8 décembre 2009
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Tout pour la musique.
Une mauvaise critique de Télérama, un bouche-à-oreille continu, il n'en fallait pas plus pour nous emmener voir Le Concert (tardivement, certes).
Voir ce petit film boudé par les critiques mais plébiscité par le public qui n'en finit pas de remplir les salles (petites mais combles) plusieurs semaines après sa sortie.
Le roumain Radu Mihaileanu (celui de Va, vis, deviens) est à la caméra, le russe Aleksei Guskov (une star chez lui, inconnu chez nous) est à la baguette et la belle Mélanie Laurent (Inglorious basterds, Je vais bien ... ) est au violon.
À Moscou aujourd'hui, l'orchestre du Bolchoï n'est plus que l'ombre de lui-même. Les anciens maîtres de la musique classique ont été relégués par les obsessions antisémites et anticapitalistes des années Brejnev, à des emplois subalternes (balayeur, chauffeur d'ambulance, ...) et ne rêvent que de remonter sur scène.
L'ancien chef d'orchestre monte une supercherie et usurpe le rôle du Bolchoï officiel pour un concert au théâtre du Châtelet à Paris (quel monument il représentait pour l'époque !).
Il faut battre le rappel des anciennes gloires, trouver l'argent du voyage à Paris, des chaussures et des costumes, des instruments aussi, bref l'épopée commence jusqu'au glorieux final.
Alors oui, les critiques sévères ont raison, le film est bourré de clichés et de maladresses, inutile de les lister ici. Oui.
Mais non, ça ne suffit pas à nous gâcher le plaisir tout au long de cette sympathique histoire invraisemblable, ni l'enthousiasme qui gagne l'orchestre et les spectateurs pour le concert finalement donné et réussi.
Dans son film, Radu Mihaileanu nous dit qu'un orchestre, c'est fait de plein de gens d'origines et d'horizons divers et variés qui réussissent à communier (c'est ça le vrai communisme) dans la recherche de l'harmonie musicale.
Et son cinéma est fait du même bois à violon : c'est plein de petits films différents destinés à raccoler des spectateurs d'origines et d'horizons divers et variés qui viennent s'enthousiasmer tous ensemble et appplaudir l'orchestre.
Car il y en a pour tous les goûts.
De la farce et de la bonne humeur : le mariage mafieux filmé à la Tarantino, le doublage des films pornos en tricotant et jouant de la clarinette, la fabrication à la chaîne des faux passeports dans la salle d'embarquement de l'aéroport (1), ...
De la social-nostalgie : les fausses manifs du PC Russe, les trop rares plans sur le building stalinien de l'hôtel Ukraina(2), les anciens camarades de la place du Colonel Fabien à Paris, ...
Et même des larmes et du mélo : le destin et l'histoire secrète de Mélanie Laurent. Un film bariolé, de bric et de broc, tout comme l'orchestre reconstitué.
Avec de très très belles scènes semées de ci de là.
Comme au début du film, ces descriptions de la vie désenchantée des moscovites.
Comme le tzigane qui prend le violon des mains de Mélanie Laurent et commence à jouer des airs manouches sous les moues arrogantes des uns ou des autres ... jusqu'à faire la démonstration qu'il joue finalement mieux que la star elle-même (genre un violon peut en cacher un autre).
Et bien sûr, comme ce long final, ce concert où l'on assiste en direct à la magie de la musique lorsque Mélanie entraîne derrière son violon, tout l'orchestre et nous avec elle.
Car le véritable sens du film de Radu Mihaileanu est bien là : tout pour la musique.
On pense bien sûr au récent Farewell, non seulement pour les presque mêmes vues de Moscou, mais aussi pour le fils du colonel Farewell qui, les deux pieds dans la neige, rêvait d'être Freddy Mercury à l'ouest. Un même rêve pour une autre musique.
Ou encore à la Fanfare égyptienne (3) qui était venue se perdre fin 2007 dans une colonie juive : on titrait alors "conte de Noël" ... Ce Concert pourrait bien être le conte du Noël 2009.
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(1) attention il ne faut pas croire tout ce qu'on voit au cinéma : nos nombreuses heures d'attente dans les couloirs de Cheremetievo au fil de nos voyages, nous permettent de vous assurer que ce n'est certainement pas cette ambiance festive et bon enfant qui attirent les voyageurs à Moscou mais uniquement les tarifs pratiqués par l'Aeroflot sur de nombreuses destinations depuis l'aéroport le plus sinistre de la planète !
(2) notre hôtel lors de notre dernier voyage en Russie, un charme stalinien fou !
(3) notamment lorsque l'orchestre russe prend, à pied, l'autoroute de l'aéroport.
Pour celles et ceux qui aiment la musique, bien sûr.
Tioufou et Mag ont bien aimé, comme nous.
Pascale et Alexandra sont plus sévères.