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On A Tout Archivé

19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 19:58
Le site de Picquier l'éditeur
Le parfum de la fleur de prunier

Voilà un polar bien curieux : Seul demeure son parfum, du chinois Feng HUA.
Un vrai chinois de Chine, un chinois contemporain de la Chine d'aujourd'hui.
Le résultat est étrange : on est bien loin du style américain de Qiu Xialong par exemple.
Une écriture un peu décalée à nos yeux d'occidentaux.Le répertoire des polars
Avec une sorte de naïveté explicative :
[...] - Demain je vais faire un tour à la mairie, mais je vais y aller doucement parce que l'affaire est classée, et la brigade criminelle veut terminer rapidement le travail d'archivage commencé sur Internet. Je ne crois pas qu'ils seraient d'accord pour que je reprenne cette affaire. Je vais être obligé de le faire discrètement.
Ou encore :
[...] Bien entendu, Pu Ke avait compris. Un policier ne peut pas suspecter les gens sans preuve, sur une simple intuition, c'est inacceptable, tant du point de vue de la loi que de celui de la déontologie.
C'est amusant. On hésite entre la naïveté de l'auteur, la difficulté de la traduction ou le souci culturel de s'adresser à plusieurs millions de lecteurs ! Un style pédagogique que l'on retrouve parfois dans les articles de journaux.
Ou dans d'aimables dialogues, comme ici entre deux amants :
[...] - Pu Ke, j'ai une idée, mais je ne sais pas si je dois te la dire ou pas.
- Bien sûr que oui, a tout de suite répondu Pu Ke, je sais que tu es intelligente.
- Toi, quand tu veux, tu sais faire mousser les gens !

Ou encore entre deux collègues :
[...] - Ce n'est pas le problème, on fait chacun un travail différent, tu te sers de ta tête et moi de mes jambes, toi tu pourrais faire mon travail, moi je je pourrais pas faire le tien.
D'autres surprises au fil des pages, comme ici lorsque l'inspecteur Pu Ke découvre le journal intime d'une victime :
[...] Jeudi 28 septembre.
Mon Dieu, je n'aurais jamais pu croire que c'était aussi beau de faire l'amour. (Venait ensuite un passage en anglais qui racontait en détail comment elle avait fait l'amour avec "lui".) Je suis ensorcelée, c'est sûr.

Autocensure ?
Un livre pour les curieux, d'autant que l'intrigue policière est plutôt convenue et que l'on connait l'assassin dès le début ou presque. Non, ce qui intéresse visiblement plus Feng Hua, ce sont les relations complexes et difficiles entre les hommes et les femmes de la Chine d'aujourd'hui.
Hésitant entre l'émancipation de la modernité et la rigueur des traditions.
Une liberté difficile à gagner et à assumer, au risque de lâcheté et de déceptions amoureuses.
Avec en prime une description instructive des relations dans une grande ville chinoise d'aujourd'hui et quelques bribes de poésie orientale.
[...] Au début du printemps, quand la neige et la glace n'ont pas encore fondu, les fleurs de prunier sont magnifiques sous la neige.

Pour celles et ceux qui aiment la Chine.
Picquier Poche édite ces 352 pages qui datent de 2007 en VO et qui sont traduites du chinois par Li Hong et Gilles Moraton.
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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 16:32
La librairie Compagnie en parle
Sauve qui peut !

Depuis Arnaldur Indridason et ses polars, on sait que l'Islande est une destination plutôt sombre.

Son compatriote, Olafur Haukur Simonarson, confirme avec un autre polar, Le cadavre dans la voiture rouge, que c'est bien un endroit sinistre.

Jugez plutôt (page 21, on arrive à destination avec le héros en voiture) :

[...] - Le brouillard est-il souvent aussi épais sur leplateau ? demandais-je.

- Le brouillard ! s'exclama-t-il. Dans le coin, nous n'appelons pas ça du brouillard. C'est une belle journée d'été, mon garçon. Ce n'est que quand il faut faire marcher deux hommes devant la voiture qu'on peut parler de brouillard. 

Et un peu plus loin, page 33 :

[...] "Bienvenue à Litla-Sand !" Un grand panneau et, à la différence de ce genre d'écritreau, il ne penchait d'aucun côté. Et, au-dessous, avait été inscrit en lettres maladroites : Sauve qui peut !

Voilà, le décor est planté !

Jonas, divorcé et au chômage, accepte bon gré mal gré un poste d'instit dans ce petit village accueillant de Litla-Sand.

Il y découvrira la face obscure de l'Islande des cartes postales : magouilles locales, affaires douteuses, intimidations, menaces à peine voilées, hypocrisie, et finalement meutre.

L'astuce du bouquin c'est que dès le début, on sait qu'il y a eu meurtre (l'instit que Jonas est venu remplacer).

Et tout au long de l'histoire, sur les traces de Jonas, on découvre tout l'enchainement qui a conduit à ce crime. 

Même si le cadavre ne sera découvert qu'à la fin du bouquin. Presqu'un polar à l'envers.

La vie quotidienne dans un port de pêche islandais ...


Pour celles et ceux qui aiment les îles lointaines, même froides et pluvieuses.
Points édite ces 285 pages traduites de l'islandais par Frédéric Durand.


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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 14:30
D'autres avis sur Critiques Libres
Le mal du siècle

Après l'Élégie pour un américain, nous nous sommes de nouveau invités chez Siri Hustvedt, l'épouse de Paul Auster, celle qu'on surnommait dans notre précédent billet, la voisine de Woody Allen (l'humour en moins).
Dans cet autre ouvrage (antérieur), Tout ce que j'aimais, il était d'ailleurs déjà question d'élégie :

[...] Il avait besoin de ces enfants pour sa propre santé mentale et, grâce à eux, il allait composer une élégie à ce qu'ont perdu tous ceux d'entre nous qui vivent assez longtemps - leur enfance.

Une histoire de couples, new-yorkais, en partie juifs, intellectuels ou artistes : nous habitons toujours sur le même palier que Woody Allen et il ne faut pas être allergique !

Ce qui sauve les romans de Siri Hustvedt, c'est sa plume : remarquable d'élégance et de justesse.

Même réticent dans les premiers chapitres, on finit par se laisser doucement bercer par ces lamentations d'intellos.

Au fil de ce bouquin foisonnant, on glanera d'ailleurs quelques belles pages (et passionnantes) sur l'anorexie et l'hystérie, maladies féminines des expériences du professeur Charcot à la Salpêtrière : les expériences de ces médecins du XIX° auraient-elles fini par créer de toutes pièces malades et maladies ?

D'autres pages également sur l'art et la peinture (perso, on a moins aimé).

Mais le véritable sujet de ce roman (presque un essai), c'est la perte de l'enfant et la perte de l'enfance.

La perte de l'innocence en somme.

Deux couples (environ : chez ces gens-là, rien n'est jamais aussi simple bien sûr !), en route pour les sommets de la réussite et de la liberté (artistes à New-York !), mais malmenés par la vie.

C'est la mort qui emportera le fils du premier couple : avec lui, ils perdront cette innocence de l'enfant et leur propre innocence de croire en un monde possible.

L'autre couple ne s'en tirera guère mieux : ce sera le mensonge, l'argent, le sexe, ... qui emporteront également l'innocence de leur enfant et leur croyance en un monde meilleur.

Car Siri Hustvedt revisite ici le mythe d'Icare :

[...] Dédale, le grand architecte et magicien, avait fabriqué ces ailes afin que son fils et lui puissent s'échapper de la tour où ils étaient prisonniers. Il avait averti Icare du danger de voler trop près du soleil, mais le garçon, faute de l'avoir écouté, avait plongé dans la mer. Dédale, n'est pas une figure innocente, néanmoins, dans cette légende. Il a risqué trop gros pour sa liberté et, à cause de cela, il a perdu son fils.Siri Hustvedt

Ceux qui ont ou ont eu des ados y trouveront quelques échos.

La plupart des lecteurs-blogueurs ont préféré Tout ce que j'aimais à l'Élégie pour un américain, mais pour notre part, notre coeur balance ...


Pour celles et ceux qui aiment l'art, les tourments et les ados.
Babel édite en poche ces 453 pages qui datent de 2003 en VO et qui sont traduites de l'américain par Christine Le Boeuf.
MyLou, Anne, Florinette, Camille, en parlent. D'autres avis sur Critiques libres.
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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 09:20
Cottet en parle
Quelques enquêtes du «Simenon» japonais

On avait déjà parlé ici de Matsumoto Seicho avec son roman Tokyo Express qui était même candidat à notre best-of polars 2007.
Avec La voix, revoici cet auteur réputé au Japon (le Simenon japonais, dit-on) avec un recueil de six nouvelles, six petites enquêtes policières pleines de charme.
On y retrouve toutes les caractéristiques déjà découvertes dans Tokyo Express.
L'attention portée aux petits riens, aux choses ordinaires de la vie ordinaire.
La fascination pour les chemins de fers japonais : il est vrai que le Japon est un peLe répertoire des polarstit pays [par la superficie] et que, là-bas, on prends le Shinkansen [le TGV local] avec autant de facilité et de simplicité qu'on prend le métro à Paris, on l'a constaté nous-mêmes lors de notre dernier voyage.
Et bien sûr, l'intérêt pour les crimes parfaits, aux alibis imparables ... qu'une enquête approfondie ou tout bonnement le hasard ordinaire viendra démonter de manière tout aussi imparable.
[...] J'imaginai diverses manières de le tuer. Le meurtre en soi ne posait pas de problème ; il y a de nombreux moyens de commettre un crime. Mais il me fallait mettre au point une méthode à toute épreuve, digne de l'auteur d'un meurtre, afin que je ne sois pas découvert. Car, mon objectif atteint et l'homme tué, à quoi cela servirait-il si j'étais pris ? Sa revanche prendrait finalement le pas sur la mienne.
Je consultai de nombreux livres sur la question. Beaucoup de criminels font des efforts démesurés pour dissimuler leur forfait. Pourtant, ce sont souvent leurs méthodes puériles qui les perdent. Il est vrai que la plupart des cas décrits dans les livres relatent ceux de criminels qui finissent par être arrêtés. Mais à travers
le monde, il doit bien y avoir de nombreux crimes restés ignorés et des meurtriers qui courent toujours.
Le crime parfait existe, j'en suis persuadé.

Dans ces quelques nouvelles, c'est bien souvent le hasard qui viendra mettre à mal ces crimes presque parfaits : un visage apparu sur un écran de cinéma, un article de journal lu rapidement, une voix reconnue au téléphone, ... à chaque fois un petit détail vient remettre le crime à sa place (et le criminel !).
Comme on le disait déjà pour Tokyo Express, un moyen bien agréable de découvrir la littérature japonaise et la vie quotidienne au pays du soleil levant.

Pour celles et ceux qui aiment Simenon et les policiers au rythme sage.
Picquier Poche édite ces 253 pages qui datent de 1956-1958 en VO et qui sont traduites du japonais par Karine Chesneau.
Cottet en parle.
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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 18:19
Darwin
Révisionnisme

En cette année du 200ème anniversaire de la naissance de Charles Darwin, permettez qu'on ressorte ce billet publié ici il y a plus de deux ans.
Le bouquin n'est pas extraordinaire, notre billet était insiginifiant, mais c'est surtout l'occasion de promouvoir la théorie de la sélection naturelle et de parler plus fort que les révisionnistes et créationnistes de tout bord. Na !

On trouvera ici un article de Courrier International sur la propagation nauséabonde du créationnisme.

Amateurs d'intrigues et de romans historiques, ne manquez pas La Conspiration Darwin.
Bien sûr, il ne faut pas chercher là une quelconque vérité historique ou scientifique mais plutôt le prétexte à un roman intelligent où l'on se promène entre le récit de voyage de l'ancien explorateur, l'enquête contemporaine de chercheurs - détectives amateurs, et le supposé journal de la fille de Darwin.
[...] L'exercice était peu commun : reconstituer une existence cent cinquante ans après les faits, pour tenter de donner un sens aux événements. Parfois les pièces s'emboîtent, parfois elles résistent. Et parfois l'historien en connait plus que son sujet.
On pense bien entendu à Umberto Eco même si l'on reste ici bien loin de la prose savante de l'italien : l'intrigue policière très accessible de Darwin nous fait passer un agréable moment, comme quoi on peut s'instruire en s'amusant.
[...] Le jour où le Beagle prit enfin la mer, Charles et le commandant Fitzroy passèrent l'après-midi dans une taverne, à se gaver de mouton et de champagne, puis ils quittèrent la digue à la rame pour rejoinndre le navire. Ils le voyaient s'avancer majestueux dans la Manche, sa mâture fièrement dressée, gonflant ses voiles dans la brise généreuse. Stupéfait, Charles constata que cette vision ne l'émouvait point. Où était l'euphorie attendue. Après des mois de reports et de sorties avortées, il allait enfin embarquer pour sa grande aventure et il n'éprouvait que de la peur !
Pour celles et ceux qui aiment la vérité.
Michel Lafon édite ces 306 pages qui datent de 2005 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Jean-Pascal Bernard
.
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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 20:00

Le dossier de la librairie Compagnie


Nestor Burma chez les SS

Décidément le millésime 2009 de la cuvée polars s'annonce comme un bon cru.
Après les deux Fred Vargas dont on parlé tout récemment (Un lieu incertain et Sous les vents de Neptune), voici une belle trouvaille (coup de coeur Fnac) : La trilogie berlinoise de l'écossais Philip Kerr.
La ré-édition réunit trois épisodes de la série qui met en scène un privé au goût de Philip Marlowe, à l'odeur de Nestor Burma (celui de la télé plutôt que l'original de Léo) mais aux relents de Gestapo puisque la série se passe à Berlin, avant et après guerre.
Ce qu'évoque d'ailleurs la couverture avec une photo qu'on jurerait tirée des cartons de Leni Riefenstahl, l'équivoque photographe du Reich aux sujets troubles, du genre un esprit sain dans un corps sain ...
Le premier épisode, L'été de cristal, se déroule en 1936 pendant les JO de Berlin (filmés par Leni Riefenstahl justement), en pleine ascension du parti National-Socialiste.
Le titre en VO (March violets) évoque «les violettes de mars 1933» lorsque fleurirent toutes les adhésions spontanées à ce parti NAZI, et lorsqu'on traficotait pour obtenir un «petit» numéro d'adhérent prouvant ainsi sa longue fidélité à la doctrine en vogue.Candidat au best-of 2009
Le privé c'est Bernie Gunther (ancien flic, ancien détective de l'hôtel Adlon, aah l'hôtel Adlon de Berlin ...) qui fanfaronne avec un humour grinçant et caracole avec une belle inconscience entre les pattes des monstres des SS ou de la Gestapo.
On croisera même Goering au détour d'une soirée mondaine ou encore Himmler à un enterrement.
Bernie essaie de surnager dans ces eaux nauséabondes égratignant au passage tous les profiteurs du nouveau régime.
Sur les traces de Bernie on parcourt Berlin en tous sens, de la Friedrichstrasse au Kürfürstendamm et du quartier de Schöneberg au Kreuzberg, oubliant un instant dans quelle horreur s'enfonce la belle capitale (nos photos de Berlin).
Mais la radio se charge de nous rappeler aux sombres réalités.
[...] Ce soir-là, on eût dit que tout Berlin s'était donné rendez-vous à Neukölln, où Goebbels devait parler. Comme à son habitude il jouerait de sa voix en chef d'orchestre accompli, faisant alterner la douceur persuasive du violon et le son alerte et moqueur de la trompette. Des mesures avaient par ailleurs été prises pour que les malchanceux ne pouvant aller voir de leurs propres yeux le Flambeau du Peuple puissent au moins entendre son discours. En plus des postes de radio qu'une loi récente obligeait à installer dans les restaurants et les cafés, on avait fixé des haut-parleurs sur les réverbères et les façades de la plupart des rues. Enfin, la brigade de surveillance radiophonique avait pour tâche de frapper aux portes des appartements afin de vérifier se chacun observait son devoir civique en écoutant cette importante émission du Parti.
C'est tout l'intérêt de ce bouquin que de nous plonger dans la vie quotidienne berlinoise juste avant-guerre et de nous montrer les plus petits rouages de la mécanique nazie en marche.
Instructif et édifiant.
[...] Je commençai par aller voir au X Bar, un club de jazz illégal dont l'orchestre glissait des morceaux américains au beau milieu de la soupe aryenne ayant l'aval des autorités. Les musiciens se livraient à ces acrobaties avec suffisamment de finesse pour ménager les consciences nazies qu'aurait pu choquer cette musique dite inférieure.
Le second épisode, La pâle figure, nous amène en 1938 alors que l'Allemagne envahit les Sudètes.
Cette aventure est plus classique : le privé a réintégré la police officielle, pour un temps, et part sur les traces d'un serial killer ... et sur celles de la propagande qui prépare la nuit de cristal ...
Le dernier épisode, Un requiem allemand, nous propulse en 1947 à la fin de la guerre, où l'on retrouve Bernie, marié (si, si !) dans Berlin en ruines.
[...] Dans beaucoup de quartiers, un plan des rues n'était guère plus utile qu'une éponge de laveur de carreaux. Les artères principales zigzaguaient comme des rivières au mileu de monceaux de décombres. Des sentiers escaladaient d'instables et traîtresses montagnes de gravats d'où, l'été, s'élevait une puanteur indiquant sans erreur possible qu'il n'y avait pas que du mobilier et des briques ensevelis dessous.
Les boussoles étaient introuvables, il fallait beaucoup de patience pour s'orienter dans ces fantômes de rues le long desquelles ne subsistaient, comme un décor abandonné, que des façades de boutiques et d'hôtels : il fallait également une bonne mémoire pour se souvenir des immeubles dont ne restaient que des caves humides où des gens s'abritaient encore.
Un Berlin dévasté où les femmes rescapées tentent de survivre et où la peur de la soldatesque russe est de règle.
[...] Pourtant, certains disaient que les Popovs prenaient seulement de force ce que les femmes allemandes ne demandaient pas mieux que de vendre aux Anglais et aux Américains.
On suit donc Bernie jusqu'à Vienne (Autriche) en pleine dénazification, lorsque les Américains tentent de récupérer les «meilleurs éléments» allemands pour constituer, face aux soviétiques, les forces d'espionnage qui feront bientôt les beaux jours de la guerre froide.
Mais Bernie garde son sens de l'humour et sa condescendance berlinoise qui n'est pas sans rappeler notre propre arrogance parisienne !
[...] Tard le soir, Vienne ne soutenait la comparaison avec aucune autre ville, sauf peut-être la capitale engloutie de l'Atlantide. N'importe quel vieux parapluie restait ouvert plus longtemps que les établissements nocturnes dPhilip Kerre Vienne.
Une excellente idée que de ré-éditer ces trois épisodes, passionnants, pertinents, prenants, qui améliorent notre compréhension de cette Allemagne, avant, pendant et après.
La visite est terminée, n'oubliez pas le guide ! Il s'appelle Philip Ballantyne Kerr (ou Bernie, c'est selon).


Pour celles et ceux qui aiment Berlin.
Le Masque édite ces 836 pages qui datent de 1989-1991 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Gilles Berton
.

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 17:47
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Le pelleteux de nuages

On vient donc de lire les deux dernières aventures du commissaire Adamsberg de Fred Vargas dans le désordre.
Après Un lieu incertain qu'on a beaucoup aimé, voici Sous les vents de Neptune, réputé comme l'un des meilleurs Vargas à ce jour.
Plus construit que le Lieu incertain, Les vents de Neptune fait la part belle à l'intrigue policière qui est au coeur du récit.
Intrigue policière au premier plan puisque dans cet épisode, Adamsberg se retrouve même ... au banc des accusés !
Mais c'est aussi ce qui laisse moins de liberté aux délires quasi absurdes qui émaillaient la première partie du Lieu incertain et faisaient le charme ce cet épisode. Mais bien entendu, les deux valent la lecture et ce sera donc selon les goûts !
Récemment, Adamsberg s'est donc mis à voyager, et après la Serbie du Lieu incertain, le voici au Canada pour visiter les cousins québécois.
Ce qui nous vaut quelques belles pages (même si elles sont un peu convenues) sur le choc des cultures et bien sûr les incompréhensions du langage fleuri de nos cousins d'outre-Atlantique.
On en profite pour découvrir un trouble passé à l'ami Adamsberg, avec un accident fraternel qui rappelle inévitablement le poids que traîne également le commissaire Erlendur de l'islandais Indridason. Même si les styles (des flics et des auteurs) sont très différents, ces deux-là ont plus d'un point et d'un frère en commun.
Dans la famille des personnages un peu déjantés qui entourent Adamsberg, on distinguera cette fois la figure inoubliable de Josette, la géniale et septuagénaire hackeuse, qui passe son temps à réguler discrètement les flux financiers de la planète et à restituer aux pauvres ce qui pèsent aux riches. Elle égalise !
[...] - Josette, elle va où elle veut dans ses souterrains, déclara Clémentine. Et des foyes la voilà à Hambourg, et des foyes la voilà à New-York.
- Pirate informatique ? demanda Adamsberg, stupéfait. Hacker ?
- Aqueuse, exactement, confirma Clémentine avec satisfaction. Josette, elle pique aux gros et elle donne aux maigres. Par les tunnels. Faut me boire ce verre, Adamsberg.
Fred Vargas
- C'était cela, Josette, les "transferts" et les "répartitions" ? demanda Adamsberg.
- Oui, dit-elle en croisant rapidement son regard. J'égalise.

Trop forte, la Josette !
On regrette qu'elle ne soit pas intervenue plus tôt et pour de vrai dans la finance mondiale !

Pour celles et ceux qui aiment les cousins du Québec.
J'ai lu édite ces 442 pages qui datent de 2004
.
D'autres avis sur Critiques Libres.
Pitou en parle, Sylvie, Sole également.
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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 12:31
D'autres avis sur Critiques Libres
En noir et blanc

Voilà un moment qu'on tournait avec méfiance autour de cet oiseau, un livre incontournable de la blogoboule qui soulève l'enthousiasme un peu partout.
Jusqu'ici le style tranche de vie racontée avec humour par une enfant nous en avait écartés mais le livre traînait sur les étagères de P & M entre Noël et le Jour de l'An ...
Belle occasion de découvrir cet excellent bouquin et rattraper ainsi notre retard !Candidat au best-of 2009
Oublions vite le côté tranche de vie racontée avec humour par une enfant puisque, s'il y a bien une enfant au centre du roman, l'histoire nous est contée sans niaiserie et avec un regard d'adulte (ce qui fut d'ailleurs reproché par certains à Ann Harper Lee avant qu'elle ne reçoive le Pulitzer).
Ce fameux bouquin, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur a été écrit dans les années 60 en pleine campagne des Noirs pour leurs droits civiques et l'action se situe dans les années 30, en pleine Dépression (encore !), dans un état du Sud (l'Alabama) à un moment où la ségrégation avait encore de beaux jours devant elle.
L'auteure nous conte l'histoire d'enfants qui grandissent élevés au fil des saisons par leur père : Scout, la cadette, garçon manqué et son frère aîné, Jem.
À qui Atticus le père offre un jour une carabine :
[...] - Je préfererais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserves, dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux. Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché que de tuer un oiseau moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.

En 1935, dans cette petite ville du fond de l'Alabama, on trouve effectivement ces fameux mockingbirds chantants mais aussi des Noirs, employés aux champs ou aux cuisines, qui chantent du gospel de tout leur coeur.
Jusqu'à ce que l'un d'eux, Tom Robinson, se retrouve accusé d'avoir violé une blanche, Mayella Ewell,  ...
Les Ewell sont une bande de pouilleux et de crêve-la-faim (on est en 1930) mais ils sont blancs ...
[...] - Pendant la déposition de Tom Robinson je pris conscience que Mayella Ewell devait être la personne la plus seule au monde. Elle l'était plus encore que Boo Radley qui n'était pas sorti une fois de chez lui en vingt-cinq ans. Lorsque Atticus lui avait demandé si elle avait des amis, elle avait paru ne pas savoir ce qu'il voulait dire, puis croire qu'il se moquait d'elle. Elle était aussi triste, me dis-je, que ce Jem appelait un enfabnt métis : les Blancs ne voulaient rien avoir affaire avec elle parce qu'elle vivait dans une porcherie, les Noirs parce qu'elle était Blanche.       
Tom sera défendu par le père des enfants et la deuxième partie du bouquin nous vaut quelques belles pages de ce procès.
Une plongée dans l'amérique raciste la plus profonde, annonciatrice des changements à venir (Martin Luther King sera assassiné 9 ans après la parution du bouquin, 35 ans après les faits relatés).
Une belle leçon également pour nos ados.

Pour celles et ceux qui aiment le Sud et les garçons manqués.
Le livre de poche édite ces 434 pages qui datent de 1960, traduites de l'américain par Madame Stoïanov et Isabelle Hausser
.
Tout le monde en parle et donc : Gachucha, Katell, Tamara, Papillon, ...
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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 09:00
D'autres avis sur Critiques Libres
C'est l'histoire d'un type ...

On vient juste de dire tout le bien qu'on pensait de la plume de Jean Échenoz avec Lac, qui date de 2005.
Et puis Véro nous a prêté la dernière et toute récente production d'Échenoz : Courir.
Courir, c'est l'histoire d'Émile.
Émile n'aime pas le sport. Émile travaille dans une usine de chaussures Bata en Tchécoslovaquie (c'est ça le destin ?).
Émile sera pourtant le coureur le plus rapide du monde.
Émile n'aime pas trop son boulot à l'usine. Et on s'aperçoit qu'Émile est vraiment très rapide à la course, même s'il court n'importe comment.
Alors, poussé par son entourage, Émile s'entraîne, s'entraîne encore, par tous les temps.
Bientôt les records de Tchécoslovaquie commencent à tomber dans les poches du survêtement d'Émile.Émile Zatopek, la locomotive tchèque
Encore quelques années d'entraînement et ce sera les records d'Europe puis du monde. Le 5.000 mètres, le 10.000 mètres, le record de l'heure (plus de 20.000 mètres), les médailles d'or des Jeux Olympiques, jusqu'au mythique marathon.
C'est l'histoire d'Émile.
C'est l'histoire de Zatopek, Émile Zatopek, la locomotive tchèque qui sera pendant de nombreuses années l'homme le plus rapide du monde, accumulant records et médailles et courant n'importe comment, sans style, la tête bringuebalant sur le côté, sans méthode, au grand dam des entraîneurs et docteurs sportifs. À une époque où le mot dopage n'avait pas encore été inventé et où sur la piste, sur la cendrée comme l'on disait encore, il n'y avait que des hommes et non des cobayes de labos pharmaceutiques.
[...] Un  jour on calculera que, rien qu'en s'entraînant, Émile aura couru trois fois le tour de la Terre. Faire marcher la machine, l'améliorer sans cesse et lui extorquer des résultats, il n'y a que ça qui compte et sans doute est-ce pour ça que, franchement, il n'est pas beau à voir. C'est qu'il se fout de tout le reste. Cette machine est un moteur exceptionnel sur lequel on aurait négligé de monter une carosserie. Son style n'a pas atteint ni n'atteindra peut-être jamais la perfection, mais Émile sait qu'il n'a pas le temps de s'en occuper : ce seraient trop d'heures perdues au détriment de son endurance et de l'accroissement de ses forces. Donc même si ce n'est pas très joli, il se contente de courir comme ça lui convient le mieux, comme ça le fatigue le moins, c'est tout.

Enfin, presque tout. Car Échenoz a l'intelligence de replacer la course d'Émile dans celle, encore plus folle, du monde. Le monde finissant du XX° siècle.

Émile a 17 ans quand le III° Reich envahit les Sudètes (beaucoup) et la Tchécoslovaquie (un peu, tant qu'on y est, on y reste). La première course officielle d'Émile est un cross de la Wehrmacht. Après la guerre il court à Berlin dans le stade construit par Hitler pour les fameux JO de 1936. Plus tard son talent est "utilisé" par la propagande Jean Échenoztchèque (ou même celle du PC français avec le cross de l'Humanité). Même si le pouvoir communiste ne lui délivre des visas qu'au compte-goutte ... dès fois qu'il prenne goût à la course de l'autre côté du rideau de fer.

Encore un peu plus tard, il se rallie à la bannière de Dubcek pendant le printemps 68.

On sait comment le printemps se termine : Émile signera donc son autocritique comme tout le monde et, après un passage par les mines d'uranium, finira archiviste dans un sous-sol du ministère des sports.

Ce petit bouquin d'Échenoz (tous les bouquins d'Échenoz sont petits !) se lit à toute allure, à toute vitesse.

En moins de deux heures, en moins de temps qu'il n'en faut à Émile pour courir les 20.000 mètres.

On suit tout cela (les courses d'Émile et la roue de l'Histoire) au rythme donné par Échenoz, dans la foulée d'Émile : c'est passionnant, captivant, haletant.

Sous la plume d'Échenoz, on a l'impression de voir le monde courir à sa perte tandis que le petit bonhommeCandidat au best-of 2009 Émile court sur la planète, poursuivi par les chars, essayant vainement d'échapper à l'Histoire qui finira par le rattraper lorsque, avec l'âge, Émile s'essouffle et se trouve bien heureux de voir quelques jeunes prendre enfin la relève.

Échenoz est un écrivain fort discret et fort talentueux. C'est son dernier bouquin et son écriture si caractéristique (une douce ironie, une tendre cocasserie, faussement naïves), est ici parfaitement dosée et maîtrisée et réussit à nous faire partager pendant quelques pages la course folle d'Émile.

Impeccable.


Pour celles et ceux qui aiment la course à pied, et même pour ceux qui n'aiment pas.
Les éditions de minuit éditent ces 142 pages qui datent de 2008
.
Benjamin en parle, Culture-Café et Lucretius aussi. BlueGray a moins aimé. D'autres avis sur Critiques Libres.
Les Éditions de minuit proposent intelligemment de découvrir en ligne les premières pages du roman : c'est ici.
Une bio d'Échenoz.
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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 08:40
D'autres avis sur Critiques Libres
Chez la voisine de Woody Allen

Siri Hustvedt n'est autre que l'épouse de Paul Auster : un parrainage qu'elle assume fort bien tant son style est limpide et maîtrisé comme le montre son roman, Élégie pour un américain.
Élégie : poème lyrique, écrit dans un style simple, qui chante les plaintes et les douleurs de l'homme, les amours contrariés, la séparation, la mort.
Pour une fois tout est dit dans le titre (The sorrows of an american en VO).
Le roman entremêle (très habilement) le présent d'un psychanalyste new-yorkais et de sa soeur avec le passé de leur père, voire de leurs grands-parents.
Avec même des extraits des mémoires du père (des vraies mémoires du vrai père de Siri Hustvedt).
Une famille d'immigrés norvégiens (Siri Hustvedt est d'origine novégienne) et cette histoire «intergénérationnelle» comme on dit, pourrait faire le lien transatlantique entre les sagas nordiques qu'on a découvertes récemment ici ou et les histoires plus américaines qu'on a pu lire ici et .

Les plus attentifs auront également repéré quelques mots-clés : psychanalyse, New-York, ... oui, on est en plein dans le monde de Woody Allen. Celui des intellectuels américains (enfin, new-yorkais) tourmentés aujourd'hui par les suites du 11 septembre et la guerre en Irak (les américains semblent avoir découvert le mal depuis qu'il a frappé chez eux).

C'est ce côté parfois un peu jérémiade qui peut agacer, comme peuvent aussi gêner les références répétées à la psychanalyse et aux patients du héros. 

[...] La mère de Mr. B. s'était ouvert les veines dans son bain. Son mari avait découvert son corps lorsque l'eau ensanglantée avait passé sous la porte. Après avoir fermé le robinet, il avait trouvé son fils en bas, dans la cuisine, et lui avait annoncé laconiquement : Ta mère est morte. Après quoi il l'avait enfermé dans sa chambre, où le gamin était resté assis pendant des heures. Les adultes lui avaient menti au sujet de la mort de sa mère, même si "le coeur" avait constitué une métaphore efficace pour ce dont avait souffert la mère de Mr. B. Tant de mutisme.

On aurait peut-être préféré se concentrer sur la belle histoire du frère et de la soeur à la recherche de leur père, de la mémoire de leur père, quitte à ce que ce soit dans des rêveries ...

[...] Il portait les lunettes à monture sombre dont je me souvenais depuis mon enfance, et je m'approchais de lui. "Pappa ?" Il se mettait à parler de notes en bas de page, mais j'avais de la difficulté à suivre ce qu'il disait et sa voix paraissait venir de loin, comme d'une autre pièce, en dépit du fait que son visage sans rides se trouvait proche du mien et paraissait étrangement agrandi. Il n'y avait pas de bonbonne d'oxygène près de lui, pas de cicatrice due au cancer sur son nez, pas d'appareils auditifs dans ses oreilles. Sa jambe gauche n'était pas raide. Il viellit sous mes yeux. Mon vieux père remplaçait le jeune homme. Les lunettes qu'il portait devinrent les lunettes à monture d'acier que je lui avais vues les derniers temps, son visage se couvrit de rides profondes. Je vis la marque violacée sur le côté droit de son nez, là où les chirurgiens lui avaient greffé de la peau de son crâne afin de réparer les Siri Hustvedtdégâts résultant de l'opération par laquelle ils lui avaient extirpé le mal. Il sourit.

"Père, lui dis-je. N'es-tu pas mort ?

- Si", répondit-il, penché en avant, les bras tendus vers moi.  

Siri Hustvedt est plus connue pour l'un de ses livres précédents : Tout ce que j'aimais, que les lecteurs semblent avoir préféré à ce dernier. Il a donc fallu qu'on le lise également !


 Pour celles et ceux qui aiment les tourments.
Comme pour «monsieur», c'est Actes Sud qui édite ces 394 pages qui datent de 2008 en VO et qui sont traduites de l'américain par Christine Le Boeuf.
Guillaume en parle longuement. D'autres avis sur Critiques libres.
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