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On A Tout Archivé

21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 14:03

Critikat en parle


La leçon de cinéma (épisode 2)

Après Inglorious Basterds en 2009, Tarantino continue de ré-écrire l'Histoire.

D'emblée, dès le générique(1), Tarantino plante son décor historique et social : on va parler d'esclavage.

Et s'il y a trois ans, quelques tabous européens sur les nazis dérangeaient encore, il n'en n'est rien ici puisque Tarantino s'attaque aux années sombres de l'Histoire US, lorsque l'esclave noir était monnaie courante, si on peut dire(2).

Nous voici donc projetés juste avant la Guerre de Sécession(3), et naître noir à cette époque c'était les emmerdes assurées. Autant prévenir : Django unchained est un film dur et violent, même si c'est du cinoche à la Tarantino. On ne parle pas des giclées d'hémoglobine de plus en plus artistiquement déposées qui depuis longtemps ne font plus peur à personne(4), on passe sur les sévices infligés aux esclaves noirs (brrr...), mais QT sait toujours trouver les ressorts qui feront encore sursauter le spectateur blasé, comme lors de la fusillade dans la grande maison : les coups de feu sur les blessés tombés au beau milieu du carnage sont une ‘jolie’ trouvaille !

Bref, on ferme souvent les yeux, comme toujours avec QT(5) ! Mais sur 2h40 de film, ça laisse encore du temps pour apprécier le spectacle ! D'autant qu'on ne s'y ennuie pas une seconde et que ces presque trois heures sont assurément le grand moment de cinéma de ce début d'année.

Indiscutablement, la réussite du film vient des deux personnages clés : le Dr Schulz (impayable Christoph Waltz(6)), un allemand devenu chasseur de primes qui s'associe avec Django l'esclave noir rebelle (Jamie Foxx).

Les dialogues sont comme toujours avec QT, taillés au cordeau, un régal pour l'esprit, aussi soignés que les images (un régal pour les yeux) et que la musique (un régal pour les oreilles). Et quand les mots ne suffisent plus, ce sont les balles qui fusent.

Car sous des dialogues policés et mondains, couve une tension d'une violence incroyable(5).

Heureusement l'humour n'est jamais bien loin et permet de souffler un peu : comme avec cette scène déjà devenue culte où les membres d'un proto-KKK(7) se plaignent de leurs cagoules où les trous ne tombent pas en face des yeux. On a beau être prévenu, on a beau avoir déjà entendu certaines répliques, on se retrouve plié de rire sur son fauteuil comme toute la salle. Qui a parlé de tabous ?

Ah bien sûr, on peut dire qu'avec ce film à gros budget, Tarantino permet à son héros(8) et à ses compatriotes de se racheter à bon prix une bonne conscience(2). Mais beaucoup de  choses sont quand même dites sur l'esclavage et sur la bêtise de ces fermiers sudistes (trop bêtes et trop méchants ? sans doute, oui) que l'allemand Christoph Waltz semblent trouver plus sauvages que leurs propres esclaves noirs.

Et puis surtout, avec ces deux films sur l'esclavage, sortis au moment même où leur président noir prête serment pour la seconde fois, ces étranges américains n'en finissent pas de nous étonner ...

Alors dans une dernière pirouette cabotine, Tarantino nous rappelle que tout cela n'est que du cinoche, mais du grand cinoche, et qu'il nous demande juste d'applaudir lors du feu d'artifice final.

Ce que l'on fait volontiers : Tarantino est l'un des rares (le seul ?) grands cinéastes d'aujourd'hui (car Spielberg et son prochain Lincoln, c'est quand même la génération précédente !).

    

(1) - même réaction qu'au générique d'Inglorious Basterds - quelques images, quelques notes de musique et l'on se cale dans son fauteuil, assuré de passer un grand moment de cinéma

(2) - ces pages-ci de l'Histoire américaine dérangent moins le public européen puisque chacun sait que les bateaux des négriers ne partaient ni de Liverpool, ni de Nantes ou de La Rochelle.

(3) - le film de Tarantino est un peu le prélude au Lincoln de Spielberg qui est lui aussi, attendu avec impatience

(4) - et QT sait (nous faire) prendre tout cela au second degré comme avec ces cadavres brutalement projetés ou tirés en arrière tels des marionnettes

(5) - c'est ce qu'on disait déjà avec Inglorious Basterds

(6) - souvenez-vous du colonel Landa d'Inglorious Basterds ! On retrouve d'ailleurs ici quelques jeux de langue(s) avec l'allemand

(7) - dix ans seulement avant la naissance du vrai Ku Klux Klan : Tarantino prend des libertés modérées avec l'Histoire

(8) - dans le film, Christoph Waltz déboursera 12.000 $, les producteurs du film sont eux, montés jusqu'à cent millions de $


Pour celles et ceux qui aiment qu'on leur fasse du cinoche.
L'avis de Critikat.

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 09:46

Critikat en parle


Tallinn - Paris, aller simple.

Premier film très réussi de l'estonien Illmar Raag que cette Estonienne à Paris.

À l'opposé des effets de modes, il nous raconte l'histoire toute simple de trois personnages : Jeanne Moreau une vieille dame (une ancienne estonienne) à Paris, au passé sulfureux et à la beauté fanée (un rôle qui lui va donc à ravir), Patrick Pineau dont on ne vous dévoile pas les liens qui l'unissent à la vieille dame ronchon et grognon et enfin, la lumineuse Laine Mägi, une autre estonienne donc (une vraie), que Patrick Pineau fait venir de Tallinn à Paris pour s'occuper de Lady Moreau.

Ces trois-là tissent d'étranges relations, tout en non-dit, que l'on vous laisse découvrir.

Ce triangle fait tout le charme de ce petit film où il ne se passe presque rien mais où beaucoup de choses sont évoquées : les amours passées ou à venir, la vieillesse, la solitude ...

Ah, et puis un quatrième personnage : Paris, bien sûr ! puisque tout se passe dans un autre triangle, entre l'appartement de Lady Moreau, le bistrot de Patrick Pineau et ... la tour Eiffel.

On est ravis de revoir Jeanne Moreau et ravis de découvrir Laine Mägi.


Pour celles et ceux qui aiment les vieilles dames.

Critikat en parle, toujours très sévère et Pascale n'est pas du tout d'accord avec nous.

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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 09:11

Critikat en parle


Pêche à l'homme.

En souvenir du mémorable Bombon El Perro, on ne pouvait pas laisser passer l'occasion de retrouver l'argentin Carlos Sorin : nous voici donc repartis pour quelques Jours de pêche en Patagonie.

La Patagonie est une terre plate et désolée, battue par les vents et les flots, sillonnée de longues routes désertes, une terre de passages terrestre et maritime.

Le bout du monde, celui des anciens, plat avec le bord.

Dans ce décor insipide, quelques lieux incolores : une cafétéria, un couloir d'hôpital, une salle des fêtes, ...

Dans le film de Carlos Sorin, tout le monde vient d'ailleurs et se retrouve là, de passage, pour quelques jours ou pour quelques années.

Sur cette lande sans relief, dans ses lieux sans âme, il n'y a que les hommes. Et Carlos Sorin sait les filmer comme personne : des personnages plutôt quelconques, franchement ordinaires, pas réellement beaux, pas vraiment intéressants, ... mais à la deuxième apparition nos lèvres s'écartent en large sourire, on se dit chic ! et on voudrait s'asseoir là avec eux sur une chaise en plastique inconfortable et blablater pendant quelques jours ou quelques années. Quelle empathie et quelle humaine gentillesse baignent ce film lent qu'on voudrait voir durer encore quelques heures pour profiter encore et encore de ces regards, de ces sourires.

Le personnage principal est, comme tout le monde ici, de passage.

Homme ordinaire, il vend des roulements à billes(1).

Son passé se dévoile par petites touches au fil des images : ex-alcoolique, ex-marié, ...

Officiellement il est venu passer quelques jours pour la pêche au requin. Il est surtout venu retrouver sa fille qui s'est éloignée de lui, depuis plusieurs années.

C'est un peu la pêche au passé, quelques petites prises de ci, de là, mais pas plus de gros requin qu'en mer.

La pêche à une certaine idée de sa fille ou plutôt à une nouvelle idée de lui-même ...

Le film est tout en ellipses, drames et sentiments seulement suggérés, jusqu'à la très belle fin.

Et dans la famille Sorin, on veut bien aussi le fils, Nicolas Sorin, qui signe une très belle musique (c'est ici chez nous, pas facile à trouver sur le ouèbe) digne des films japonais orchestrés par Joe Hisaishi.

Histoire de commencer l'année du bon pied, même si Alejandro Awada (le personnage principal) n'a pas le pied très marin !

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(1) - le personnage de Bombon El Perro vendait des couteaux ...


Pour celles et ceux qui aiment les bons sentiments.

Critikat en parle, toujours très sévère.

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 07:23

Critikat en parle


Que les Lumières soient ...

À l'heure où 2013 et notre XXI° siècle semblent s'ouvrir sur des horizons de moins en moins éclairés, voici un film salutaire qui nous conte comment le siècle des Lumières connut lui aussi des moments difficiles : Royal Affair du danois Nikolaj Arcel.

Un film qui nous change utilement des thrillers 100% actuels et des comédies 100% contemporaines, puisque nous voici projetés au XVIII° siècle, au Danemark et avec des acteurs quasiment inconnus(1) : c'est dépaysant.

L'histoire sort des manuels d'Histoire ... danois : quelques années trop tôt avant la révolution qui fit trembler l'Europe, la jeune épouse (anglaise) du jeune Roi du Danemark (Christian VII) s'amourache du médecin de la cour, un allemand qui lit Voltaire et Rousseau. Le jeune Roi Christian, écrasé par les devoirs d'une charge qu'il n'a pas choisie, supporte mal la pression de la cour et joue au fou(2). Tous trois vont secouer la cour et tenter de faire passer quelques réformes salutaires car en ce temps-là il y avait quelque chose de pourri au Royaume du Danemark(3) comme à beaucoup de cours européennes.

On ne vous raconte pas la suite (disponible dans tout livre d'Histoire ... danois) pour préserver un peu de suspense, mais tout l'intérêt du film tient dans la destinée de ces trois-là qui, un peu avant l'heure, voulaient allumer quelques lumières dans le ciel danois ...

Pour toutes ces raisons (acteurs et exotisme danois, costumes et châteaux d'époque, prémisses difficiles des révolutions, ...), le film de Nikolaj Arcel est très certainement le film de Noël à voir et Véro fut de très bon conseil !

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(1) - MAM est absolument persuadée d'avoir déjà vu Mads Mikkelsen au ciné, mais elle est manifestement sous le charme de sa belle gueule et ça m'étonnerait qu'elle se souvienne réellement de son apparition fugace dans Casino Royale.

(2) - même s'il n'a pas la gueule de Mads Mikkelsen, il faut saluer la prestation de Mikkel Boe Folsgaard qui réussit à donner beaucoup de crédibilité à ce rôle difficile et qui incarne un trop jeune roi partagé entre vraie folie et faux-fuyants.

(3) - la citation de Shakespeare est habilement éludée


Pour celles et ceux qui aiment les costumes d'époque.

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 08:07

Le Monde en parle


La crise (re et re).

Encore la crise ... et c'est sûrement pas fini.

Arbitrage, c'est un peu Margin Call(1) côté famille, un peu la version comédie ou tragédie hollywoodienne.

Avec des stars : Richard Gere et Susan Sarandon, viellissantes comme on les aime.

Richard Gere est impérial en vieux lion des affaires, à croire que ce rôle n'attendait que lui et ses 63 ans.

La première partie du film nous le montre en vieux beau, impeccable, élégant, puissant, aux commandes d'une grosse affaire et d'une grande famille, on l'aime.

Puis on l'aime moins (on vous racontera pas).

Puis on l'aime encore moins, voire plus du tout.

Les masques tombent : la scène de ménage avec Susan Sarandon (toute en demi teinte), chacun de son côté du lit matrimonial aux draps de soie, est magistrale. Ces deux là étaient faits pour cette scène là.

Son affaire part en ..., ses histoires d'amour partent en ..., sa famille part en ..., tout part en ...

Le vieux lion, habitué à tout monnayer depuis American Gigolo et Pretty Woman, tente de résister dans la tempête financière et personnelle qu'il a lui même semée.

À demi patriarche, à demi tyran.

Après une mise en situation un peu rocambolesque, le film se faufile habilement entre thriller et comédie de moeurs et vaut surtout pour sa fin tout à fait immorale : les masques sont tombés mais la fête continue et chacun continue de faire bonne figure.

C'est ça la crise chez les riches.

Face aux riches, deux ou trois personnages dont Tim Roth, intéressant lui aussi en flic teigneux, façon pittbull.

Monté comme un polar, tout l'intérêt du film est de nous balader entre ces différentes postures : Richard Gere est agréable et suscite l'empathie ... sauf lorsqu'on se met à le haïr, Tim Roth est acharné au-delà du raisonnable ... mais on voudrait bien qu'il réussisse, Susan Sarandon est effacée ... jusqu'à tirer habilement son épingle du jeu, etc. Tout est en clair-obscur, parce que tout le monde est compromis et que la fête continue et qu'il faut toujours et encore faire bonne figure.

Alors arbitrage ? Et bien la recommandation de l'agence de notation BMR&MAM sera “titre sous-évalué, acheter”.

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(1) - il est d'ailleurs fait allusion au fameux "margin call"


Pour celles et ceux qui aiment les vieux lions.

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 07:37

Le Monde en parle


Fin du rêve américain.

Il y a eu l'assaut terroriste du 11 septembre, il y a eu l'assaut des éléments avec Katrina, mais c'est miné et sapé de l'intérieur, que le rêve américain s'est écroulé avec la faillite des banques et la crise des subprimes. Fin de la récré.

Le film d'Andrew Dominik s'ouvre (et se déroulera) dans des décors désolés et désolants : parkings ventés où volent les ordures, ponts autoroutiers déserts, rues pluvieuses, c'est la fin du monde. La fin du rêve américain.

Dans ce décor flippant, deux ou trois petites frappes, des loosers égarés entre deux séjours en taule, vont rafler la mise dans un tripot clandestin.

Le syndicat du crime n'entend pas laisser l'affaire impunie et Cogan (Brad Pitt) est chargé de remettre un peu d'ordre. À sa manière(1) puisque Cogan n'aime pas mettre du sentiment dans ce genre d'affaires (ça braille, ça supplie, ça se pisse dessus, ...) et préfère les tuer doucement (Killing them softly), de loin.

Le casse du tripot clandestin a mis à mal les affaires de la mafia et même dans le crime c'est la crise : Cogan devra négocier âprement ses tarifs.

Cette crise omniprésente est la toile de fond de cette toile et tout au long du film on écoute (télé, radio) des extraits des discours de la campagne d'Obama. L'Amérique est un seul pays, un seul peuple nous dira Obama quand Brad Pitt reprendra : L'Amérique n'est pas un pays, c'est un business.

Construit autour de dialogues à haute tension(2), où le cinéphile averti pourra redécouvrir toutes les subtiles déclinaisons du mot fuck, le film est noir. Ou plutôt gris foncé, c'est encore pire.

Aucun des personnages ne peut prétendre allumer une lueur d'avenir ou même d'espoir : les loosers à l'initiative du casse se shootent à qui mieux mieux et n'ont rien trouvé d'autre que des chiens à trafiquer, le patron du tripot avait déjà simulé son propre braquage auparavant, l'avocat mafieux qui commandite le règlement de comptes ressemble plus à votre agent d'assurance qu'au parrain, et le collègue de Cogan picole tellement que Brad Pitt doit se taper tout le boulot, ...

À la télé, la campagne électorale bat son plein : c'est la faillite du monde bancaire en particulier, du monde de l'argent et donc du monde américain en général. Et dans la rue tout fout le camp.

Rien de trépidant (à part le passage à tabac très violent de Ray Liotta) dans ce thriller qui n'en n'est pas vraiment un.

Le film souffre de quelques maladresses, quelques effets répétitifs, quelques ralentis un peu appuyés, quelques longueurs (la scène du shoot par exemple), mais globalement on se laisse imprégner par la grisaille ambiante jusqu'à faire sien le regard désabusé (le mot est faible) de Brad Pitt et Andrew Dominik sur les États-Unis des années 2010 : c'est l'Amérique post-subprimes.

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(1) - c'est presque le titre du bouquin original qui date de 1974 : L'art et la manière, de George V. Higgins

(2) - dialogues apparemment fidèles au bouquin


Pour celles et ceux qui aiment les tueurs désabusés.

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 07:23

Nico en parle


Au commencement était l'Iran.

La mode est aux histoires inspirées d'histoires vraies, si possible avec de l'Histoire dedans.

Argo (de Ben Affleck) en rajoute encore avec tout ça, et en plus le film dans le film(1).

En 1979, l'Iran connaissait l'une de ses révolutions(2), trente ans avant d'autres pays de l'islam.

Les États-Unis étaient, as usual, voués à la vindicte populaire et quelques ressortissants US trouvaient refuge chez l'ambassadeur canadien.

La CIA se chargera de les exfiltrer avec une opération rocambolesque, maquillée en vrai-faux tournage de film (même Hollywood s'y était laissé prendre), une histoire à peine crédible, impensable comme scénario de film, ... sauf qu'elle est vraie.

Voilà, de toute façon on sait déjà tout, c'est le propre des histoires vraies mais Ben Affleck arrive à créer et entretenir la tension crescendo, tout en nous promenant dans les bureaux de la CIA ou les couloirs du gouvernement, dans les studios d'Hollywood et bien sûr dans le bazar iranien : Téhéran est plutôt bien filmée(3), ville sous haute tension, manifestations de rues anti-US, traîtres pendus aux grues, foule à l'assaut de l'ambassade US, brrrrr....

Ce qui mérite le détour par ce film, c'est la reconstitution minitieuse de l'époque (costumes, coiffures, ...) et de cet épisode peu glorieux de la géopolitique états-unienne.

Il y est clairement expliqué que les faucons US jouent depuis des années avec le feu : à peine en ont-ils fini avec ce Shah qu'ils avaient installé sur le trône iranien que les voici déjà en train d'armer les talibans en Afghanistan.

On connaît mieux la suite mais Ben Affleck nous ramène à la genèse de tout ce foutoir ...

Ça se laisse regarder sans déplaisir et la leçon est salutaire, avant que l'Iran ne retrouve bientôt le devant de la scène géopolitique.

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(1) - en guise de pré-générique on a même droit à un résumé de l'Histoire de l'Iran sous forme de story-board !

(2) - après un bref épisode démocratique, si, si, Ben Affleck nous le rappelle !

Ce que Ben Affleck ne dit pas c'est que Khomeiny qui prendra le pouvoir, rentrait de France où il était en exil !

(3) - tournage (celui du vrai film) à Istanbul nous dit-on


Pour celles et ceux qui aiment les beaux bruns ténébreux des années 70.

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 08:07

Pop&Film en parle


L'amour à la machine.

Comédie romantique ou conte de Noël, voici Populaire de Régis Poinsard(1) avec Romain Duris (qui joue Romain Duris) et surtout l'éclatante, la ravissante, la charmante, la [stop] ... Déborah François qui joue une sympathique jeune femme de province (papa est épicier dans un bled à côté de Lisieux(2), c'est dire ...) qui ne rêve, comme toutes les jeunes filles de 1959, que de devenir “moderne”.

Telle Cendrillon, la jeune Déborah Fançois va être repérée par le prince charmant qui saura détecter en elle une maladresse notoire pour les tâches de secrétariat et une adresse vertigineuse pour taper à la machine.

Ce Pygmalion va tenter d'en faire une championne puisque, bien avant la Formule I, les firmes concurrentes (le franc-comtois Japy, l'américain IBM) se faisaient la course pour doper leurs ventes de machines.

Alors qu'est-ce qui fait le charme irrésistible de ce film (à part Déborah François) ?

Ce n'est peut-être pas le contexte historico-économique de ces machines, avant-garde de l'armée de claviers qui a désormais envahi notre quotidien(3).

Ce n'est peut-être pas la nostalgie de la fin des années 50(4).

Ce n'est peut-être pas l'histoire d'amour entre la gentille secrétaire et l'assureur prétentieux.

Mais c'est assurément la fraîcheur et la simplicité du film, de son histoire, de son actrice, et l'intelligente et charmante auto-dérision qui baigne tout cela(5) : on sourit (et on rit) du début à la fin, emporté par le rythme, l'effronterie ingénue de Déborah François ... et la course folle des touches de ces merveilleuses machines à écrire ...

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C'est aussi un film pour tous les parents qui vivent dans l'angoisse et la crainte de voir leur prochain nouveau-né apparaître avec des pouces hypertrophiés, préfigurant ainsi la future race des Blackberrius Hominus : en effet, le film montre dans les années 60, les derniers Homo Sapiens se peindre les ongles de différentes couleurs assorties à celles du clavier, pour apprendre à taper plus vite. Mais la génétique et l'histoire auront bientôt raison de ces vaines et dérisoires tentatives de survie.

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(1) - dont c'est le premier film !

(2) - seul événement notable depuis sainte Thérèse : le débarquement américain ...

(3) - évidemment, MAM & BMR ont grandi avec ces machines, bientôt dépassées par la race supérieure des machines IBM à boule avant que ne surviennent les Olivetti à écran et mémoire. Mais tout cela c'était bien avant le terminator et le traitement de texte.

(4) - même si on a joué à reconnaître les objets ou les meubles : ô tiens, là, la cocotte jaune sur la table, j'ai eu la même !

(5) - à commencer par le titre du film


Pour celles et ceux qui aiment les années 60.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 13:49

Playliste en parle


Si j'avais un bateau.

C'est le nom de l'islandais Baltasar Kormákur qui nous a accroché.

C'est à lui qu'on devait l'excellente adaptation cinéma du polar de Arnaldur Indridason, la Cité des Jarres.

Et sachant que Kormákur avait déjà réalisé une première version islandaise de son histoire, on se disait que ce film-ci devait assurément être de la bonne came et pas de la marchandise frelatée.

Kormákur est un fidèle d'ailleurs puisque l'histoire (inédite en français) est également signée Indridason. Cette fois on a droit à un show à l'américaine et le scénario a été transposé de la Mer du Nord au Canal de Panama.

À la Nouvelle-Orléans, Mark Wahlberg s'est rangé des bateaux et des voitures et il a monté sa petite affaire dans la banlieue, depuis que papa est en prison. Mais le jeune frère de Madame a fait des conneries et Wahlberg est obligé de reprendre du service : on ne renie pas sa famille, surtout quand on est contrebandier de père en fils.

http://carnot69.free.fr/images/contraband.jpgRevoici donc notre héros qui embarque à bord d'un porte-conteneurs pour le Panama tandis que Madame et les enfants sont menacés par les vilains.

La première partie du film est plutôt habile : Kormákur nous y donne sa lecture de la région, industrielle et sombre, inquiétante et oppressante, rien à voir avec les clichés habituels sur le bayou (clichés qui termineront le film d'ailleurs). Le film est mené à vive allure (même un gros cargo ça peut aller trop vite, si, si !) et l'adrénaline fait monter la tension.

L'autre intérêt du film tient dans la description de ce milieu tout à fait méconnu de la MarMar et de ces gros porte-conteneurs (et de la contrebande qui vogue avec) qui sillonnent pour nous les mers du globe. On en vient à se demander comment font les douanes pour trouver des candidats à recruter ! Quel boulot !

Pour le reste, le show à l'américaine est au rendez-vous : affreux vilains, course-poursuite, traitres et rebondissements, fusillades et bastons, tout y est.

La seule surprise vient d'une toile de Pollock qui est hold-upée au Panama : les bandits en ignorent la valeur et ils l'utilisent comme bâche pour recouvrir leur marchandise ! La « bâche » vaut juste dix fois plus cher que la came !

Morale de l'histoire : les contrebandiers américains n'ont aucune culture mais cela ne les empêchera de finir heureux au bord de la mer en regardant les pélicans.

Morale de cette morale : les douaniers US ont encore moins de culture que les bandits et donc bien mal acquis profite parfois un peu quand c'est par des bandits-moins-vilains-que-d'autres-méchants-encore-plus-affreux (là on a le droit, surtout quand c'est le beau, fort et musclé Mark Wahlberg qui tient le rôle du bandit-moins-vilain-que-les-autres-méchants-encore-plus-affreux).


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de gros bateaux.

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 09:13

Le Monde en parle


Le médecin malgré elle.

Il est des pays où l'on ne peut être heureux : dans les années 80 (c'était hier à peine), la RDA était de ces pays-là et s'enfonçait inexorablement dans une obscurité moyen-âgeuse, on se souvient bien entendu de la Vie des autres.

La vie des autres, il en est encore beaucoup question ici avec cette très belle histoire qui se passe dans une petite bourgade de province, bien loin de la capitale berlinoise.

Barbara, médecin d'un hôpital prestigieux de Berlin, mais soupçonnée de fricoter avec l'ouest pour quitter son beau pays, se retrouve exilée et surveillée dans ce bled paumé au bord de la Baltique.

Elle y rencontre André, autre toubib également relégué dans ce village perdu pour y tenir une petite clinique. D'André on ne sait trop s'il a fauté lui aussi et se retrouve politiquement incorrect ou s'il est là pour mieux surveiller la belle berlinoise. Car Barbara est attendue à l'ouest et son amant l'aide à préparer en secret son exfiltration.

Mais il serait dommage de résumer le film à cela car au-delà du contexte socio-politique de l'époque, ce film est avant tout une histoire d'amour, l'histoire d'une femme. Et une histoire de médecin(s).

Dans cette RDA des années 80 on est prêt à tout pour échapper à son destin : on s'évade des camps d'éducation socialiste, toutes les semaines s'il le faut, on se jette par les fenêtres au besoin.

Et même la Stasi y est gagnée par le cancer, c'est dire s'il fait bon y vivre !

Alors vaille que vaille, avec les moyens du bord, les médecins essaient de panser les âmes ...

Il n'y a pas vraiment de suspense et on comprend vite ce qui attend notre belle Barbara (Nina Hoss, superbe) : ses rêves de l'ouest où l'attend un bel, libre et riche amant resteront des rêves, au-delà des mers.

http://carnot69.free.fr/images/nina hoss.jpgOn regrette un peu les escapades avec l'amant de l'ouest qui aurait gagné à rester au loin, simplement évoqué par quelques paquets de cigarettes : Christian Petzold, le réalisateur, se montre parfois trop explicite.

On regrette un peu que les patients soignés par Barbara et André soient triés dans le catalogue au point de presque caricaturer la juste cause médicale : les bons sentiments de Christian Petzold, sont parfois un peu maladroits.

Mais on aime bien le rythme lent du film, linéaire, qui nous laisse nous imprégner de cette vie d'exil en province battue par les vents de la Baltique, si proche et si inaccessible, et on aime bien les regards échangés qui en disent beaucoup plus que les dialogues : Christian Petzold sait filmer les lieux et les gens.

Il est des pays où l'on ne peut être heureux, mais comme dans tous les pays, il est des vraies gens qui y vivent. Barbara et André étaient en RDA en 1980.


Pour celles et ceux qui aiment les médecins de campagne.

Le Monde en parle très bien.

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