en va mais c'est pour être plus proche de ce qu'on croit avoir laissé.
[...] Je terminais un voyage dont je rêvais depuis longtemps, un train qui n'en finirait pas de m'emmener toujours plus loin, jusqu'à ce lac qui me paraissait inaccessible, juste une légende, un mythe.
On partageait pas mal de points communs avec Michèle Lesbre à commencer par la fascination de cette Sibérie et de son train, depuis Michel Strogoff sans doute.
Les chapitres alternent entre la vaine quête de l'héroïne arrivée sur les rives du lac Baïkal (à ce stade elle ne croit même plus trop à ce qu'elle était venue plus ou moins chercher sans grande conviction) et les souvenirs des conversations avec une vieille dame laissée à Paris sur son canapé rouge.
Toutes les deux se souviennent d'un amour perdu.
Toutes les deux ont attendu trop longtemps que "leur vie commence enfin", comme des petites filles qui auraient oublié de grandir. Beaucoup trop longtemps.
[...] C'est peut-être parce qu'il est mort que je continue à attendre que la vie commence, je crois que je l'ai toujours attendue cette vie-là, je veux dire la vie avec lui. L'autre, celle que j'ai vécue, c'était autre chose, c'était en attendant... Maintenant je suis une très vieille petite fille. Vous il me semble que vous avez grandi, je me trompe ?
Une très très belle écriture que celle de Michèle Lesbre. Sans esbrouffe, intime, pleine de sens et d'émotion.
Une prose qui vaut vraiment le détour, même par la lointaine Irkoustk (qui était surnommée d'ailleurs, le petit Paris de la Sibérie ! Le canapé rouge n'est peut-être donc pas si loin même si Irkoutsk est plus proche de Pékin que de Paris).
Une auteure à ne pas manquer, un bouquin vraiment excellent qui mérite de monter sur le podium 2008 si ce n'est ... que nous avons, depuis, lu un autre roman de Michèle Lesbre qui nous a paru tout aussi bon !
Pour celles et ceux qui voudraient poursuivre la traversée de l'Asie en train : La Chine à petite vapeur de Paul Théroux.
Pour celles et ceux qui aiment voyager en train.
Les billets de Chimère, Papillon, Lily, Bellesahi, et surtout Sylvie qui y a vu (et bien vu !) beaucoup d'eau ...D'autres avis sur Critiques Libres.