13 avril 2007
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Loubianka : de sinistre mémoire, c'est le nom de l'immeuble à Moscou où siègeait en 1939 le NKVD (la police politique soviétique, le bras armé du Parti : avant on parlait de la Tchéka, après on parlera du KGB).
Pavel y est chargé d'un petit boulot très sympa : archiver et brûler les manuscrits des écrivains qui se sont écartés de la doctrine officielle (c'est à dire de presque tous les écrivains).
Comble de l'ironie soviétique, Pavel est un ancien professeur de ... littérature.
Mais on aurait tort de chercher dans le bouquin de l'américain Travis Holland un réquisitoire de plus contre les travers du stalinisme : il n'est pas question ici de violences, goulags, tortures, agitations et autres exactions, à peine évoquées.
Le roman se situe plutôt du côté de Kafka et le contexte historique ou politique n'est qu'un décor : tout cela pourrait, hélas, très bien se dérouler en un autre lieu et à une autre époque.
On ne peut évidemment s'empêcher de se remémorer les images du film récent La vie des autres et des couloirs vert-de-gris de la Stasi ...
D'une écriture très sage, très sûre, Travis Holland nous donne une description toute en retenue, douce et feutrée, minutieuse, de la vie quotidienne et ordinaire de ses personnages : Pavel, son petit chef, sa mère, ses voisins, ses amis, ...
Et tout ce petit monde, son petit monde, va peu à peu se déliter.
Au rythme même où Pavel brûle la littérature.
C'est un roman sur la disparition, la fin. La fin de votre monde, la disparition des êtres qui vous sont chers.
Pavel attend son heure : qu'on vienne le chercher. Finalement, peu importe qui : la grande faucheuse ou ses collègues du NKVD, quelle différence ?
[...] Écoutez-moi Victor. Dans un avenir plus ou moins bref, ils se lanceront à vos trousses. Peut-être se contenteront-ils de vous téléphoner un jour pour vous demander de passer à leur bureau, comme ils l'ont fait pour Maxime Andrévitch. Et comme vous n'avez rien fait de mal vous irez. Ce que vous ne comprenez pas, Victor, c'est qu'à l'instant même où vous serez devant eux, votre innocence n'aura plus aucune importance. Des mots comme innocent ou coupable ne sont bons que pour les gens vivant hors des prisons.
"Evene.fr" en parle ici.
Pavel y est chargé d'un petit boulot très sympa : archiver et brûler les manuscrits des écrivains qui se sont écartés de la doctrine officielle (c'est à dire de presque tous les écrivains).
Comble de l'ironie soviétique, Pavel est un ancien professeur de ... littérature.
Mais on aurait tort de chercher dans le bouquin de l'américain Travis Holland un réquisitoire de plus contre les travers du stalinisme : il n'est pas question ici de violences, goulags, tortures, agitations et autres exactions, à peine évoquées.
Le roman se situe plutôt du côté de Kafka et le contexte historique ou politique n'est qu'un décor : tout cela pourrait, hélas, très bien se dérouler en un autre lieu et à une autre époque.
On ne peut évidemment s'empêcher de se remémorer les images du film récent La vie des autres et des couloirs vert-de-gris de la Stasi ...
D'une écriture très sage, très sûre, Travis Holland nous donne une description toute en retenue, douce et feutrée, minutieuse, de la vie quotidienne et ordinaire de ses personnages : Pavel, son petit chef, sa mère, ses voisins, ses amis, ...
Et tout ce petit monde, son petit monde, va peu à peu se déliter.
Au rythme même où Pavel brûle la littérature.
C'est un roman sur la disparition, la fin. La fin de votre monde, la disparition des êtres qui vous sont chers.
Pavel attend son heure : qu'on vienne le chercher. Finalement, peu importe qui : la grande faucheuse ou ses collègues du NKVD, quelle différence ?
[...] Écoutez-moi Victor. Dans un avenir plus ou moins bref, ils se lanceront à vos trousses. Peut-être se contenteront-ils de vous téléphoner un jour pour vous demander de passer à leur bureau, comme ils l'ont fait pour Maxime Andrévitch. Et comme vous n'avez rien fait de mal vous irez. Ce que vous ne comprenez pas, Victor, c'est qu'à l'instant même où vous serez devant eux, votre innocence n'aura plus aucune importance. Des mots comme innocent ou coupable ne sont bons que pour les gens vivant hors des prisons.
"Evene.fr" en parle ici.